ONI : la tribune de 16 organisations infirmières

15 avril 2015

La suppression de l’Ordre National des Infirmiers (ONI) : un contre sens pour la sécurité des patients

Mais que s’est-il passé dans la nuit du jeudi 9 au ven­dredi 10 avril der­nier pour qu’une poi­gnée de dépu­tés s’auto­ri­sent à mépri­ser ainsi toute une pro­fes­sion de santé de 618.000 infir­miers ? Mais que s’est-il passé pour qu’ils mépri­sent ainsi 8 années de recher­che de la res­pon­sa­bi­li­sa­tion, en pre­nant la déci­sion de sup­pri­mer un Ordre pro­fes­sion­nel garan­tis­sant la déon­to­lo­gie de la pro­fes­sion d’infir­miers, dans un hémi­cy­cle qua­si­ment vide ?

Cette déci­sion montre l’inco­hé­rence de nos déci­deurs qui n’hési­tent pas à parler de qua­lité et sécu­rité des soins, mais qui pour autant sup­pri­ment un Ordre ayant voca­tion à défen­dre et garan­tir une pro­fes­sion au cœur de la pro­duc­tion de soins. Certes, l’ONI a ren­contré des dif­fi­cultés dans sa mise en place, mais a su réagir, et ce sont aujourd’hui plus de 168.000 infir­miers diplô­més d’Etat qui sont concer­nés.

Est-on en train de nous dire que notre future loi de santé et ses enjeux, qui d’ailleurs n’ont jamais autant fait débat (rap­pe­lez-vous la mani­fes­ta­tion du 15 mars), se jouent entre les mains de seu­le­ment 29 dépu­tés ? Il est vrai que la géné­ra­li­sa­tion du tiers payant n’en a mobi­lisé que qua­rante. Est-ce sérieux ? Au nom de quoi doit-on consi­dé­rer qu’une pro­fes­sion de santé n’a pas besoin d’Ordre ? Il repré­sente tout sim­ple­ment le deuxième Ordre pro­fes­sion­nel de santé sur les sept qui exis­tent en France. Pourquoi alors ne pas sup­pri­mer l’ordre des méde­cins ? Et pour­quoi avoir sup­primé les amen­de­ments concer­nant l’ordre des Masseurs Kinésithérapeutes et l’ordre des pédi­cu­res-podo­lo­gues, après le vote de sup­pres­sion de l’Ordre des Infirmiers ?

L’Ordre National des Infirmiers défend au quo­ti­dien la sécu­rité de tous, dans les hôpi­taux et cli­ni­ques tou­jours prompts à vou­loir employer du per­son­nel non diplômé, pour les payer moins. L’ordre se bat pour la sup­pres­sion de l’amen­de­ment 30 bis visant à auto­ri­ser à des per­son­nels non soi­gnants d’effec­tuer des actes inva­sifs et d’admi­nis­tra­tion de sub­stan­ces véné­neu­ses à des enfants et des ado­les­cents en dehors de tout contrôle par les pro­fes­sion­nels.
Voici un exem­ple concret qui montre que l’Ordre défend la sécu­rité des soins et le métier d’infir­mier. La même nuit, on vote sa sup­pres­sion.

Alors oui, disons-le haut et fort, cette déci­sion prise, alors même que le gou­ver­ne­ment s’y oppo­sait, res­sem­ble à un « mau­vais coup » ourdi par un quar­te­ron de repré­sen­tants du Peuple, pro­ba­ble­ment fati­gués, et qui n’ont pas com­pris le rôle et les mis­sions d’un Ordre pro­fes­sion­nel. Leurs argu­ments sont tout sim­ple­ment irres­pec­tueux de la pro­fes­sion d’infir­miè­res et d’infir­miers qui s’enga­gent chaque jour pour nous garan­tir des soins de qua­li­tés. D’autant que cer­tains dépu­tés ayant voté cette sup­pres­sion ont fait la preuve de la non mai­trise du dos­sier sur les réseaux sociaux par la suite.

En sup­pri­mant l’Ordre National des Infirmiers ce ne sont pas seu­le­ment les soi­gnants que l’on péna­lise, mais sur­tout les patients à qui l’on refuse l’accès à une pro­fes­sion com­pé­tente, auto­nome et res­pon­sa­ble, pro­di­guant des soins de qua­lité, dans des condi­tions sécu­ri­sées et enca­drées par une déon­to­lo­gie.

Supprimer l’Ordre c’est effec­tuer un retour de dix ans en arrière. Qui à pré­sent va garan­tir l’éthique et la déon­to­lo­gie enca­drées par l’Ordre ? L’Etat ? N’est-ce pas là le gage de l’entrée dans un régime de santé encore plus étatique où l’indé­pen­dance et l’auto­no­mie ne seraient plus d’actua­lité ?

Un grand nombre d’orga­ni­sa­tions pro­fes­sion­nel­les s’unis­sent pour expri­mer et faire enten­dre leur cons­ter­na­tion et appel­lent, main­te­nant, les séna­teurs à ne pas lais­ser passer cet amen­de­ment qui cons­ti­tue une véri­ta­ble régres­sion de l’assu­rance de qua­lité des soins.

 AEEIBO : Association des Enseignants et des Ecoles d’infir­miers de Bloc Opératoire
 AFDS : Association Française des Directeurs de Soins
 AFET : Association Française des Enterostoma-Thérapeutes
 AFIC : Association Française des Infirmier(e)s de Cancérologie
 ANPDE : Association Nationale des Puéricultrices (teurs) Diplômés et des Etudiants
 ANDEP : Association Nationale des Directeurs d’Ecoles Paramédicales
 ANFIIDE : Association Nationale Française des Infirmières et Infirmiers Diplômés et Etudiants
 ASI : Académie des Sciences Infirmières
 CEEPAME : Comité d’Entente des Ecoles Préparant aux Métiers de l’Enfance
 CEEIADE : Comité d’Entente des Ecoles d’Infirmiers Anesthésistes Diplômés d’État
 CEFIEC : Comité d’Entente des Formations Infirmières et Cadres
 CIF : Collège Infirmier Français
 CNI : Coordination Nationale Infirmière
 SIDERAL Santé : Structure Inter Disciplinaire Et Regroupement d’Acteurs Libéraux de Santé
 SNPI : Syndicat National des Professionnels Infirmiers
 UNAIBODE : Union Nationale des Associations d’Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d’Etat

Appel repris par la presse :
 http://www.lex­press.fr/actua­lite/societe/sante/la-sup­pres­sion-de-l-ordre-des-infir­miers-menace-t-elle-la-secu­rite-des-patients_1671702.html
 http://www.lepoint.fr/sante/sup­pres­sion-de-l-ordre-des-infir­miers-la-secu­rite-des-patients-mena­cee-15-04-2015-1921700_40.php

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