Nouveau-Brunswick (Canada) hausse salariale de 12,5 % pour les infirmières

25 octobre 2025

Au Nouveau-Brunswick, les 9.000 infir­miè­res repré­sen­tés par le Syndicat des infir­miè­res et infir­miers du Nouveau-Brunswick (SIINB) vien­nent d’obte­nir une avan­cée majeure. L’accord signé avec le gou­ver­ne­ment pro­vin­cial reconnaît enfin, dans les faits, la valeur du tra­vail infir­mier : 12,5 % d’aug­men­ta­tion sur quatre ans, rétroac­tive au 1er jan­vier 2024.

Dans un contexte mon­dial de pénu­rie, cette entente n’est pas seu­le­ment une ques­tion de chif­fres. C’est un signal fort : celui d’un gou­ver­ne­ment qui choi­sit d’inves­tir dans ses soi­gnants plutôt que de les épuiser.

Les haus­ses sala­ria­les, répar­ties sur quatre ans, s’accom­pa­gnent d’une aug­men­ta­tion des primes de soir, de nuit et de fin de semaine, également rétroac­ti­ves. Les détails ne sont pas encore publics, mais l’esprit de l’accord est clair : reconnaî­tre la péni­bi­lité des horai­res déca­lés et le rôle irrem­pla­ça­ble des équipes infir­miè­res, de la santé publi­que à la santé com­mu­nau­taire.

« Cette entente reflète le rôle impor­tant joué par le per­son­nel infir­mier dans notre sys­tème de soins », a déclaré René Legacy, minis­tre des Finances et du Conseil du Trésor. Des mots rare­ment pro­non­cés avec autant de cohé­rence entre dis­cours et action.

À tra­vers cette signa­ture, c’est la reconnais­sance du rôle cli­ni­que, éducatif et com­mu­nau­taire des infir­miè­res qui s’affirme. Dans une pro­vince confron­tée, comme tant d’autres, à la fuite des talents et à la fati­gue pro­fes­sion­nelle, cette reva­lo­ri­sa­tion redonne sens et espoir.

Le SIINB, affi­lié à la Fédération cana­dienne des syn­di­cats d’infir­miè­res et infir­miers (CFNU), a mené un combat de longue haleine. Entre reven­di­ca­tions sala­ria­les, dis­cus­sions sur la charge de tra­vail et défense des condi­tions d’exer­cice, la négo­cia­tion aura exigé déter­mi­na­tion et unité.

Le résul­tat montre qu’un dia­lo­gue social exi­geant peut être cons­truc­tif, quand les pou­voirs publics accep­tent d’écouter la voix du ter­rain. Le syn­di­cat a su démon­trer que reva­lo­ri­ser les salai­res, c’est sta­bi­li­ser les équipes, réduire le recours à l’inté­rim et garan­tir la sécu­rité des soins. Car il ne s’agit pas seu­le­ment de « payer plus ». Il s’agit de rendre pos­si­ble le soin, dans la durée.

Vers un groupe de tra­vail sur les ratios

Autre avan­cée signi­fi­ca­tive : la mise en place d’un groupe de tra­vail sur les effec­tifs et les ratios infir­mière-patient. Une pre­mière étape vers la reconnais­sance légale de seuils de sécu­rité, déjà adop­tés dans plu­sieurs pro­vin­ces cana­dien­nes et reven­di­qués par les syn­di­cats depuis des années.

Les ratios ne sont pas qu’une reven­di­ca­tion syn­di­cale : ils sont un levier de santé publi­que. L’OCDE, le CII et de nom­breu­ses études (Aiken et al., The Lancet, 2021) ont démon­tré que chaque patient sup­plé­men­taire au-delà du seuil cri­ti­que aug­mente la mor­ta­lité hos­pi­ta­lière et la pro­ba­bi­lité de burn-out infir­mier.

En s’enga­geant à exa­mi­ner cette ques­tion, le gou­ver­ne­ment du Nouveau-Brunswick ouvre la voie à une réforme struc­tu­relle qui pour­rait ins­pi­rer d’autres pro­vin­ces – et au-delà, d’autres pays.

Un mes­sage pour la France

En France aussi, les soi­gnants atten­dent une reconnais­sance réelle de leur contri­bu­tion. Alors que le pays sort à peine d’une séquence légis­la­tive his­to­ri­que (avec la loi du 29 jan­vier 2025 sur les ratios et la loi du 27 juin 2025 sur la pro­fes­sion infir­mière) les textes d’appli­ca­tion se font encore atten­dre, et les écarts entre pro­mes­ses et pra­ti­ques s’élargissent.

L’exem­ple du Nouveau-Brunswick rap­pelle une évidence : la fidé­li­sa­tion passe par la consi­dé­ra­tion. Hausse sala­riale, meilleu­res condi­tions de tra­vail, par­ti­ci­pa­tion à la déci­sion : ce trip­ty­que est la clé pour res­tau­rer l’attrac­ti­vité du métier.

Le SNPI féli­cite cha­leu­reu­se­ment le SIINB pour cette vic­toire col­lec­tive. Elle démon­tre que le syn­di­ca­lisme infir­mier, lorsqu’il est uni, docu­menté et per­sé­vé­rant, peut faire bouger les lignes.

Et qu’en matière de santé, inves­tir dans les infir­miè­res, c’est inves­tir dans la sécu­rité des patients.

L’accord du Nouveau-Brunswick ne résout pas tout : il ne mettra pas fin du jour au len­de­main aux postes vacants ni à la fati­gue accu­mu­lée. Mais il offre une bous­sole : celle d’un sys­tème de santé qui reconnaît enfin que le soin ne se décrète pas, il se cons­truit avec celles et ceux qui le pro­di­guent.

C’est cette direc­tion que le SNPI appelle la France à suivre : non pas par des mots, mais par des actes.

Partager l'article
     



Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Intérim infirmier : la fausse solution qui masque la vraie crise du soin

Limiter l’intérim pour les jeunes infirmiers serait, dit-on, une mesure de « sécurité ». (…)

Élection du nouveau Conseil National du syndicat infirmier SNPI

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI CFE-CGC) a procédé, lors de son (…)

Contribution du SNPI : Projet d’arrêté “Actes et soins infirmiers”

L’arrêté relatif aux actes infirmiers constitue un moment déterminant pour donner effet à la loi (…)

Arrêté “Actes et soins infirmiers” : pourquoi le SNPI demande une réécriture ambitieuse

Le projet d’arrêté définissant les actes infirmiers devait permettre de mettre enfin en (…)

Au-delà des frontières, les infirmières partagent les mêmes combats

À l’occasion du congrès national du SNPI CFE-CGC, nous avons eu l’honneur de recevoir à Paris la (…)

Etats Généraux Infirmiers CIF : une profession qui se rassemble

Les États Généraux Infirmiers "Pour que la loi infirmière devienne soin", organisés par le (…)