Synthèse du Livre Blanc du CNPI : évolution de l’exercice et de la formation des infirmières

14 février 2025

Ce livre blanc com­pile les tra­vaux menés par le Conseil National Profession Infirmier (CNPI) sur la période Janvier 2020 à Décembre 2024 concer­nant l’évolution de la pro­fes­sion et de la for­ma­tion infir­miè­res, notam­ment pour l’exer­cice Infirmière géné­ra­liste (dénom­mée Infirmière res­pon­sa­ble en soins géné­raux en Europe).

Quatre gran­des par­ties le com­po­sent :
  la pre­mière partie rend compte des tra­vaux ini­tiés par le CNPI sur la période Janvier 2020 à Mai 2023 à partir des concepts struc­tu­rant la dis­ci­pline infir­mière, des cons­tats issus de retours d’expé­rien­ces des dif­fé­rents modes d’exer­cice Infirmière géné­ra­liste ren­dant compte des freins comme des leviers iden­ti­fiés pour la pra­ti­que et la for­ma­tion infir­miè­res (cf. sché­ma­ti­sa­tion 1 page 6) ;

  la deuxième partie rend compte des tra­vaux contri­bu­tifs du CNPI au groupe tech­ni­que RAC IDE Référentiel Activités/Référentiel Compétences coor­donné par la DGOS sur la période de Juin 2023 à Février 2024 ;

  la troi­sième partie rend compte des contri­bu­tions du CNPI dans le cadre des grou­pes de tra­vail pilo­tés conjoin­te­ment par la DGOS/DGESIP concer­nant l’ingé­nie­rie pour la for­ma­tion ini­tiale infir­mière sur la période de Février 2023 à Août 2024 ;

  la qua­trième partie ques­tionne les moda­li­tés des dis­po­si­tifs à oser inno­ver afin d’ancrer dura­ble­ment la filière uni­ver­si­taire fran­çaise en scien­ces infir­miè­res et de garan­tir un pro­ces­sus de pro­fes­sion­na­li­sa­tion opti­misé de l’entrée en for­ma­tion ini­tiale jusqu’à la diplo­ma­tion, l’inté­gra­tion à la pre­mière prise de poste et la suite de la tra­jec­toire pro­fes­sion­nelle (cf. sché­ma­ti­sa­tion 2 page 6).

Orientations géné­ra­les

Les pré­co­ni­sa­tions du CNPI se sont appuyées sur le cadre euro­péen, notam­ment les direc­ti­ves euro­péen­nes 2005/36 et 2013/55 défi­nis­sant la confor­mité des exi­gen­ces de com­pé­ten­ces pour l’infir­mière res­pon­sa­ble de soins géné­raux, les réfé­ren­tiels d’autres pays, les tra­vaux d’uni­ver­si­ta­ri­sa­tion et de gra­dua­tion des exper­ti­ses infir­miè­res dans les tra­jec­toi­res pro­fes­sion­nel­les, les cri­tè­res du cadre natio­nal des cer­ti­fi­ca­tions pro­fes­sion­nel­les ainsi que les sour­ces docu­men­tai­res asso­ciées.

o Actualiser le Décret d’exer­cice infir­mier de 2004, en par­ti­cu­lier pour inté­grer l’évolution du rôle auto­nome et de l’exper­tise cli­ni­que des 762 000 infir­miè­res et la prise en compte régle­men­tai­re­ment des niveaux d’exper­ti­ses liés à l’expé­rience et aux for­ma­tions com­plé­men­tai­res vali­dan­tes,

o Inscrire les pro­fes­sion­nels infir­miers comme acteurs de 1er recours dans le Code de santé publi­que (accès direct - infir­mière de famille - infir­mier réfé­rent, … ), notam­ment en matière de pré­ven­tion, de coor­di­na­tion et de soins de proxi­mité,

o Prendre en consi­dé­ra­tion le rat­ta­che­ment des pro­fes­sion­nels infir­miers aux dif­fé­rents minis­tè­res de rat­ta­che­ment dans la conduite des réflexions inter­mi­nis­té­riel­les concer­nant l’évolution des contours du métier et leurs décli­nai­sons dans les faits,

o Garantir une base de contenu commun Métier socle et les moda­li­tés d’appro­fon­dis­se­ment sou­te­nant la tran­si­tion à l’exer­cice dont les com­plé­ments option­nels en lien avec le mode d’exer­cice et le pro­ces­sus de pro­fes­sion­na­li­sa­tion continu,

o Articuler les réfé­ren­tiels Activités/Compétences/Formation avec le réfé­ren­tiel de Certification pério­di­que des infir­miè­res en soins géné­raux,

o Instituer une consul­ta­tion infir­mière d’évaluation et de coor­di­na­tion du par­cours de santé (ana­lyse de la situa­tion de la per­sonne, bilan vac­ci­nal, inter­ven­tions néces­sai­res au regard des besoins) contri­buant à la pré­ven­tion et à la ges­tion des ris­ques,

o Reconnaitre les consul­ta­tions infir­miè­res de pré­ven­tion et d’éducation pri­maire, secondaire et ter­tiaire, y com­pris en dehors des mala­dies chro­ni­ques,

o Autoriser le télé­soin ou la télé­consul­ta­tion à toutes les infir­miè­res concer­nées dans leur pra­ti­que quo­ti­dienne, y com­pris le 1er contact.

o Optimiser la pro­fes­sion­na­li­sa­tion des étudiants/appre­nants infir­miers en sanc­tua­ri­sant le temps dédié au tuto­rat, fonc­tion tuto­rale en tant qu’acti­vité en soi dis­pen­sée par des pro­fes­sion­nels infir­miers formés et pris en compte dans le calcul du temps de tra­vail de ces der­niers (ratio inté­gré).

o Reconnaitre le com­pa­gnon­nage cli­ni­que en tant que moda­lité d’orga­ni­sa­tion appre­nante de proxi­mité favo­ri­sant la qua­lité et la sécu­rité des soins requis dis­pen­sés.

o Prendre en compte et valo­ri­ser les for­ma­tions uni­ver­si­tai­res et/ou cer­ti­fian­tes tout au long de l’exer­cice pro­fes­sion­nel, sur le prin­cipe des niveaux d’exper­tise cumu­la­tifs déve­lop­pés par les pro­fes­sion­nels infir­miers des 5 diplô­mes d’Etat, per­met­tant un impact posi­tif sur le projet pro­fes­sion­nel ini­tial et continu.

o Promouvoir la recher­che en scien­ces infir­miè­res et le déve­lop­pe­ment d’un corps pro­fes­so­ral infir­mier uni­ver­si­taire ren­for­çant la pro­duc­tion de don­nées et la trans­mis­sion des savoirs au ser­vice des usa­gers de la santé.

o Garantir un pro­ces­sus de pro­fes­sion­na­li­sa­tion des étudiants niveau diplôme d’état infir­mier géné­ra­liste en adé­qua­tion avec les res­pon­sa­bi­li­tés à savoir mettre en œuvre une fois diplô­més.

o Garantir la reconnais­sance et le main­tien en com­pé­ten­ces des infir­miè­res diplô­mées en exer­cice avant ces réfor­mes.

o Promouvoir la santé des infir­miè­res est un enjeu cen­tral pour la qua­lité des soins qu’elles pro­di­guent. Les niveaux de com­plexité des situa­tions de soins et les ris­ques liés aux condi­tions de tra­vail sont des pro­blè­mes récur­rents maillant la pra­ti­que infir­mière. Le stress, les vio­len­ces ver­ba­les et phy­si­ques, ainsi que les situa­tions de har­cè­le­ment, sont sou­vent exa­cer­bées par des condi­tions de tra­vail dif­fi­ci­les.

o Conserver ces res­sour­ces infir­miè­res dis­po­ni­bles pour la popu­la­tion et pour l’équilibre du sys­tème de santé.

o Réviser les modes de finan­ce­ment et les modè­les économiques s’y rap­por­tant.

Les évolutions rela­ti­ves à l’exer­cice pro­fes­sion­nel infir­mier devront se tra­duire en termes de tra­jec­toi­res pro­fes­sion­na­li­san­tes et de res­pon­sa­bi­li­tés infir­miè­res, en lien avec les mis­sions et la reconnais­sance des niveaux d’exper­ti­ses déve­lop­pées tout au long de l’exer­cice pro­fes­sion­nel, pro­lon­ge­ment de la for­ma­tion ini­tiale par la for­ma­tion conti­nue et/ou la pour­suite du cursus uni­ver­si­taire.

Si des actes infir­miers devaient être trans­fé­rés vers d’autres pro­fes­sion­nels de santé, une cla­ri­fi­ca­tion des res­pon­sa­bi­li­tés comme des moda­li­tés de trans­po­si­tion serait incontour­na­ble.

Pour le CNPI, il faut se saisir de l’oppor­tu­nité de la réforme enga­gée pour reconnai­tre régle­men­tai­re­ment les évolutions infor­mel­les d’exper­ti­ses déve­lop­pées par les infir­miè­res géné­ra­lis­tes au plus près des popu­la­tions qu’elles soi­gnent. L’enjeu est à la fois de confir­mer les évolutions des 4 autres diplô­mes infir­miers tout en for­ma­li­sant la filière d’exper­ti­ses des 600 000 infir­miè­res géné­ra­lis­tes.

Cadre régle­men­taire

Le CNPI pré­co­nise de conser­ver des textes régle­men­tai­res de même niveau qu’aujourd’hui, c’est-à-dire :

une loi repre­nant, dans la défi­ni­tion de la pro­fes­sion infir­mière, les points spé­ci­fi­ques sui­vants :
o la ter­mi­no­lo­gie « rôle propre » défi­nis­sant l’auto­no­mie infir­mière en lien avec ses com­pé­ten­ces « cœur de métier » restruc­tu­rées dans l’évolution pro­je­tée, en appui de son rai­son­ne­ment cli­ni­que et de la com­plé­men­ta­rité plu­ri­pro­fes­sion­nelle ;
o la ter­mi­no­lo­gie d’habi­li­ta­tion à l’exer­cice de la pro­fes­sion infir­mière régle­men­tée liée à :
  un réfé­ren­tiel de for­ma­tion décliné en regard des réfé­ren­tiels d’acti­vi­tés et de com­pé­ten­ces,
  la déli­vrance d’un diplôme ("pro­gramme d’ensei­gne­ment infir­mier / qui pos­sède les qua­li­fi­ca­tions requi­ses pour exer­cer") pour réser­ver les inter­ven­tions et gestes auto­ri­sés aux seules infir­miè­res ;
o la ter­mi­no­lo­gie scien­ces infir­miè­res en spé­ci­fiant leur péri­mè­tre géné­ral dans un arti­cle du Code de la santé publi­que por­tant sur les nou­vel­les mis­sions infir­miè­res ;
o la dimen­sion col­lec­tive cen­trale en matière de santé com­mu­nau­taire et de prise en soins d’un groupe de popu­la­tion (santé publi­que/pro­mo­tion de la santé/éducation),
o la notion de 1er recours, d’exper­tise et d’orien­ta­tion pré­coce qui per­met­tra de poser une pre­mière pierre en vue d’une future reconnais­sance du pro­fes­sion­nel de santé de pre­mier recours et plus spé­ci­fi­que­ment du recours en accès direct de la popu­la­tion aux infir­miè­res selon une typo­lo­gie d’inter­ven­tions ciblées,
o l’offi­cia­li­sa­tion de la consul­ta­tion infir­mière dans les dif­fé­rents champs de com­pé­ten­ces : telle que déjà mise en œuvre dans dif­fé­rents sec­teurs d’exer­cice, la consul­ta­tion infir­mière ne doit pas être condi­tion­née à un exer­cice coor­donné mais être étendue plus lar­ge­ment, tout en pre­nant en compte la notion de 1er recours et d’orien­ta­tion.

Un décret en Conseil d’Etat, spé­ci­fiant les gran­des mis­sions et pré­voyant une réac­tua­li­sa­tion pério­di­que pour l’adap­ter à l’évolution des besoins des popu­la­tions, des connais­san­ces scien­ti­fi­ques et tech­no­lo­gi­ques, des orga­ni­sa­tions et des pra­ti­ques.

Domaines de com­pé­ten­ces

Quel que soit le métier, les domai­nes de com­pé­ten­ces se décli­nent en acti­vi­tés et en com­pé­ten­ces. Le CNPI a réaf­firmé que ce réfé­ren­tiel RAC avait une double fina­lité :
o servir de cane­vas pour l’élaboration du réfé­ren­tiel de for­ma­tion ini­tiale infir­mière,
o servir de réfé­rence pour la pra­ti­que des infir­miè­res géné­ra­lis­tes diplô­mées d’état, quel que soit le niveau d’expé­rien­ces d’exer­cice infir­mier de novice à expert,
ceci dans une logi­que de par­cours pro­fes­sion­na­li­sant à la base de l’attrac­ti­vité et de la fidé­li­sa­tion.

Vingt thé­ma­ti­ques de com­pé­ten­ces ont été déve­lop­pés sous forme d’acti­vi­tés et de com­pé­ten­ces, consi­dé­rant que ce décou­page per­met­tait la lisi­bi­lité de leurs aspects tant trans­ver­saux que spé­ci­fi­ques ainsi que des inte­rac­tions entre domai­nes :
1. Recherche et ana­lyse de don­nées en lien avec la situa­tion de la per­sonne ou du groupe de per­sonne.
2. Détermination, mise en œuvre et évaluation de pro­jets de vie et de soins à visée pré­ven­tive, cura­tive, réa­dap­ta­tive et pal­lia­tive pour une per­sonne ou un groupe de per­son­nes.
3. Conception et mise en œuvre de pro­jets de pro­mo­tion, d’éducation et de pré­ven­tion de la santé d’une per­sonne ou d’un groupe de per­son­nes.
4. Coordination, orga­ni­sa­tion, pla­ni­fi­ca­tion et évaluation des acti­vi­tés (par­cours de santé, de vie et de soins).
5. Orientation des per­son­nes soi­gnées et de leur entou­rage.
6. Conseils et exper­ti­ses en scien­ces infir­miè­res.
7. Recherche, uti­li­sa­tion et pro­duc­tion de don­nées issues de la pra­ti­que pro­fes­sion­nelle et notam­ment en lien avec des soins inno­vants.
8. Qualité des soins, pré­ven­tion et ges­tion des ris­ques a priori a pos­te­riori.
9. Développement dura­ble, éco-soins et santé envi­ron­ne­men­tale.
10. Transmissions infir­miè­res et par­ta­ges d’infor­ma­tions.
11. Utilisation du numé­ri­que en santé et moda­li­tés orga­ni­sa­tion­nel­les.
12. Travail en plu­ri­pro­fes­sion­na­lité.
13. Permanence des soins.
14. Collaboration à la ges­tion des situa­tions de crise sani­taire, ter­ro­risme, catas­tro­phes natu­rel­les et envi­ron­ne­men­ta­les.
15. Gestion et orga­ni­sa­tion d’une struc­ture indi­vi­duelle ou col­lec­tive.
16. Accueil, accom­pa­gne­ment, infor­ma­tion et for­ma­tion des nou­veaux pro­fes­sion­nels, des pairs et des appre­nants/étudiants.
17. Responsabilités pro­fes­sion­nel­les.
18. Actualisation des connais­san­ces et des com­pé­ten­ces tout au long de l’exer­cice pro­fes­sion­nel.
19. Santé du pro­fes­sion­nel.
20. Prévention, anti­ci­pa­tion et ges­tion des vio­len­ces envers soi-même et autrui.

Telles que décli­nées, ces acti­vi­tés et ces com­pé­ten­ces doi­vent trou­ver leurs trans­po­si­tions péda­go­gi­ques dans le nou­veau réfé­ren­tiel de for­ma­tion ini­tiale infir­mière comme dans le par­cours pro­fes­sion­na­li­sant et d’exer­cice de l’infir­mière géné­ra­liste.

Refonte de la for­ma­tion ini­tiale

Les tra­vaux de refonte du décret d’exer­cice infir­mier (mis­sions et domai­nes de com­pé­ten­ces) ont permis d’objec­ti­ver deux dyna­mi­ques com­plé­men­tai­res en lien avec :
o le pro­ces­sus de pro­fes­sion­na­li­sa­tion ini­tiale, c’est-à-dire de for­ma­tion de l’étudiant infir­mier, base de l’attrac­ti­vité pour s’enga­ger dans la for­ma­tion condui­sant au diplôme d’état puis pour y trou­ver la moti­va­tion et le sens requis pour la suivre jusqu’à la diplo­ma­tion,
o le par­cours pro­fes­sion­na­li­sant de l’infir­mière géné­ra­liste, dans sa tra­jec­toire pro­fes­sion­nelle de novice à expert, base de la moti­va­tion à pren­dre un pre­mier poste cli­ni­que à la sortie de la diplo­ma­tion, à y forger sa pos­ture, à y garder/trou­ver/retrou­ver le sens puis à rester en exer­cice infir­mier dans le temps (ou dans un autre métier de la santé).

Au regard des res­pon­sa­bi­li­tés asso­ciées aux mis­sions confiées aux infir­miè­res, le CNPI a ques­tionné le cadrage du cursus de for­ma­tion ini­tiale :
o en quoi toute évolution envi­sa­gée pour une pro­fes­sion vient modi­fier ou pas le niveau de qua­li­fi­ca­tion s’y rap­por­tant ?
o à niveau de res­pon­sa­bi­li­tés pro­fes­sion­nel­les équivalentes, en quoi les simi­li­tu­des et les dif­fé­ren­ces de dis­po­si­tif de for­ma­tion ini­tiale condui­sant à la typo­lo­gie du diplôme obtenu dans le schéma LMD vien­nent impac­ter la reconnais­sance des niveaux de qua­li­fi­ca­tion pro­fes­sion­nelle au niveau natio­nal comme inter­na­tio­nal ?
o avec en moyenne 36 000 étudiants admis versus 26 000 vali­dant leur diplôme d’état et un cons­tat de 50% d’infir­miè­res diplô­mées quit­tant l’exer­cice hos­pi­ta­lier à 10 ans, quels leviers pour inver­ser cette perte de res­sour­ces et garan­tir un temps d’exer­cice en soins géné­raux plus long ?
o Quels dis­po­si­tifs exis­tants (pour exem­ple l’appren­tis­sage) ou, à inven­ter, per­met­traient de réus­sir cette pro­fes­sion­na­li­sa­tion incluant les défis de la for­ma­tion ini­tiale et de l’inté­gra­tion à la prise de poste une fois le diplôme d’état validé ?

Vers la 4ème année ?

En l’état, et en raison de sa lour­deur, le pro­gramme de 4600h décliné sur 3 ans concoure aux dif­fi­cultés des étudiants d’assi­mi­ler les connais­san­ces, d’appro­fon­dir leur rai­son­ne­ment cli­ni­que, dans un contexte de com­plexité accrue des situa­tions cli­ni­ques et de res­pon­sa­bi­li­tés infir­miè­res. Au regard de don­nées étudiées, le CNPI a consi­déré per­ti­nent d’ana­ly­ser les moda­li­tés de mise en œuvre dans d’autres pays euro­péens. La plu­part for­ment leurs infir­miè­res sur quatre ans selon dif­fé­ren­tes moda­li­tés sur les­quel­les ouvrent des leviers de modé­li­sa­tion per­met­tant de s’appuyer.

En confor­mité avec la Directive euro­péenne, le CNPI pré­co­nise d’aug­men­ter le temps de for­ma­tion théo­ri­que (aca­dé­mi­que) et pra­ti­que (for­ma­tion cli­ni­que) en 4 années uni­ver­si­tai­res pour sou­te­nir le pro­ces­sus de pro­fes­sion­na­li­sa­tion et d’acqui­si­tion des com­pé­ten­ces ciblées pour être Infirmière géné­ra­liste », dis­po­si­tif inté­grant :
o l’aug­men­ta­tion mul­ti­fac­to­rielle des besoins de santé de la popu­la­tion, confron­tée à des dif­fi­cultés d’accès aux soins et d’adap­ta­tion aux contex­tes envi­ron­ne­men­taux de vie,
o les com­pé­ten­ces nou­vel­les reconnues dans la régle­men­ta­tion (exem­ples : pres­crip­tion vac­ci­nale ou sub­sti­tuts nico­ti­ni­ques) et celles asso­ciées à la coor­di­na­tion, l’orien­ta­tion et l’orga­ni­sa­tion des acti­vi­tés de santé de manière sys­té­mi­que, plu­ri­pro­fes­sion­nelle et spé­ci­fi­que,
o la com­pen­sa­tion des man­ques actuels d’ensei­gne­ments aca­dé­mi­ques et cli­ni­ques, prio­ri­tai­re­ment en psy­chia­trie et santé men­tale, en santé des enfants, de la famille et en pédia­trie, sur les soins cri­ti­ques,
o la néces­sité de diver­si­fier les typo­lo­gies de stages ren­for­çant l’adap­ta­tion des savoirs aux dif­fé­ren­tes formes d’exer­cice auprès des popu­la­tions requé­ran­tes,
o la pro­mo­tion de la santé per­son­nelle des infir­miè­res,
o la confor­mité d’employa­bi­lité, notam­ment au sein des pays euro­péens.

Ainsi, inves­tir dans la for­ma­tion des infir­miè­res, c’est inves­tir dans un sys­tème de santé plus effi­cace et plus rési­lient. Une année sup­plé­men­taire pour­rait cons­ti­tuer une année de conso­li­da­tion pen­dant laquelle l’étudiant infir­mier exer­ce­rait des res­pon­sa­bi­li­tés plus impor­tan­tes que celles du niveau de 3ème année mais sans avoir celles d’une infir­mière diplô­mée d’état, leviers pour confor­ter les étudiants dans leurs capa­ci­tés à exer­cer en tant qu’infir­mière géné­ra­liste, sou­te­nant le pro­ces­sus d’inté­gra­tion.

Le CNPI pré­co­nise cette qua­trième année de pro­fes­sion­na­li­sa­tion sur le modèle du « doc­teur junior » pour conso­li­der l’appren­tis­sage aca­dé­mi­que et pra­ti­que en milieux cli­ni­ques, levier d’employa­bi­lité et de fidé­li­sa­tion. Une année sup­plé­men­taire offri­rait une for­ma­tion plus abou­tie, per­met­tant :
o aux étudiants 4ème année en statut « infir­mière junior » d’appré­hen­der les spé­ci­fi­ci­tés de milieux d’exer­cice vers les­quels se por­tent leurs sou­haits d’orien­ta­tion, sou­te­nant le pro­ces­sus de déci­sion réflexive par cette immer­sion pro­fes­sion­na­li­sante accom­pa­gnée,
o aux infir­miè­res diplô­mées de jouer un rôle encore plus cen­tral dans l’éducation à la santé, les soins pri­mai­res et com­mu­nau­tai­res, la pré­ven­tion des mala­dies et la pro­mo­tion du bien-être.

L’année junior pré­co­ni­sée par le CNPI s’ins­crit comme l’une de ces actions concou­rant à la santé per­son­nelle de l’infir­mière novice.

Le CNPI s’est inter­rogé sur les options exis­tan­tes en termes de finan­ce­ment dans le pay­sage règle­men­taire natio­nal et régio­nal, celles à mettre en syner­gie et celles qu’il fau­drait savoir inven­ter. L’une des pistes de finan­ce­ment de cette 4ème année pour­rait être celle du contrat de pro­fes­sion­na­li­sa­tion, à voca­tion qua­li­fiante, option qui pour­rait également neu­tra­li­ser les crain­tes d’une année blan­che et favo­ri­ser l’inté­gra­tion de l’infir­mière junior, sou­te­nant l’adap­ta­tion de ses com­pé­ten­ces pro­fes­sion­nel­les aux besoins des acti­vi­tés.

Conclusion

Les pré­co­ni­sa­tions du CNPI, ren­dues au titre de sa mis­sion de ser­vice public, ont eu pour ambi­tion de mettre en pers­pec­tive les axes de ques­tion­ne­ments pro­téi­for­mes iden­ti­fiés comme sus­cep­ti­bles de réus­sir la trans­for­ma­tion ciblée en fai­sant conver­ger les leviers des dis­po­si­tifs de for­ma­tion ini­tiale uni­ver­si­taire avec ceux de l’adap­ta­tion à l’emploi.

Répondre aux besoins de santé crois­sants des popu­la­tions et des col­lec­ti­vi­tés sup­pose un par­cours pro­fes­sion­na­li­sant infir­mier inno­vant, notam­ment de for­ma­tion adap­tée aux nou­veaux défis, conçue en tra­jec­toire. En l’état, cela sup­pose de conju­guer les talents et les atouts com­plé­men­tai­res de l’uni­ver­sité avec ceux des autres modes de for­ma­tion d’adap­ta­tion à l’emploi, des employeurs, des régions, des dépar­te­ments et des villes.

Pour le CNPI, reconnai­tre, déve­lop­per, conser­ver les com­pé­ten­ces infir­miè­res en exer­cice, com­plé­men­tai­res à celles des autres pro­fes­sions notam­ment de santé, sont autant de leviers pour cette réforme poli­ti­que­ment ambi­tieuse, garan­tis­sant, dans tous les ter­ri­toi­res fran­çais et en proxi­mité, l’équilibre équitable d’un sys­tème de santé pérenne pour les géné­ra­tions futu­res.

En télé­char­ge­ment ci-des­sous, la syn­thèse (6 pages) et le Livre Blanc (215 pages)

Voir également :
 Le Conseil National Professionnel Infirmier sort un livre blanc sur la refonte du métier
https://www.infir­miers.com/pro­fes­sion-ide/actua­lite-sociale/le-conseil-natio­nal-pro­fes­sion­nel-infir­mier-sort-un-livre-blanc-sur-la-refonte-du-metier
 Un « livre blanc » de la refonte de la pro­fes­sion infir­mière
https://www.san­te­men­tale.fr/2025/02/refonte-du-metier-infir­mier-le-cnpi-publie-son-livre-blanc/
 Un Livre Blanc pour une refonte "éclairée" du métier infir­mier
https://www.infir­miers.com/pro­fes­sion-ide/com­pe­tence-et-role-propre/un-livre-blanc-pour-une-refonte-eclai­ree-du-metier-infir­mier
 Le CNPI publie un livre blanc dédié à l’évolution de l’exer­cice et de la for­ma­tion des infir­miè­res
https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/229560/le-cnpi-publie-un-livre-blanc-dedie-a-levo­lu­tion-de-lexer­cice-et-de-la-for­ma­tion-des-infir­mie­res-docu­ment/
 Le Conseil natio­nal pro­fes­sion­nel pré­co­nise de ren­for­cer la reconnais­sance des com­pé­ten­ces infir­miè­res (livre blanc)
https://www.aefinfo.fr/depe­che/726493-le-conseil-natio­nal-pro­fes­sion­nel-pre­co­nise-de-ren­for­cer-la-reconnais­sance-des-com­pe­ten­ces-infir­mie­res-livre-blanc
 Le Conseil National Professionnel Infirmier sort un livre blanc sur la refonte du métier
https://docu­men­ta­tion.onisep.fr/index.php?lvl=notice_dis­play&id=123973

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Médicaments cytotoxiques : sauver des vies en risquant la sienne

Ils sauvent des vies. Mais ils menacent aussi celles qui les administrent. Dans les services (…)

Protéger ceux qui soignent, c’est protéger la santé des français

À la suite d’une agression commise contre une infirmière libérale, une vingtaine d’organisations (…)

Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers !

Paris le 20 août 2025 - À l’heure où notre système de santé traverse une période de tension et (…)

Infirmières face aux inégalités de santé : "aller-vers" la justice sociale

Les inégalités sociales de santé ne sont pas des abstractions statistiques. Elles se mesurent en (…)

Soigner les soignants : des discours aux actes, le fossé se creuse

Des soignants en bonne santé, c’est la base pour des soins de qualité et des patients en (…)