Reprendre après une interruption de carrière

20 mai 2012

Nombreuses sont les infir­miè­res qui ne sont plus en fonc­tion depuis des années et qui sou­hai­tent repren­dre leur acti­vité. En France, alors que les tech­ni­ques et les savoirs ont évolué au fil du temps, ces soi­gnan­tes diplô­mées ont le droit d’exer­cer mais rien n’est vrai­ment prévu pour les accom­pa­gner.

Au bon vou­loir des établissements

« Si vous avez arrêté de conduire pen­dant 20 ans, il n’est pas évident de faire un cré­neau ». L’image uti­li­sée par Thierry Amouroux, secré­taire géné­ral du SNPI (Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers), pour qua­li­fier le retour à l’emploi des infir­miè­res après une longue période d’arrêt, est sim­ple­ment effi­cace.

« Elles peu­vent reve­nir par envie, mais sou­vent aussi par néces­sité finan­cière, suite à un divorce ou a un décès. Sans for­ma­tion pra­ti­que, cela s’avère com­pli­qué », expli­que le syn­di­ca­liste, qui gère envi­ron un appel de ce type par semaine.

Avec des tech­ni­ques des soins qui évoluent, des for­ma­li­tés admi­nis­tra­ti­ves et régle­men­tai­res de plus en plus com­plexes, des trai­te­ments qui chan­gent, l’infir­mière peut vite se sentir dépas­sée par un tra­vail qu’elle n’a plus pra­ti­qué depuis 5, 10, 15, voire même 20 ans. « Sans accom­pa­gne­ment, elles pren­nent un risque pour elles-mêmes et pour les patients, mais elles ne peu­vent sou­vent mal­heu­reu­se­ment pas faire autre­ment car c’est selon le bon vou­loir des établissements et des ser­vi­ces » estime le syn­di­ca­liste.

En France, les mesu­res d’accom­pa­gne­ment aux pro­fes­sion­nels infir­miers sont prises direc­te­ment au niveau des hôpi­taux employeurs. Les infir­miè­res peu­vent être enca­drées…ou non.

Dans les hôpi­taux privés, la ques­tion qui ne figure pas parmi les axes prio­ri­tai­res de tra­vail, semble malgré tout d’actua­lité. « Cela fait partie des axes que nous déve­lop­pe­rons sûre­ment dans l’avenir, car à partir du moment où il y a pénu­rie de per­son­nel soi­gnant, il faut trou­ver des actions pour faci­li­ter le retour à l’emploi » expli­que Cathia Corbineau, res­pon­sa­ble des res­sour­ces humai­nes de la FHP.

Même son de cloche dans le public, dont la stra­té­gie serait sur­tout d’assu­rer un suivi au cas par cas. « Quand un nou­veau pro­fes­sion­nel arrive, d’où qu’il vienne et qu’elle qu’en soit la raison, nous pro­po­sons un par­cours d’inté­gra­tion, un tuto­rat et un accom­pa­gne­ment. Nous pou­vons orga­ni­ser des dou­blons qui varient de 2 semai­nes à 3 mois pour les ser­vi­ces de réa-neo­na­to­lo­gie par exem­ple. Des bilans régu­liers entre le cadre et l’infir­mière sont orga­ni­sés de façon à poin­ter les acqui­si­tions de com­pé­ten­ces et les pro­blé­ma­ti­ques res­tan­tes », expli­que RoselyneVasseur, direc­trice des soins de l’AP-HP. Une orga­ni­sa­tion théo­ri­que­ment adap­tée qui est néan­moins jugée irréa­liste par les syn­di­cats. « L’état des effec­tifs dans les ser­vi­ces rend sou­vent les dou­blons impos­si­bles », regrette Thierry Amouroux.

Une for­ma­tion indis­pen­sa­ble

Mises de côté dans les sta­tis­ti­ques, les infir­miè­res diplô­mées qui ne sont plus en fonc­tion, étaient esti­mées à 50 000 en 2001. Aucune étude ne pré­cise la part de celles qui revien­nent sur le ter­rain chaque année. À l’AP-HP, ce sont les retours de dis­po­ni­bi­li­tés (190 en 2011) et les retours de congés paren­taux (126 en 2011) qui sont comp­ta­bi­li­sés.

Inexistantes pour les admi­nis­tra­tions, ces infir­miè­res qui repren­nent une acti­vité après plus de 10 ans peu­vent dif­fi­ci­le­ment être la cible d’un plan d’accom­pa­gne­ment. Il y a bien eu un dis­po­si­tif de retour à l’emploi, initié par le minis­tère de la santé en 2001. Celui-ci pro­po­sait gra­tui­te­ment aux infir­miè­res de moins de 45 ans et qui avaient arrêté leur acti­vité depuis plus de 5 ans, une for­ma­tion de 1 mois. Ces mesu­res n’ont pas duré. Plus aucune conven­tion n’existe actuel­le­ment.

Pour pal­lier ce manque, Thierry Amouroux sou­hai­te­rait que les régions, par l’inter­mé­diaire des ARS (Agences régio­na­les de Santé), orga­ni­sent des séan­ces de for­ma­tions. « En géné­ral, ces infir­miè­res ont déjà remis à jour leurs connais­san­ces théo­ri­ques, le plus sou­vent de façon auto­di­dacte. Par contre, elles doi­vent réap­pren­dre les gestes. Pour cela, il fau­drait pren­dre modèle sur ce qui a été fait pour les infir­miè­res qué­bé­coi­ses qui vien­nent tra­vailler en France et qui béné­fi­cient de 75 jours de for­ma­tion ».

Article de Malika Surbled, paru sur ACTUSOINS le 9 mai 2012 : http://www.actu­soins.com/11238/inter­rup­tion-de-car­riere-pen­dant-plu­sieurs-annees-est-il-vrai­ment-pos­si­ble-de-reve­nir.html

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