IBODE et Master : lettre à Xavier Bertrand
21 novembre 2011
Suite à la rencontre de Monsieur Xavier Bertand,Ministre du Travail,de l’Emploi et de la Solidarité, lors du Salon Infirmier 2011, et devant "sa méconnaissance du probléme IBODE, ayant pour conséquence un manque de sécurité dans les Blocs Opératoires", Charline Depooter (Présidente de l’UNAIBODE) et Aline Dequidt (Présidente de l’AEEIBO) lui ont adressé le 24.10.11 une lettre relatant tous les faits depuis le 22 juin 2010
Monsieur le Ministre,
Pour faire suite à notre rencontre du mercredi 12 octobre 2011 au salon infirmier, les associations
professionnelles des Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d’Etat1 ont pris bonne note de l’avancée du
dossier de réingénierie des diplômes de la Santé et notamment celle de la mastérisation du DE-IBO.
Concernant ce dossier, les associations participent activement aux avancées et fournissent un travail
important en amont des réunions.
Pour autant, elles vous ont interpellé plusieurs fois au sujet de la menace qui se fait de plus en plus sentir
dans les blocs opératoires : celle de la pénurie du personnel spécialisé IBODE avec pour conséquence une
INSECURITE (erreur de malade, erreur de coté, fautes d’asepsie, brûlures dues au bistouri électrique etc.) :
Le 22 juin 2010 : les associations ont eu rendez vous avec Monsieur Bubien. Nous lui avons remis un
document intitulé « la déqualification des personnels spécialisés de bloc opératoire », nous l’avons interpellé
sur la baisse des effectifs IBODE en bloc opératoire, la baisse des effectifs en école IBODE et le danger qui en
résultera.
Le 6 novembre 2010, nous avons lancé une pétition pour expliquer au grand public la pénurie des
effectifs IBODE en bloc opératoire et l’insécurité qu’elle engendrait : plus de 10 000 signatures ont été
recueillies dont celles de chirurgiens de renom ;
Le 23 novembre 2010, nous avons eu un rendez vous avec Madame Podeur et lui avons expliqué la
même chose, insistant sur l’importance de la valorisation du métier IBODE par le Ministère ;
Au courant du 2ème semestre 2010, nous avons refusé de participer aux réunions de réingénierie afin
de protester face au manque de considération envers notre métier ;
oUne pétition signée par une centaine de « Grands Patrons » vous a été apportée au Ministère de
l’emploi en fin d’année 2010 ;
Le 11 janvier 2011, aux voeux du Ministère de la Santé, nous vous avons rencontré et nous vous avons
remis le même document sur « la déqualification des personnels spécialisés de bloc opératoire » ;
Le 31 janvier et le 4 mars 2011, nous avons rencontré Madame De Bort toujours sur le même sujet,
nous avons évoqué une évolution de notre métier vers des pratiques avancées ;
Les 2 février - 19 mars - 6 mai 2011, nous avons participé aux groupes de travail ministériels pour
réfléchir sur l’évolution de notre métier. Nous nous sommes prononcés pour un IBODE assistant de chirurgie
qui pourrait prendre en charge non seulement l’environnement mais aussi certains actes chirurgicaux ;
De plus, vous avez été interpellé par les députés et les sénateurs que nous avons rencontrés et vous
leur avez répondu par courrier uniquement sur l’universitarisation de notre diplôme sans tenir compte de
notre alerte sécuritaire par manque d’IBODE.
Par rapport à toutes ces actions, vous nous voyez très surpris de votre méconnaissance, exprimée lors de
notre rencontre au salon IDE, du problème IBODE ayant pour conséquence un manque de sécurité dans les
blocs opératoires.
Aussi, nous vous interpellons encore une fois sur la SECURITE des patients et des équipes et la
QUALIFICATION des personnels des blocs opératoires :
1) Départ des personnels qualifiés (IBODE) ou expérimentés (IDE) des blocs opératoires (retraite) :
Perte de savoirs spécifiques ;
Blocs opératoires en sous effectifs ;
2) Départ des personnels nouvellement affectés au bloc opératoire :
Affectation d’IDE nouvellement diplômé : AUCUNE connaissance du métier IBODE – à savoir que 6
mois environ sont nécessaires pour exercer les activités de base en bloc opératoire - les
compétences IBODE sont différentes des compétences IDE (cf. référentiels de compétences IDE et IBODE) ;
Tutorat plus ou moins organisé par manque d’IBODE ;
Tutorat réalisé par des IDE ou par les élèves IBODE ;
3) Arrivée de personnels :
Peu d’affectation : postes non pourvus en augmentation ;
· Pas d’attractivité du métier ;
· Méconnaissance du métier en IFSI (pas de stages, pas de présentation du métier) ;
Affectation non choisie au bloc opératoire – manque de motivations – départ au bout de quelques
mois ;
Nous insistons aussi sur le fait que certaines directions d’établissements postent des aides soignants
pour exercer les rôles d’IBODE circulant, en exercice illégal de la profession infirmière.
Vous menez une politique axée sur la qualité des soins et la sécurité, nous vous rappelons que les IBODE ont,
au cours de leur formation actuelle, un enseignement spécifique non chirurgical en lien avec votre politique
sécuritaire de gestion des risques : risques en lien avec l’hygiène (120h), risques en lien avec les appareils
technologiques utilisés lors des interventions (120h), fonction IBODE et législation en bloc (300heures).
Ces enseignements représentent 63% du nombre d’heures théoriques dispensés lors de la formation
(540h/870h). Ils ont également un impact important sur la rationalisation des coûts en bloc opératoire.
Il est, pour nous, bien légitime de vous interpeller pour que l’expertise des IBODE soit reconnue par le
Ministère en charge de la Santé.
Face à tout cela, nos associations demandent la valorisation du métier IBODE :
Exclusivité d’actes pour les IBODE ;
Mise en place des validations des acquis de l’expérience pour les IDE en poste dans les blocs
opératoires ;
Obligation de formation ;
Suppression des 2 années d’exercice obligatoire pour s’inscrire aux épreuves d’admission en école IBO
Grade de Master pour le Diplôme d’Etat d’Infirmier de Bloc Opératoire ;
Note de cadrage concernant les pratiques avancées ;
Egalité de traitement pour les 3 spécialités infirmières.
Nos associations sollicitent de votre haute bienveillance, l’obtention d’un rendez vous rapidement pour
expliquer en détails le contenu de ce courrier.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur le Ministre, en l’assurance de notre
considération respectueuse.
Paris, le 24 octobre 2011
http://www.unaibode.fr/IMG/pdf/2011_lettre_ouverte_-_mr_xavier_bertrand.pdf