Vaccination H1N1 : les soignants en otages

16 novembre 2009

Contrairement au dis­cours du minis­tère, cer­tai­nes pré­fec­tu­res réqui­si­tion­nent des soi­gnants non volon­tai­res pour assu­rer le fonc­tion­ne­ment des cen­tres de vac­ci­na­tion H1N1.

Une infir­mière se doit de répon­dre aux besoins de santé de la popu­la­tion, et il faut donc réqui­si­tion­ner des non volon­tai­res lorsqu’il n’y a pas assez de monde. Mais est il pour l’ins­tant néces­saire de main­te­nir autant de cen­tres de vac­ci­na­tions, alors que la popu­la­tion n’est pas au rendez-vous, et que l’on désor­ga­nise les sec­teurs où l’on "pré­lève" des soi­gnants (éducation natio­nale, cadres for­ma­teurs en IFSI, étudiants en soins infir­miers,...) ? Au nom de la per­ma­nence des soins, les libé­raux rechi­gnent également à fermer leurs cabi­nets pour faire acte de pré­sence dans des cen­tres de vac­ci­na­tion pour le moment peu fré­quen­tés.

Ne risque t on pas de décou­ra­ger des volon­tai­res qui atten­dent ainsi des "deman­deurs de vac­ci­na­tion" qui ne vien­nent qu’au compte-goutte ? Notre admi­nis­tra­tion si forte sur "la mutua­li­sa­tion et l’effi­cience" ne devrait elle pas adap­ter le nombre de ces cen­tres, quitte à remon­ter en capa­cité en cas d’afflux de deman­deurs ?

Au vu des pre­miers effets secondai­res cons­ta­tés, ne convien­drait il pas, à l’exem­ple de ce qui se fait dans la majo­rité des pays, de recen­trer cette vac­ci­na­tion vers ceux dont le béné­fice/risque est indé­nia­ble, comme les per­son­nes pré­sen­tant des affec­tions chro­ni­ques (mala­dies car­dio­vas­cu­lai­res ou pul­mo­nai­res, trou­bles méta­bo­li­ques, mala­dies réna­les ou hépa­ti­ques, immu­no­sup­pres­sion mala­dies neu­ro­lo­gi­ques ou neu­ro­mus­cu­laire ou mala­die qui altè­rent l’immu­nité ou qui est pré­ju­di­cia­ble à la fonc­tion res­pi­ra­toire) ? L’obé­sité (avec une indice de masse cor­po­relle (IMC) 30) appa­raît également comme un fac­teur de risque.

Nous rap­pe­lons aux col­lè­gues que la réqui­si­tion est l’ordre per­son­nel et écrit de vous rendre dans un centre donné pour faire cette vac­ci­na­tion. Par contre, la déon­to­lo­gie et le res­pect des pra­ti­ques pro­fes­sion­nel­les pri­ment sur les consi­gnes admi­nis­tra­ti­ves : sur place, nul ne peut vous obli­ger à injec­ter un pro­duit que vous n’avez pas vous même pré­paré.

De même qu’un fonc­tion­naire n’a pas à obéir à un ordre illé­gal, un pro­fes­sion­nel réqui­si­tionné est en droit de refu­ser de faire une faute pro­fes­sion­nelle au pré­texte d’une cir­cu­laire qui envi­sage des pra­ti­ques dégra­dées au nom du nombre.

Dans son avis du 20 octo­bre 2009, le Haut Conseil de la Santé Publique recom­mande le res­pect des bonnes pra­ti­ques en soins infir­miers : la per­sonne qui pré­pare le vaccin est celle qui injecte le pro­duit (Avis rela­tif aux mesu­res d’hygiène pour la réa­li­sa­tion de la vac­ci­na­tion anti­grip­pale A(H1N1) pré­sen­tée en flacon mul­ti­dose).

Dans l’inté­rêt de nos conci­toyens, l’Ordre National des Infirmiers sous­crit à l’avis du HCSP et demande à ce que l’orga­ni­sa­tion des cen­tres de vac­ci­na­tion res­pecte, dans chaque dépar­te­ment, les bonnes pra­ti­ques pour assu­rer la vac­ci­na­tion « l’injec­tion vac­ci­nale doit être réa­li­sée immé­dia­te­ment et par le même opé­ra­teur ».

Au 16 novem­bre, seu­le­ment 6 % des agents de l’AP-HP se sont faits vac­ci­ner contre la grippe H1N1 (et plus de 10% au niveau natio­nal selon le Ministère).
Public ou privé, l’employeur ne peut vous obli­ger à vous vac­ci­ner contre la grippe H1N1. Même le minis­tère ne le peut pas : les arti­cles L 3111-1 et sui­vants du Code de la Santé Publique indi­quent que le Ministre peut énoncer des recom­man­da­tions de vac­ci­na­tion, mais que les obli­ga­tions de vac­ci­na­tion (dont le refus peut être sanc­tionné) appar­tien­nent à la Loi seu­le­ment. C’est assez logi­que, s’agis­sant d’un acte médi­cal. Or il n’y a pas de loi impo­sant cette vac­ci­na­tion.

Face aux pres­sions signa­lées, en cas de pro­blème avec un "supé­rieur" trop zélé, adres­sez vous à un res­pon­sa­ble syn­di­cal de votre établissement ou à l’ins­pec­tion du tra­vail, car son insis­tance relève de l’arti­cle 432-4 du Code Pénal :
Abus d’auto­rité avec attein­tes à la liberté indi­vi­duelle

Pour plus de détails :
- textes de réqui­si­tion : http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Vaccination-H1N1-textes-de.html
- abus d’auto­rité : http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Mon-employeur-peut-il-m-obli­ger-a.html

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