OMS : 2 milliards de personnes utilisent une source d’eau potable contaminée par des matières fécales

17 avril 2017

Les pays n’aug­men­tent pas assez rapi­de­ment leurs inves­tis­se­ments pour attein­dre les cibles en matière d’eau et d’assai­nis­se­ment dans le cadre des objec­tifs de déve­lop­pe­ment dura­ble (ODD), selon un nou­veau rap­port publié par l’Organisation mon­diale de la Santé (OMS) au nom de l’ONU-Eau, le méca­nisme inte­rins­ti­tu­tions de coor­di­na­tion des Nations Unies pour toutes les ques­tions rela­ti­ves à l’eau douce, y com­pris l’assai­nis­se­ment.

« Aujourd’hui, près de 2 mil­liards de per­son­nes uti­li­sent une source d’eau pota­ble conta­mi­née par des matiè­res féca­les, ce qui les expose au risque de contrac­ter le cho­léra, la dysen­te­rie, la typhoïde et la polio­myé­lite », indi­que le Dr Maria Neira, Directeur du Département Santé publi­que, déter­mi­nants sociaux et envi­ron­ne­men­taux de la santé de l’OMS.

« On estime que l’eau de bois­son conta­mi­née est à l’ori­gine de plus de 500 000 décès par diar­rhée chaque année et repré­sente un fac­teur majeur dans la pro­pa­ga­tion de plu­sieurs mala­dies tro­pi­ca­les négli­gées, parmi les­quel­les les para­si­to­ses intes­ti­na­les, la schis­to­so­miase et le tra­chome », ajoute le Dr Neira.

Le rap­port sou­li­gne que les pays ne par­vien­dront pas à attein­dre les objec­tifs mon­diaux consis­tant à garan­tir un accès uni­ver­sel à l’eau pota­ble et à l’assai­nis­se­ment à moins que des mesu­res ne soient prises pour uti­li­ser les res­sour­ces finan­ciè­res de manière plus effi­cace et redou­bler d’efforts en vue d’iden­ti­fier de nou­vel­les sour­ces de finan­ce­ment.

Selon l’ana­lyse et l’évaluation mon­dia­les de l’ONU-Eau sur l’assai­nis­se­ment et l’eau pota­ble (rap­port GLAAS 2017), les pays ont aug­menté leurs bud­gets alloués à l’eau, l’assai­nis­se­ment et l’hygiène, en moyenne de 4,9% par an au cours des 3 der­niè­res années. Toutefois, 80% des pays indi­quent que le finan­ce­ment en faveur de l’eau, de l’assai­nis­se­ment et de l’hygiène reste insuf­fi­sant pour attein­dre les cibles défi­nies au niveau natio­nal pour les ser­vi­ces d’appro­vi­sion­ne­ment en eau, d’assai­nis­se­ment et d’hygiène.

Dans de nom­breux pays en déve­lop­pe­ment, les cibles natio­na­les actuel­les rela­ti­ves à la cou­ver­ture sont fon­dées sur l’accès aux infra­struc­tu­res de base, les­quel­les ne four­nis­sent pas tou­jours des ser­vi­ces sûrs et fia­bles, de façon conti­nue. Les inves­tis­se­ments prévus doi­vent encore tenir compte des cibles beau­coup plus ambi­tieu­ses des ODD, qui visent d’ici à 2030, à garan­tir l’accès à des ser­vi­ces d’appro­vi­sion­ne­ment en eau et d’assai­nis­se­ment gérés en toute sécu­rité.

Selon les esti­ma­tions de la Banque mon­diale, pour attein­dre les cibles mon­dia­les des ODD, les inves­tis­se­ments pour les infra­struc­tu­res doi­vent tri­pler et attein­dre 114 mil­liards de dol­lars (US $) par an, chif­fre qui n’inclut pas les coûts de fonc­tion­ne­ment et d’entre­tien.

Alors que le défi­cit de finan­ce­ment est impor­tant, 147 pays ont pré­cé­dem­ment clai­re­ment montré qu’ils étaient capa­bles de mobi­li­ser les res­sour­ces néces­sai­res pour attein­dre la cible de l’objec­tif du Millénaire pour le déve­lop­pe­ment visant à réduire de moitié la pro­por­tion de per­son­nes vivant sans accès à des sour­ces d’eau pota­ble amé­lio­rées, et 95 pays ont atteint la cible cor­res­pon­dante rela­tive à l’assai­nis­se­ment.

Les cibles beau­coup plus ambi­tieu­ses des ODD néces­si­te­ront des efforts col­lec­tifs, coor­don­nés et nova­teurs pour mobi­li­ser des niveaux encore plus élevés de finan­ce­ment pro­ve­nant de toutes les sour­ces : les taxes, les tarifs (ver­se­ments et tra­vail des ména­ges) ainsi que les trans­ferts des dona­teurs.

« Nous sommes confron­tés à un défi que nous pou­vons rele­ver », déclare Guy Ryder, Directeur géné­ral de l’Organisation inter­na­tio­nale du tra­vail (OIT) et Président de l’ONU-Eau. « Des inves­tis­se­ments accrus dans l’appro­vi­sion­ne­ment en eau et l’assai­nis­se­ment pro­dui­sent des béné­fi­ces sub­stan­tiels pour la santé et le déve­lop­pe­ment humains, per­met­tent de créer des emplois et assu­rent de ne lais­ser per­sonne de côté », ajoute t-il.

Autres conclu­sions du rap­port

Les ver­se­ments au titre de l’aide publi­que au déve­lop­pe­ment consa­crés à l’eau et à l’assai­nis­se­ment aug­men­tent, mais les futurs inves­tis­se­ments sont incer­tains.
Les ver­se­ments (dépen­ses) au titre de l’aide publi­que au déve­lop­pe­ment consa­crés à l’eau et à l’assai­nis­se­ment ont aug­menté entre 2012 et 2015, pas­sant de 6,3 dol­lars (US $ ) à 7,4 mil­liards. Toutefois, les enga­ge­ments pris en matière d’aide en faveur de l’eau et de l’assai­nis­se­ment ont baissé depuis 2012, pas­sant de 10,4 mil­liards de dol­lars (US $ ) à 8,2 mil­liards en 2015. Du fait de leur carac­tère plu­rian­nuel, si les enga­ge­ments devaient conti­nuer de bais­ser, les dépen­ses futu­res ris­que­raient également de bais­ser.

Compte tenu du besoin plus impor­tant de pro­gres­ser vers l’accès uni­ver­sel à des ser­vi­ces d’appro­vi­sion­ne­ment en eau et d’assai­nis­se­ment gérés en toute sécu­rité, en vertu des cibles des ODD, la pos­si­bi­lité de futu­res réduc­tions des ver­se­ments au titre de l’aide va à l’encontre des objec­tifs mon­diaux.

Étendre les ser­vi­ces d’appro­vi­sion­ne­ment en eau, d’assai­nis­se­ment et d’hygiène aux grou­pes vul­né­ra­bles est une prio­rité des poli­ti­ques, mais la mise en œuvre prend du retard.

Plus de 70% des pays indi­quent que leur poli­ti­ques et plans en matière d’eau, d’assai­nis­se­ment et d’hygiène com­pren­nent des mesu­res spé­ci­fi­ques pour attein­dre les popu­la­tions pau­vres. Toutefois, la mise en œuvre de ces mesu­res concrè­tes prend du retard ; en effet peu de pays indi­quent être en mesure d’appli­quer sys­té­ma­ti­que­ment des mesu­res de finan­ce­ment pour cibler les res­sour­ces des­ti­nées aux popu­la­tions pau­vres.

L’aug­men­ta­tion et le main­tien de l’accès à l’eau, à l’assai­nis­se­ment et à l’hygiène pour les grou­pes vul­né­ra­bles seront essen­tiels non seu­le­ment pour attein­dre l’ODD 6 mais aussi l’ODD 3 visant à per­met­tre à tous de vivre en bonne santé et pro­mou­voir le bien être de tous à tout âge.

Le rap­port GLAAS 2017 pré­sente une ana­lyse des don­nées actua­li­sées et les plus fia­bles pro­ve­nant de 75 pays et de 25 orga­nis­mes d’aide exté­rieure sur des ques­tions rela­ti­ves au finan­ce­ment de l’accès uni­ver­sel à l’eau et à l’assai­nis­se­ment au titre des ODD.

L’eau pota­ble et l’assai­nis­se­ment sont essen­tiels pour le bien être de l’homme, en pro­té­geant la santé et les moyens de sub­sis­tance et en contri­buant à créer des envi­ron­ne­ments sains. La consom­ma­tion d’eau insa­lu­bre affecte la santé humaine en entraî­nant des mala­dies comme la diar­rhée. En outre, les eaux usées non trai­tées peu­vent conta­mi­ner l’appro­vi­sion­ne­ment en eau et l’envi­ron­ne­ment, fai­sant peser une lourde charge sur les com­mu­nau­tés.

Source : http://www.who.int/media­cen­tre/news/relea­ses/2017/water-sani­ta­tion-invest­ment/fr/

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