Les patients asthmatiques sont aussi bien suivis par une infirmière

5 avril 2014

En février 2013, la Cochrane Collaboration a publié une revue des études cli­ni­ques ran­do­mi­sées consa­crée au suivi des patients asth­ma­ti­ques par des infir­miè­res versus par des méde­cins. Cette revue avait pour objet la ques­tion de recher­che sui­vante : Le suivi des patients asth­ma­ti­ques par une infir­mière spé­cia­li­sée est-il équivalent à ce même suivi par un méde­cin ? La réponse est oui ! Les revues de la Cochrane sont la meilleure res­source pour la recher­che métho­do­lo­gi­que.

Pour arri­ver à un bon contrôle de ces symp­tô­mes, les patients asth­ma­ti­ques doi­vent faire l’objet d’un suivi régu­lier assuré par un pres­ta­taire de soins de santé pro­fes­sion­nel. Pendant les consul­ta­tions de suivi, ce pro­fes­sion­nel doit abor­der des aspects comme la pres­crip­tion des médi­ca­ments, l’éducation à l’auto­ges­tion (p. ex. appren­dre à uti­li­ser un inha­la­teur, appren­dre à reconnaî­tre et à suivre l’évolution des symp­tô­mes), l’établissement d’un plan de trai­te­ment ou encore com­pren­dre un examen cli­ni­que.

Traditionnellement, ces consul­ta­tions sont effec­tuées par les méde­cins (le plus sou­vent des méde­cins géné­ra­lis­tes ou des pédia­tres). Depuis les années 1990, du fait de la charge de tra­vail exces­sive que repré­sente ce suivi pour les méde­cins en raison du nombre crois­sant des patients asth­ma­ti­ques ainsi que de la pénu­rie gran­dis­sante de méde­cins, plu­sieurs pays occi­den­taux ont formé des infir­miè­res spé­cia­li­sées (p. ex. ast­ma­ver­pleeg­kun­dige, ‘nurse prac­ti­ti­tio­ner’).

Cette étude a sélec­tionné uni­que­ment des études cli­ni­ques ran­do­mi­sées avec groupe de contrôle. Cinq études ont fina­le­ment été rete­nues dont trois étaient axées sur des adul­tes et deux sur des enfants. Au total, 588 patients ont été inclus dans cette revue parmi les­quels 154 souf­fraient d’asthme non contrôlé et 434 souf­fraient d’asthme contrôlé.

Les prin­ci­paux cri­tè­res d’ évaluation ont été : la fré­quence des exa­cer­ba­tions, la sévé­rité de l’asthme et les coûts de santé. Cette étude s’est aussi pen­chée sur d’autres cri­tè­res d’évaluation et notam­ment sur la qua­lité de vie. La durée du suivi des dif­fé­ren­tes études inclu­ses dans la revue a varié de 6 mois à 2 ans.

RESULTATS

Fréquence des exa­cer­ba­tions

La fré­quence des exa­cer­ba­tions a été trai­tée dans 4 études (2 sur des adul­tes et 2 sur des enfants). Du fait que les exa­cer­ba­tions n’avaient pas été défi­nies de la même manière dans les dif­fé­ren­tes études, ces résul­tats ont été ana­ly­sés sépa­ré­ment. Les conclu­sions des 4 études ont néan­moins été simi­lai­res : aucune dif­fé­rence sta­tis­ti­que­ment signi­fi­ca­tive entre le groupe d’inter­ven­tion et le groupe de contrôle au niveau du nombre d’exa­cer­ba­tions n’a été cons­ta­tée (durée du suivi entre 6 et 24 mois).

Une des études a inclus 154 patients ayant récem­ment fait une exa­cer­ba­tion d’asthme. Septante-huit patients ont été suivis par une infir­mière. Parmi ces patients, 31 ont fait une exa­cer­ba­tion pen­dant les six mois du suivi. Parmi les 76 patients suivis par un méde­cin, 32 ont fait une exa­cer­ba­tion. Ce résul­tat ne montre pas de dif­fé­rence sta­tis­ti­que­ment signi­fi­ca­tive : odds ratio (OR) 0,86 ; inter­valle de confian­ceà 95% (CI) 0,44 à 1,71.

Dans deux autres études ayant inclus des enfants dont l’asthme était sta­bi­lisé, le nombre des exa­cer­ba­tions était très faible. Aucune dif­fé­rence n’a été cons­ta­tée entre le groupe d’inter­ven­tion et le groupe de contrôle.

Enfin, une étude menée dans les soins de pre­mière ligne n’a pas, non plus, montré de dif­fé­rence entre les deux grou­pes.

Sévérité de l’asthme

La sévé­rité de l’asthme n’a été étudiée que dans une seule étude (n=107). Après deux ans, il n’y a pas eu de dif­fé­rence entre les enfants asth­ma­ti­ques suivi par un méde­cin géné­ra­liste (p=0,18) ou un pédia­tre (p=0,28) et les enfants suivis par une infir­mière.

Coût total en soins de santé

Aucune dif­fé­rence n’a été cons­ta­tée (p=0,62) au niveau du coût total des soins de santé entre les patients suivis par une infir­mière (343 euros) et ceux suivis par un méde­cin (357 euros).

Qualité de vie

La qua­lité de vie liée à la mala­die a été rap­por­tée dans 3 études qui ont inclus 380 patients au total. Sur la base de ces études, aucune dif­fé­rence n’a été cons­ta­tée au niveau de la qua­lité de vie entre le groupe d’inter­ven­tion et le groupe de contrôle.

CONCLUSION DE LA REVUE COCHRANE

“Aucune dif­fé­rence n’a été cons­ta­tée au niveau des cri­tè­res d’évaluation des patients asth­ma­ti­ques entre les patients suivis par une infir­mière et les patients suivis par un méde­cin. On peut déduire des études inclu­ses dans cette revue, que dans le cas des patients souf­frant d’asthme bien contrôlé le suivi par une infir­mière semble aussi appro­prié que le suivi par un méde­cin. De nou­vel­les études sur des patients souf­frant de dif­fé­ren­tes formes d’asthme, ainsi que des don­nées sur les « événements indé­si­ra­bles » et les coûts de santé sont néces­sai­res.”

Références
- https://kce.fgov.be/fr/news/les-patients-asth­ma­ti­ques-doi­vent-ils-%C3%AAtre-suivis-par-une-infirmi%C3%A8re-ou-un-m%C3%A9decin
- Kuethe MC, Vaessen-Verberne AA, Elbers RG, Van Aalderen WM. Nurse versus phy­si­cian-led care for the mana­ge­ment of asthma. Cochrane Database Syst Rev. 2013 ;2:CD009296.

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