Avis CNPI : régulation accès PDSA et extension permanence des soins aux IDE

19 août 2024

La DGOS a sol­li­cité le 24 juin 20241 l’avis du CNPI sur le projet de décret en Conseil d’Etat rela­tif à l’orga­ni­sa­tion de la mise en place d’une régu­la­tion de l’accès à la per­ma­nence des soins den­tai­res et de l’exten­sion de la per­ma­nence des soins aux infir­miers diplô­més d’Etat et aux sages-femmes.

La loi du 19 mai 2023 por­tant amé­lio­ra­tion de l’accès aux soins par la confiance aux pro­fes­sion­nels de santé pré­voit dans son arti­cle 7 que les infir­miers et les sages-femmes ont voca­tion à concou­rir à la mis­sion de ser­vice public de per­ma­nence des soins. Dans le strict res­pect des com­pé­ten­ces de chacun, il convient de répon­dre à des deman­des régu­lées par les SAMU/Service d’Accès aux Soins (SAS) qui n’ont pas voca­tion à être prises en charge par un méde­cin. La loi du 26 décem­bre 2023 de finan­ce­ment de la sécu­rité sociale pour 2024, a par ailleurs ins­crit la rému­né­ra­tion de cette par­ti­ci­pa­tion dans le cadre des conven­tions avec l’Assurance mala­die.

Le projet de décret ins­crit cette mesure dans les arti­cles du code de la santé publi­que sur la per­ma­nence des soins en méde­cine géné­rale et sur le comité dépar­te­men­tal de l’aide médi­cale urgente, de la per­ma­nence de soins et des trans­ports sani­tai­res (CODAMUPS-TS). En effet, l’option d’une per­ma­nence des soins spé­ci­fi­que impo­sée aux infir­miers diplô­més d’Etat et aux sages-femmes, alors que le code de déon­to­lo­gie ne la pré­voit pas, a été écartée au profit de la mise en place d’un appui à la per­ma­nence des soins assu­rée par les méde­cins géné­ra­lis­tes et orga­ni­sée par les agen­ces régio­na­les de santé.

Pour le CNPI, en reconnais­sant les com­pé­ten­ces des pro­fes­sion­nels infir­miers, la loi valo­rise leur rôle cen­tral dans le par­cours de soins des per­son­nes soi­gnées. Ces pro­fes­sion­nels, formés au rai­son­ne­ment cli­ni­que et à la prise de déci­sion, à effec­tuer des actes médi­caux variés et à assu­rer un suivi rigou­reux, sont désor­mais habi­li­tés à jouer un rôle plus actif dans la per­ma­nence des soins, notam­ment en dehors des horai­res clas­si­ques de consul­ta­tion.

Le ren­for­ce­ment du rôle des pro­fes­sion­nels infir­miers dans la PDSA vise à désen­gor­ger les urgen­ces et à réduire les délais d’attente pour les patients. Leur exper­tise en matière de soins pri­mai­res, de pré­ven­tion, de ges­tion et de suivi des mala­dies chro­ni­ques est un atout majeur pour répon­dre aux besoins de santé crois­sants de la popu­la­tion. De plus, cela offre une meilleure répar­ti­tion des tâches entre les dif­fé­rents acteurs de santé, ce qui est essen­tiel pour un sys­tème de santé effi­cace et équitable.

L’arti­cle 7 de la loi du 19 mai 2023 repré­sente une reconnais­sance néces­saire des com­pé­ten­ces infir­miè­res et un levier pour amé­lio­rer l’accès aux soins dans tout le pays. Cette ini­tia­tive permet non seu­le­ment de ren­for­cer la confiance dans ces pro­fes­sion­nels de santé, mais aussi de garan­tir une meilleure qua­lité de soins pour tous.

L’avis du CNPI fait remon­ter trois remar­ques com­plé­men­tai­res :

1/- A l’Art 6315-3 : sup­pri­mer « le cas échéant » dans la phrase « L’accès au méde­cin de la per­ma­nence des soins ambu­la­toi­res, et le cas échéant aux infir­miers et aux sages-femmes, fait l’objet d’une régu­la­tion médi­cale télé­pho­ni­que préa­la­ble, acces­si­ble sur l’ensem­ble du ter­ri­toire natio­nal, par le numéro natio­nal de per­ma­nence des soins (116 117) ou par le numéro natio­nal d’aide médi­cale urgente (15) ».

2/- A l’Art 6315-5 : lais­ser le texte actuel en l’état, car l’ajout pro­posé blo­que­rait l’inter­ven­tion infir­mière, s’il était pré­cisé « y com­pris pour l’inter­ven­tion des infir­miers et des sages-femmes » dans la phrase « Le méde­cin régu­la­teur, exer­çant dans les condi­tions défi­nies à l’arti­cle R. 6315-3, décide de la réponse adap­tée à la demande de soins, y com­pris pour l’inter­ven­tion des infir­miers et des sages-femmes ».

3/- A l’Article R6313-1  : il est oppor­tun d’ajou­ter « l’Infirmier Chef dépar­te­men­tal du ser­vice d’incen­die et de secours » à la com­po­si­tion du CODAMU au même titre que le méde­cin chef afin qu’il puisse appor­ter ses com­pé­ten­ces spé­ci­fi­ques au sein de cette ins­tance, notam­ment dans les répon­ses aux ques­tions posées, aux évolutions pro­po­sées, aux pro­blé­ma­ti­ques ren­contrées. En effet, c’est l’Infirmier Chef, sou­vent Cadre de santé, voire Cadre supé­rieur de santé, qui :
o assure l’enca­dre­ment des Infirmiers Sapeurs-Pompiers Volontaires et pro­fes­sion­nels de son SDIS5 ;
o rend compte au Directeur Départemental du bon emploi des Infirmiers Sapeurs-Pompiers ;
o est le garant de la qua­lité de leur for­ma­tion lors­que ces Infirmiers sapeurs-pom­piers par­ti­ci­pent à l’Aide Médicale d’Urgence à bord des Véhicule Léger du Service de Santé et de Secours Médical.

Dans le décret 2016-1177 du 30 aout 20166, por­tant statut par­ti­cu­lier de l’enca­dre­ment par les cadres de santé de sapeurs-pom­piers pro­fes­sion­nels, il est pré­cisé que ces der­niers :
o diri­gent et coor­don­nent les acti­vi­tés des per­son­nels infir­miers de sapeurs-pom­piers, pro­fes­sion­nels et volon­tai­res, enga­gés dans toutes les mis­sions dévo­lues aux ser­vi­ces d’incen­die et de secours ;
o Les cadres et les cadres supé­rieurs de santé de sapeurs-pom­piers pro­fes­sion­nels ont voca­tion à occu­per les emplois d’infir­mier chef ou d’infir­mier de chef­fe­rie et, à ce titre, ils peu­vent notam­ment assu­rer des mis­sions d’assis­tance au méde­cin chef, au phar­ma­cien chef et aux méde­cins des grou­pe­ments de sapeurs-pom­piers, pro­fes­sion­nels et volon­tai­res.

Le CNPI pré­co­nise qu’ils soient inté­grés à la com­po­si­tion du CODAMU afin d’assu­rer plei­ne­ment leur rôle d’enca­dre­ment des per­son­nels Infirmiers dont ils ont res­pon­sa­bi­lité mana­gé­riale dans leur par­ti­ci­pa­tion à l’AMU, et d’assu­rer leur rôle dans le bon fonc­tion­ne­ment des moyens mis à dis­po­si­tion par le SDIS pour les Infirmiers Sapeurs-Pompiers.

Réunissant les prin­ci­pa­les orga­ni­sa­tions infir­miè­res (dont le SNPI), le Conseil National Professionnel Infirmier CNPI a pour but d’appor­ter la meilleure réponse pos­si­ble aux besoins de santé de la popu­la­tion ainsi que des per­son­nes dans une vision struc­tu­rante et inno­vante de la pro­fes­sion infir­mière.

Source :
https://cnp-infir­mier.fr/?Avis-CNPI-regu­la­tion-acces-PDSA-et-exten­sion-per­ma­nence-des-soins-aux-IDE

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