Charge de travail : les directions nous poussent à l’erreur de soins

4 octobre 2020
"Les soignants sont fatigués physiquement et psychologiquement avec la vague COVID19. Lorsqu’on vous oblige à revenir sur vos jours de repos, à enchainer les gardes de l’après-midi avec celles du matin, on vous pousse à l’erreur", déclare Thierry Amouroux, le porte parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC. "Travailler 12 heures de suite avec une grande concentration, c’est un véritable problème, et les études montrent que les erreurs de soins augmentent après la dixième heure."
Dans un contexte où la surcharge de travail comme le manque de personnel se fait ressentir dans de nombreux services, on note une augmentation des erreurs médicales. Elles sont principalement traitées en interne au sein des établissements, où l’on fait la part entre le manquement professionnel personnel et ce qui imputable à une charge de travail excessive.
Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC conseille aux soignants d’être vigilants, en signalant préventivement les situations difficiles qui peuvent déboucher sur un incident, par une fiche d’alerte lors de chaque situation difficile, pour prévenir par écrit l’administrateur de garde, et les élus du CHSCT d’une situation dangereuse.
Le manque de personnel, de moyens, de repos et d’un cadre de travail correct peut devenir source d’erreur pour n’importe quel soignant. L’infirmière est sans cesse sur le qui-vive, parce qu’à coté des soins à faire, il faut répondre au téléphone, aux patients, aux familles, prendre des rendez-vous, chercher les résultats d’examens, brancarder, commander du matériel, aller chercher des médicaments à la pharmacie, demander au service technique de faire une intervention, envoyer du matériel en maintenance ou réparation, etc.
Le SNPI CFE-CGC incite également les infirmiers salariés qui ne l’ont pas encore fait à prendre sans tarder une assurance "responsabilité civile professionnelle" (déjà obligatoire pour les libéraux), car il est préférable de disposer de son propre avocat qu’être défendu par celui de l’établissement pour éviter, dans des litiges, les conflits d’intérêt.
Dans les prochaines semaines, nous savons que la pénurie infirmière va s’aggraver, il convient donc de réagir en professionnels pour prévenir les risques.
Si néanmoins un patient a été victime d’un accident ou d’une erreur au cours d’un soin, signe des temps, la HAS, Haute Autorité de Santé, a élaboré un guide d’accompagnement pour vous aider, le « Guide d’annonce d’un dommage associé aux soins » : http://www.syndicat-infirmier.com/Guide-HAS-Annonce-d-un-dommage.html
Plus d’informations :
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