Euthanasie : les professionnels relancent le débat
8 mars 2007
2.134 infirmiers et médecins déclarent avoir pratiqué l’euthanasie active et réclament une réforme législative sur le sujet, dans un manifeste publié par le Nouvel Observateur en mars 2007.
Le texte de l’appel :
"Nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir..."
"Parce que, de façon certaine, la maladie l’emportait sur nos thérapeutiques, parce que, malgré des traitements adaptés, les souffrances physiques et psychologiques rendaient la vie du patient intolérable, parce que le malade souhaitait en finir, nous, soignants, avons, en conscience, aidé médicalement des patients à mourir avec décence.
Tous les soignants ne sont pas confrontés à ce drame, mais la majorité de ceux qui assistent régulièrement leurs patients jusqu’à la mort, utilisent, dans les circonstances décrites, des substances chimiques qui précipitent une fin devenue trop cruelle, tout en sachant que cette attitude est en désaccord avec la loi actuelle.
Des améliorations ont été apportées par les textes législatifs d’avril 2005 (loi Leonetti) mais elles sont insuffisantes. Les récentes mises en examen de médecins et d’infirmières ayant aidé leurs patients à mourir prouvent que la loi est toujours aussi répressive et injuste car en décalage avec la réalité médicale.
Aussi nous demandons :
l’arrêt immédiat des poursuites judiciaires à l’encontre des soignants mis en accusation ;
une révision de la loi dans les plus brefs délais, dépénalisant sous conditions les pratiques d’euthanasie, en s’inspirant des réformes déjà réalisées en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas ;
des moyens adaptés permettant d’accompagner les patients en fin de vie, quels que soient les lieux (domicile, hôpital, maisons de retraite) et les conditions de vie.
Il s’agit là, d’accorder à chaque personne, une singularité, une valeur absolue, qui se nomme, selon le préambule et l’article premier de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : la dignité."
lire l’article du Nouvel Observateur
Cet appel, une première en France, intervient à quatre jours de l’ouverture du procès aux assises de la Dordogne, lundi, de Chantal Chanel, une infirmière de 40 ans, et Laurence Tramois, un médecin de 35 ans. Elles sont accusées d’"empoisonnement" et encourent trente ans de réclusion criminelle pour avoir administré le 25 août 2003 à l’hôpital de Saint-Astier (Dordogne) une dose mortelle de chlorure de potassium à une malade atteinte d’un cancer du pancréas en phase terminale.
La législation française est très en retrait des législations hollandaise et belge, premiers pays au monde à avoir légalisé respectivement en 2001 et 2002 l’euthanasie "active" dans des conditions très strictes. En Suisse, le suicide assisté est légal mais pas l’euthanasie.