EHPAD 10 jours de formation pour être "faisant-fonction" d’aide-soignant

20 février 2021

10 jours au lieu de 44 semaines : une aubaine pour les employeurs d’EHPAD ! Grande braderie sur la formation des professionnels qui s’occupent de nos anciens !

ALERTE Déqualification des soins et glis­se­ment de tâches : pour répon­dre à la demande des employeurs en Ehpad, et des ser­vi­ces à domi­cile et des établissements sani­tai­res, le minis­tère ouvre jusqu’à début juillet une for­ma­tion de 10 jours des­ti­née aux agents de ser­vice hos­pi­ta­liers pour leur per­met­tre d’accom­pa­gner les rési­dents "sur des mis­sions habi­tuel­le­ment dévo­lues aux aides-soi­gnants". C’est pas cher, et cela peur rap­por­ter gros aux action­nai­res !

"Le COVID19 a bon dos pour jus­ti­fier déqua­li­fi­ca­tion des soins et glis­se­ment de tâches" estime Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC. Le contenu et la durée de cette for­ma­tion inti­tu­lée « Participer aux soins d’hygiène, de confort et de bien-être de la per­sonne âgée » sont décrits en annexe 1 de l’ins­truc­tion, qui émane de la direc­tion géné­rale de l’offre de soins (DGOS) et de la direc­tion géné­rale de la cohé­sion sociale (DGCS).

Publiée au BO du 17 février 2021, INSTRUCTION N° DGOS/RH1/DGCS/2021/8 du 6 jan­vier 2021 rela­tive au ren­for­ce­ment des com­pé­ten­ces des agents des ser­vi­ces hos­pi­ta­liers qua­li­fiés (ASHQ) pour faire face aux besoins accrus d’aides-soi­gnants dans le sec­teur du grand âge. Document en télé­char­ge­ment en fin d’arti­cle.

La mesure sera déployée sous la coor­di­na­tion et l’impul­sion des ARS, en vue d’attein­dre un objec­tif mini­mal natio­nal de 5 000 ASH et agents de ser­vice formés d’ici le 2 juillet 2021.

Destinée au per­son­nel ASH en poste depuis au moins trois mois dans les EHPAD, les ser­vi­ces d’aide et d’accom­pa­gne­ment à domi­cile et les établissements de santé, cette for­ma­tion de dix jours leur permet de reve­nir rapi­de­ment auprès de leur employeur en ayant acquis selon le texte de la cir­cu­laire "les connais­san­ces de base indis­pen­sa­bles pour assu­rer en toute sécu­rité l’accom­pa­gne­ment des per­son­nes âgées sur des mis­sions habi­tuel­le­ment dévo­lues aux aides-soi­gnants (soins d’hygiène et de confort, ali­men­ta­tion, élimination, som­meil, appro­che rela­tion­nelle)."

Munis de l’attes­ta­tion de suivi de la for­ma­tion, les ASH pour­ront ainsi réa­li­ser ces mis­sions en conser­vant leur qua­lité d’ASH, sous la res­pon­sa­bi­lité d’un cadre de santé et en col­la­bo­ra­tion avec l’ensem­ble des soi­gnants.

En outre, ils pour­ront béné­fi­cier d’un accom­pa­gne­ment per­son­na­lisé et être dis­pen­sés des épreuves de sélec­tion à l’entrée en IFAS s’ils sou­hai­tent s’enga­ger dans un projet de par­cours de for­ma­tion qua­li­fiant d’aide-soi­gnant.

Le cursus com­plet en for­ma­tion ini­tiale de la nou­velle for­ma­tion d’aide-soi­gnant est désor­mais fixé à 44 semai­nes à comp­ter de la ren­trée de sep­tem­bre 2021. La for­ma­tion reste ouverte à la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience (VAE) avec des amé­na­ge­ments afin de réduire les coûts pour les employeurs.

Evolution des condi­tions d’admis­sion des ASH à la for­ma­tion d’aide-soi­gnant :
- Une dimi­nu­tion de la durée d’ancien­neté requise pour la fixer à 6 mois en qua­lité d’ASH ;
- Une révi­sion des condi­tions sta­tu­tai­res rela­ti­ves à la sélec­tion pro­fes­sion­nelle des ASHQ recru­tés dans le grade d’aide-soi­gnant qui pré­voient actuel­le­ment une condi­tion d’ancien­neté de 8 ans (rame­née à 6 mois) ;
- Une mise en cohé­rence des dis­po­si­tions rela­ti­ves aux moda­li­tés d’admis­sion et de sélec­tion en for­ma­tion d’AS pour per­met­tre aux ASH jus­ti­fiant d’une ancien­neté mini­male de 6 mois d’être admis en for­ma­tion d’AS (cette ancien­neté avait été fixée à 3 ans par arrêté du 7 avril 2020) ;
- Le réexa­men des moda­li­tés d’accès et de contin­gen­te­ment des places réser­vées aux ASH dans les IFAS ;
- Une dis­pense des épreuves de sélec­tion à l’entrée en for­ma­tion pour les ASH (dos­sier et entre­tien) ;
- Une dis­pense de cer­tains conte­nus de for­ma­tion selon le par­cours de for­ma­tion anté­rieur des ASH.

Un nou­veau métier "accom­pa­gnant en géron­to­lo­gie"

Déjà, en 2020, les employeurs for­maient à un nou­veau métier en 15 jours ! Visiblement c’était encore trop cher pour les action­nai­res, qui ont fait pres­sion sur le gou­ver­ne­ment pour dimi­nuer à 10 jours ! "Comment appor­ter une mau­vaise réponse à un vrai pro­blème. Oui, il n’y a pas assez d’infir­miè­res et d’aides-soi­gnants auprès des rési­dents en EHPAD. Mais ces postes vacants sont plus liés aux postes pro­po­sés qu’à une pénu­rie de pro­fes­sion­nels infir­miers. Lorsque l’on cher­che une infir­mière pour 80 à 120 rési­dents, le poste reste vacant : quelle infir­mière va accep­ter un poste sous-payé, en sous-effec­tif, avec mise en danger des patients ?" déclare Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC

Problème de recru­te­ment ? Les action­nai­res des EHPAD privés pro­po­sent main­te­nant une for­ma­tion de 3 mois (stages et cours) pour un nou­veau métier "accom­pa­gnant en géron­to­lo­gie". Alors que l’on sait que la mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle en EHPAD est liée au manque de per­son­nel qua­li­fié, sous-payé et mal enca­dré ? Ils déci­dent d’un nou­veau métier pour rem­pla­cer infir­miè­res et aides-soi­gnants par glis­se­ment de tâches ! dénonce Thierry Amouroux

En par­te­na­riat avec Pôle Emploi, le Synerpa (Syndicat natio­nal des établissements et rési­den­ces privés pour per­son­nes âgées) a donc lancé en Occitanie une nou­velle expé­ri­men­ta­tion : la for­ma­tion "d’accom­pa­gnant en géron­to­lo­gie". Destiné à des deman­deurs d’emploi, un nou­veau métier à mi-chemin entre l’agent de ser­vice hos­pi­ta­lier (ASH) et l’aide-soi­gnant (AS).

Mais avec également des com­pé­ten­ces du rôle propre infir­mier comme « accom­pa­gne­ment à la fin de vie ». De même, pré­ten­dre qu’en si peu de for­ma­tion tout citoyen est capa­ble d’"Identifier les chan­ge­ments de l’état de santé de la per­sonne âgée" est une marque de mépris envers des pro­fes­sion­nels diplô­més s’indi­gne Thierry Amouroux. Quelle sera la qua­lité de la prise en charge avec ces soi­gnants low-cost ?

Pour le SNPI, cela risque aussi d’amener une confu­sion avec la fonc­tion "ASSISTANTS DE SOINS EN GÉRONTOLOGIE" Cette for­­ma­­tion du « plan Alzheimer 2008-2012″, d’une durée de 140 heures, est acces­­si­­ble en for­­ma­­tion conti­­nue aux aides-soi­­gnan­­tes, AMP (Aides médico-psy­­cho­­lo­­gi­­ques) et auxi­­liai­­res de vie sociale tra­­vaillant auprès de per­­son­­nes attein­­tes de la mala­­die d’Alzheimer.
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Assistants-de-soins-en-geron­to­lo­gie.html

La solu­tion, est de rendre attrac­tif ces EHPAD, en reva­lo­ri­sant les salai­res, mais sur­tout en pro­po­sant des postes qui res­pec­tent la dignité de nos anciens, avec une charge de tra­vail com­pa­ti­ble avec la qua­lité des soins. Les infir­miè­res ont une déon­to­lo­gie, et n’accep­tent pas de cau­tion­ner la mal­trai­tance ins­ti­tu­tion­nelle, liée au sous-effec­tif imposé par les action­nai­res et cau­tionné par les pou­voirs publics pré­cise Thierry Amouroux.

Parmi les 500 plus gran­des for­tu­nes de France en 2017 se trou­vent cinq fon­da­teurs de réseaux d’établissement d’héber­ge­ment pour per­son­nes âgées dépen­dan­tes (EHPAD). Le sec­teur de "l’or gris" est extrê­me­ment ren­ta­ble.
https://www.fran­cet­vinfo.fr/societe/prise-en-charge-des-per­son­nes-agees/sante-les-ehpad-prives-rap­por­tent-gros-aux-pro­prie­tai­res_2792597.html

Les sala­riés des Ehpad qua­li­fient sou­vent leur tra­vail de mal­trai­tance à l’égard des rési­dents, malgré leur envie de bien faire auprès des per­son­nes âgées qui en ont le plus besoin. Mais com­ment assu­rer ces mis­sions dif­fi­ci­les quand on manque de per­son­nel et de maté­riel ?

En France, en 2018 dans les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), il y avait seu­le­ment 0,6 agent pour un rési­dent (y com­pris cui­si­nier, jar­di­nier, admi­nis­tra­tif, etc.), tandis que le ratio est déjà de 1 à 1,2 agents par rési­dent en Suisse ou au Danemark. Le plan Grand âge 2008-2012 pré­co­ni­sait un agent pour un rési­dent. Au vu des effec­tifs dans les pays euro­péens pré­cé­dem­ment cités, la France a bien un retard. L’Allemagne est à 1,2 agents, le double de la France, alors que la part des per­son­nes âgées est plus impor­tante : pour­quoi ne pas suivre le "modèle alle­mand" cette fois ?

Chaque année, la France forme 26.000 infir­miè­res et 22.000 aides soi­gnants. En 2018, 26.200 élèves sont ins­crits dans l’un des 484 établissements dis­pen­sant une for­ma­tion d’aide-soi­gnant. Le nombre de diplô­més de cette for­ma­tion est quasi-stable depuis 2013 (envi­ron 22.000 contre 20.000 anté­rieu­re­ment).

Environ 600.000 IDE et 400.000 AS sont en acti­vité en France Le sec­teur médico-social de l’hos­pi­ta­li­sa­tion privée emploie 31 000 AS et 11 000 IDE. Les AS en sont le deuxième métier après les agents de ser­vice hôte­lier.

Cerise sur le gâteau, au minis­tère, la DGOS envi­sage de mettre en place une auto­ri­sa­tion tem­po­raire d’exer­cice en tant qu’aide-soi­gnant, obte­nue à l’issue d’une courte for­ma­tion de 15 jours. Lors des ren­contres RH de la santé, orga­ni­sées en début de semaine, la DGOS aurait en effet évoqué sa volonté de mettre en place une "auto­ri­sa­tion tem­po­raire d’exer­cice aide-soi­gnant pour des non aides-soi­gnants", octroyée au terme d’une for­ma­tion accé­lé­rée de 15 jours.
https://www.egora.fr/actus-pro/sante-publi­que/61678-face-au-covid-le-minis­tere-veut-former-des-aides-soi­gnan­tes-en-15

Le privé lucra­tif réduit déjà le nombre de soi­gnants diplô­més. En Ehpad public hos­pi­ta­lier, le per­son­nel soi­gnant repré­sente 56 % du per­son­nel employé (soit 36,7 pro­fes­sion­nels pour 100 places) contre 41 % dans les établissements privés.
A contra­rio, la pré­sence de per­son­nel d’ani­ma­tion est plus fré­quente dans les Ehpad
privés, par­ti­cu­liè­re­ment ceux à but lucra­tif, car les dépen­ses rela­ti­ves au per­son­nel d’ani­ma­tion sont entiè­re­ment cou­ver­tes par le tarif héber­ge­ment (et ce der­nier est plus élevé au sein des struc­tu­res pri­vées à but lucra­tif).
https://drees.soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er_1067.pdf

En quoi consiste cette for­ma­tion de 3 mois (stages et cours) pour ce nou­veau métier "accom­pa­gnant en géron­to­lo­gie" ?

Formation théo­ri­que : 294 heures
- Accompagner la per­son­nes âgée dans les actes de la vie quo­ti­dienne
- Identifier les chan­ge­ments de l’état de santé de la per­sonne âgée
- Accompagnement à la fin de vie
- Veiller à la sécu­rité, au confort et au bien être phy­si­que de la per­sonne âgée
- AFGSU niveau 1
- Participer à la mise en oeuvre du projet de vie indi­vi­dua­lisé
- Respecter les règles d’hygiène
- Adopter une pos­ture pro­fes­sion­nelle
- Participer aux trans­mis­sions orales et écrites
- Participer aux ani­ma­tions pro­po­sées aux béné­fi­ciai­res
- Contribuer à l’ali­men­ta­tion de la per­sonne âgée
- Participer à la vie de l’établissement et à la démar­che qua­lité de l’établissement

Période de for­ma­tion en entre­prise : 140 heures
https://www.mefor­me­ren­re­gion.fr/for­ma­tions/535643

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