Gestion des erreurs de soins

IMG/jpg/HAS-4.jpg

28 septembre 2014

La sécu­rité ne consiste pas à sup­pri­mer les erreurs, mais à les gérer de façon adap­tée
Ce modèle ren­voie aussi à d’autres aspects fon­da­men­taux de la ges­tion des ris­ques liés aux fac­teurs humains et orga­ni­sa­tion­nels :
 le flux d’erreurs par être humain est consi­dé­ra­ble (en avia­tion civile où il a été mesuré sur plus de 5 000 vols, le taux d’erreurs d’un équipage reste supé­rieur à 2 par heure).
 on ne peut pas réduire le flux d’erreur d’un être humain qui tra­vaille (il com­met­tra tou­jours autant d’erreurs car les erreurs sont le revers auto­ma­ti­que de toute acti­vité men­tale).

Mais :
 on peut empê­cher ou réduire la fré­quence de cer­tai­nes erreurs en pre­nant des mesu­res ciblées (ex : en met­tant en place une check-list en bloc opé­ra­toire ou en met­tant des détrom­peurs phy­si­ques sur les flui­des
médi­caux, oxy­gène et pro­toxyde d’azote, empê­chant ainsi l’inver­sion des gaz uti­li­sés).
 on peut récu­pé­rer les erreurs com­mi­ses : 85 % des erreurs (Reason, 1993 opus cité) sont détec­tées et récu­pé­rées en quel­ques secondes par le sujet qui les a com­mi­ses tandis qu’une bonne frac­tion du reste des
erreurs est récu­pé­rée par l’entou­rage, l’équipe ou des détrom­peurs phy­si­ques. La récu­pé­ra­tion com­prend trois phases : détec­tion du pro­blème, iden­ti­fi­ca­tion/com­pré­hen­sion et action de récu­pé­ra­tion pro­pre­ment dite.
 la ges­tion des ris­ques ren­voie autant à l’évitement des erreurs qu’à leurs récu­pé­ra­tions. D’ailleurs les hôpi­taux les plus sûrs ne sont pas ceux qui ont les plus bas taux d’EIG mais ceux qui dont la ges­tion et la récu­pé­ra­tion des évènements indé­si­ra­bles est la plus effi­cace, en bref qui trai­tent mieux leurs évènements

Les types de bar­riè­res pour gérer les erreurs (concept dit de « défense en pro­fon­deur »)

Un sys­tème sûr pos­sède une com­bi­nai­son de trois types de bar­riè­res :
 les bar­riè­res de pré­ven­tion : elles empê­chent la sur­ve­nue de l’erreur et de l’acci­dent (ex : la check-list chi­rur­gi­cale, bar­rière des­ti­née à empê­cher l’oubli d’une anti­bio­pro­phy­laxie péri-inter­ven­tion­nelle),
 les bar­riè­res de récu­pé­ra­tion : l’erreur est com­mise mais récu­pé­rée avant d’avoir des consé­quen­ces (ex : une anti­bio­pro­phy­laxie est pres­crite au bloc opé­ra­toire mais l’infir­mière prend connais­sance de l’exis­tence d’une aller­gie à la péni­cil­line dans le dos­sier médi­cal et alerte le pres­crip­teur qui modi­fie la pres­crip­tion en consé­quence),
 les bar­riè­res d’atté­nua­tion des effets : l’acci­dent est avéré, mais les consé­quen­ces sont limi­tées (ex : un patient n’ayant pas béné­fi­cié d’une anti­bio­pro­phy­laxie est en choc sep­ti­que, mais des hémo­cultu­res ont été réa­li­sées très tôt, le germe a été iden­ti­fié rapi­de­ment, un lit en réa­ni­ma­tion est immé­dia­te­ment dis­po­ni­ble, le trai­te­ment est engagé rapi­de­ment).

Aucune bar­rière n’est capa­ble à elle seule de conte­nir tout le risque. Il faut asso­cier plu­sieurs bar­riè­res pour obte­nir la sécu­rité voulue.
À cet égard, les pra­ti­ques médi­ca­les et orga­ni­sa­tion­nel­les en établissement de santé sures­ti­ment sou­vent l’effi­ca­cité des bar­riè­res de pré­ven­tion, tandis qu’elles peu­vent for­te­ment sous-esti­mer l’impor­tance des deux autres types de bar­riè­res (ces der­niè­res, non pen­sées et mises en oeuvre col­lec­ti­ve­ment, étant sou­vent lais­sées au pro­fes­sion­na­lisme et à l’ini­tia­tive de chacun)

La HAS Haute Autorité de la Santé pro­pose un guide sur "La sécu­rité des patients" Amélioration des pra­ti­ques et sécu­rité des soins
"Mettre en oeuvre la ges­tion des ris­ques, asso­ciés aux soins en établissement de santé", Des concepts à la pra­ti­que (en télé­char­ge­ment ci-des­sous) :

Document(s) joint(s) à l'article
HAS guide gestion risques - (4 Mio) - PDF
Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Soignants pressurés : travailler plus sans gagner plus, encore une fois

Travailler plus, sans être mieux payé. C’est la logique brutale qui se cache derrière la (…)

Protection sociale : les exonérations creusent le déficit, pas les soins

Le déficit de la Sécurité sociale existe, oui. Mais il est faible. Ce qui est grave, ce sont les (…)

Infirmières reléguées, soins déshumanisés : la vision inquiétante du MEDEF

Déficits, vieillissement de la population, explosion des maladies chroniques  : les constats du (…)

Infirmières retraitées en mission : l’État punit celles qu’il applaudissait hier

Les infirmières ont porté le système à bout de bras pendant la pandémie. Les infirmières (…)

Cadres infirmiers : les piliers invisibles d’un hôpital qui vacille

Ils tiennent les services à bout de bras. Absents des projecteurs médiatiques, oubliés des (…)

Canicule à l’hôpital : des vies en danger, faute d’adaptation

Chaque été, la chaleur revient. Et avec elle, les morts évitables. Malgré les alertes, la France (…)