Assises pour une organisation rénovée du système de santé de ville

14 mars 2010

Communiqué de presse de la FNI

En matière de santé, le Président de la République place les acteurs du pacte social au pied du mur !

En écho à une pre­mière inter­ven­tion sur le sujet à Perpignan en jan­vier der­nier, le chef de l’Etat a réi­téré lors d’un récent dépla­ce­ment à Laon sa demande appuyée pour une mobi­li­sa­tion des acteurs de santé afin de pré­ser­ver notre sys­tème de cou­ver­ture sociale.

Dans la lettre ouverte qu’elle vient de lui adres­ser, la F.N.I confirme son sou­tien à la refon­da­tion dans la concer­ta­tion que le Président de la République a appe­lée de ses voeux.

En effet, notre sys­tème de santé connaît aujourd’hui une crise sans pré­cé­dent dans tous les regis­tres : sur le volet bud­gé­taire bien sûr, mais également en terme d’iné­ga­lité dans l’accès aux soins et de perte d’attrac­ti­vité très préoc­cu­pante pour les métiers de la santé.

L’ina­dé­qua­tion de notre sys­tème de santé, aggra­vée par un contexte de crise économique mon­diale, ne pourra être résor­bée par des solu­tions cen­trées autour des seuls établissements et struc­tu­res au détri­ment d’un exer­cice libé­ral coor­donné.

Au contraire, comme l’indi­quent désor­mais de nom­breux experts et obser­va­teurs, la solu­tion à un désen­gor­ge­ment de la sphère hos­pi­ta­lière et pour une santé équitable pour tous passe par une accé­lé­ra­tion des coo­pé­ra­tions inter­pro­fes­sion­nel­les vues sous l’angle du par­tage des com­pé­ten­ces des acteurs de la santé et du sec­teur médico-social.

L’évolution posi­tive des men­ta­li­tés des pro­fes­sion­nels de santé, com­bi­née à l’appui des tech­no­lo­gies d’infor­ma­tion, cons­ti­tue deux leviers sur les­quels il faut aujourd’hui capi­ta­li­ser pour réconci­lier l’économique et le social au béné­fice de nos conci­toyens.

La F.N.I, qui a demandé audience auprès du chef de l’Etat, recom­mande d’appuyer la volonté pré­si­den­tielle affi­chée en orga­ni­sant des « Assises pour une orga­ni­sa­tion réno­vée du sys­tème de santé de ville » aux­quel­les elle pro­pose d’asso­cier ses par­te­nai­res méde­cins de ville et phar­ma­ciens d’offi­cine, avec le concours des minis­tè­res impli­qués.

Paris, le 8 mars 2010

Objet : Lettre ouverte
Proposition d’Assises de la méde­cine de ville

Monsieur Nicolas SARKOZY
Président de la République

Monsieur le Président,

Lors d’une inter­ven­tion à Laon le 2 mars der­nier, vous avez sou­li­gné les très graves
dif­fi­cultés de notre sys­tème de santé, concer­nant entre autres la lente asphyxie des
hôpi­taux en dépit des moyens crois­sants que la col­lec­ti­vité leur consa­cre, et de
l’abné­ga­tion des per­son­nels.

Vous avez dans ce contexte appelé de vos voeux une réor­ga­ni­sa­tion de la méde­cine
libé­rale et une plus grande impli­ca­tion de ses acteurs dans la prise en charge des
patients en vue de sou­la­ger la sphère hos­pi­ta­lière.

En écho à cette demande, nous avons le plai­sir de vous confir­mer une très bonne
nou­velle : la reconfi­gu­ra­tion que vous appe­lez de vos voeux est d’ores et déjà à portée
de mise en oeuvre avec une frange impor­tante des acteurs de la méde­cine de ville,
s’agis­sant entre autres des 68.000 infir­miers en exer­cice libé­ral, deuxième cor­po­ra­tion
en nombre immé­dia­te­ment après celle des méde­cins.

Cette reconfi­gu­ra­tion urgente néces­site tou­te­fois une évolution de la car­to­gra­phie et de
l’orga­ni­sa­tion rela­tive des acteurs, que la mis­sion confiée à Monsieur Michel LEGMANN,
Président du C.N.O.M., doit pro­chai­ne­ment pro­po­ser. A cet égard, nous regret­tons que
ces tra­vaux por­tant sur la refon­da­tion de la méde­cine de ville, donc de l’ensem­ble des
acteurs de la sphère libé­rale, soient menés par une équipe d’experts exclu­si­ve­ment
com­po­sée de méde­cins.

Cette situa­tion sus­cite d’autant plus de per­plexité que vous avez, lors de l’annonce de
cette mis­sion le 13 jan­vier à Perpignan, avec une luci­dité que nous avions saluée,
nom­mé­ment cité le rôle essen­tiel des infir­miers et des phar­ma­ciens d’offi­cine dans une
orga­ni­sa­tion réno­vée de la méde­cine de ville.

Pour autant, bien que regret­tant cette comi­to­lo­gie de la « mis­sion LEGMANN » qui
exclut ces deux indis­pen­sa­bles caté­go­ries de pro­fes­sion­nels de santé, nous affi­chons
notre sou­tien plein et entier à votre ana­lyse expri­mée le 2 mars à Laon.

A cet égard et comme vous l’avez indi­qué, la grave ina­dé­qua­tion de notre sys­tème de
santé, tant sur le volet bud­gé­taire qu’en matière d’effi­cience et de qua­lité des pres­ta­tions
ser­vies à nos conci­toyens, conduit à un risque majeur de rup­ture du pacte social.

Ce risque ne pourra être endi­gué puis écarté tant que les réflexions condui­ront à une
orga­ni­sa­tion cen­trée, d’une part autour d’une logi­que de struc­tu­res, d’autre part autour
d’un rejet contre-pro­duc­tif de l’exper­tise des pro­fes­sions libé­ra­les autres que le seul
corps médi­cal. Isaac NEWTON n’a-t-il pas affirmé : « Les hommes cons­trui­sent trop de
murs, pas assez de ponts » ?

Nous, infir­miers libé­raux, nous décla­rons fin prêts à répon­dre à l’ambi­tion que
vous affi­chez pour nos conci­toyens par le jeu d’une pro­fonde refon­da­tion d’une
orga­ni­sa­tion de santé aujourd’hui iné­ga­li­taire et géné­ra­trice de déri­ves
bud­gé­tai­res inquié­tan­tes.

En effet, les infir­miers libé­raux se sont les pre­miers orga­ni­sés pour accueillir, sans
géné­rer de files acti­ves d’attente, les patients aujourd’hui diri­gés vers les
établissements, ou qui en sor­tent, en assu­rant une per­ma­nence et une conti­nuité des
soins dont les poten­tia­li­tés sont aujourd’hui lar­ge­ment sous-employées.
En outre, les infir­miers libé­raux - et notre Organisation est en pointe sur ce sujet aux
côtés des ins­ti­tu­tions de la gou­ver­nance et des indus­triels spé­cia­li­sés - sont très
impli­qués dans l’appro­pria­tion des tech­no­lo­gies de com­mu­ni­ca­tion.

Ces tech­no­lo­gies aujourd’hui dis­po­ni­bles peu­vent assu­rer, sous réserve qu’elles
béné­fi­cient d’une volonté poli­ti­que au plus haut niveau, une montée en puis­sance
rapide des coo­pé­ra­tions inter­pro­fes­sion­nel­les et du par­tage des com­pé­ten­ces à
légis­la­tion cons­tante, dans un envi­ron­ne­ment sécu­risé au ser­vice d’un bien-être
équitable pour tous nos conci­toyens.

Sur ces sujets, la F.N.I., pre­mière orga­ni­sa­tion pro­fes­sion­nelle au ser­vice des infir­miers
libé­raux, ne reven­di­que bien sûr pas le mono­pole des idées. Eussions-nous pris le
temps de nous y employer, ce cour­rier rédigé dans l’urgence de la situa­tion que vous
décri­vez avec per­ti­nence aurait à l’évidence pu être cosi­gné par une majeure partie des
repré­sen­tants syn­di­caux et ordi­naux de notre pro­fes­sion.

Concrètement et afin d’appuyer la dyna­mi­que que vous appe­lez de vos voeux,
nous pro­po­sons de tenir rapi­de­ment, sous votre haut patro­nage, des « Assises
pour une orga­ni­sa­tion réno­vée du sys­tème de santé de ville ». Ces assi­ses, que
nous pro­po­sons d’orga­ni­ser avec le concours des minis­tè­res impli­qués dans leur
réus­site, asso­cie­ront, sans exclu­sive, les trois prin­ci­paux acteurs du ser­vice de pre­mier
recours que vous avez clai­re­ment dési­gnés, à savoir les méde­cins, les infir­miers et les
phar­ma­ciens d’offi­cine.

L’attrac­ti­vité ter­ri­to­riale, l’adap­ta­tion de notre schéma sani­taire et médico-social, la
réponse équitable aux besoins de tous nos conci­toyens, ne peu­vent exis­ter sans une
mobi­li­sa­tion de l’ensem­ble des forces vives de la méde­cine de ville pour venir en aide à
une sphère hos­pi­ta­lière en grave danger.

Nous sommes à vos côtés pour mener la refon­da­tion que vous appe­lez de vos
voeux, pour la France et pour nos conci­toyens.
Dans l’attente de la suite que vous sou­hai­te­rez donner à notre pro­po­si­tion, et en nous
tenant prêts à vous ren­contrer, ou le Conseiller vers lequel vous sou­hai­te­rez nous
orien­ter,
Je vous prie de croire, Monsieur le Président, à l’assu­rance de ma très haute
consi­dé­ra­tion.

Philippe TISSERAND
Président de la F.N.I.

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