Touche pas à mon décret !

5 juin 2008
Le ministère se livre à une attaque sans précédent de notre profession : faire sauter le décret de compétence pour le remplacer par une "logique de mission" permettant toutes les dérives possibles.
Lors de la conférence de presse du 16 avril 2008 de présentation de la recommandation sur « les conditions de nouvelles formes de coopération entre professionnels de santé », Laurent DEGOS président de la HAS et Yvon Berland (rapport sur les transferts de compétences) ont annoncé une « révolution » en ce qui concerne l’encadrement juridique des professions réglementées et particulièrement celle des infirmières : pour eux il faut « dépasser l’approche nécessairement restrictive d’une liste d’actes autorisés par profession pour évoluer vers une logique de mission ».
En clair, cette soit disant révolution signe sans ambiguïté le démantèlement de notre profession au profit de « nouveaux métiers » moins formés et donc moins payés comme par exemple les techniciens de blocs opératoires préconisés par monsieur Valencien pour remplacer les IBODE, ou les "assistants en gérontologie" nouvelle invention de la DHOS !
La recommandation de la HAS propose de supprimer de l’article L 4161-1 du Code de la Santé Publique, le passage selon lequel les IDE pratiquent « des actes professionnels prévus dans la nomenclature fixée par arrêté » par la formule « leurs missions professionnelles dans les conditions définies par la loi ».
Ces recommandations impliquent une perte d’importance des décrets d’actes, donc la disparition de toute référence à des actes techniques et du contour définit de l’exercice illégal de la profession d’infirmier. Le décret de compétence constitue le coeur de notre exercice : sa mise à l’écart rendrait possible toutes les dérives.
Ce document de la Haute Autorité de Santé propose « d’éviter que la référence aux actes constitue le mode exclusif d’autorisation d’intervention des infirmiers » (p 33), souhaite la « perte d’importance du décret d’actes » (p 34).
Abandonnant toute sa rigueur méthodologique, la HAS a traité ces transferts de compétences avec la plus grande désinvolture, signe de la considération qu’elle peut avoir pour notre profession. En effet, les recommandations de la HAS s’appuient :
sur une consultation publique de la HAS de 286 répondants anonymes...
sur des groupes d’experts choisi par la HAS, où les représentations infirmières sont cruellement absentes...
sur les conclusions des EGOS qui se sont passés des avis des infirmiers...
Face à cette attaque sans précédent, la FNI, principal syndicat d’infirmières libérales, et le SNPI, qui représente les infirmières salariées, ont décidé de proposer une pétition commune : infirmières des secteurs publics, privés et libéraux, unissez vous dans un front commun !
Le 5 juin, la FNI a réuni ses cadres militants à Brest, et le SNPI ses responsables de sections à Paris : tous repartent gonflés à bloc dans leurs départements pour se lancer dans la plus grande campagne jamais organisée.
La FNI et le SNPI ont mis leurs moyens militants en commun pour lancer une pétition unitaire "en mettant le paquet" :
50.000 brochures
200.000 tracts
Les infirmières des secteurs publics, privés et libéraux, s’unissent ainsi dans un front commun pour défendre ce qui représente l’ossature de notre profession.
SIGNEZ ET FAITES SIGNER CETTE PETITION !
PREVENEZ VOS COLLEGUES !
FAITES CIRCULER LA PETITION SUR INTERNET :
TOUTE LA PROFESSION DOIT SE MOBILISER !
Pour des raisons légales, en bas de pétition les sigles de nos syndicats sont indiqués, mais le document (en téléchargement en haut à gauche) est volontairement en word, pour vous permettre de supprimer cette ligne si cela vous pose problème, ou de la remplacer par le sigle de votre association si vous souhaitez vous l’approprier : l’important est qu’un maximum de professionnelles signent.
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Réponse du Ministère :
Joint par l’APM (Agence de Presse Médicale), le ministère de la santé a confirmé vendredi la possibilité de transformer le décret d’actes en décret décrivant les missions des infirmiers, dont les actes seraient alors définis par arrêtés.
Cela supposerait une modification du code de la santé publique pouvant intervenir dans le cadre de la loi "santé, patients et territoires" qui sera présentée à l’automne, mais rien n’est encore arrêté, souligne-t-on au ministère de la santé, qui rappelle que
la concertation reste ouverte.
"Cela correspond à ce qui a été acté pendant les états généraux de l’organisation de
la santé (Egos). Il n’y a pas d’inquiétude à avoir, tout sera rediscuté, y compris le partage des tâches et des compétences, dans le cadre de la concertation et de la
préparation de la loi", explique le ministère.
Réaction des syndicats :
Nous ne savons pas à quelle concertation le Ministère fait référence, car ni les organisations de salariés ni les syndicats de libéraux ont été consultés la dessus.
Quant aux EGOS, le discours de la Ministre a été couvert par les sifflets et les cornes de brumes qui résonnaient dans la salle choquée par ces propos !
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La pétition a déjà été reprise sur de nombreux sites. Si vous la mettez sur votre blog ou votre site, merci de nous l’indiquer par le bouton "nous contacter" (barre verte en haut de l’écran), afin que nous rajoutions le lien dans la liste ci dessous :
Autres organisations infirmières :
bien sur FNI : http://www.fni.fr/rubrique.php3?id_rubrique=13
et ONSIL : http://www.onsil.fr/fr/actualites/2008/06/telechargez-la-petition-nationale-signez-et-faites-signer-115.html
Forum d’infirmiers de santé au travail :
http://infirmierst.forumactif.com/tribune-libre-f28/sauvons-notre-decret-de-competence-t666.htm
Forum soins infirmiers à domicile :
http://forum.aressad.net/setopic-1601-.html
Forum du SNIIL :
http://www.sniil.fr/cgi-bin/forum/forum.cgi?message&no=90606113521
Forum FNI 07 :
http://fni07.unblog.fr/tag/actualite/
http://fni38.fr/
Forum étudiants :
http://www.etudiantinfirmier.com/forum/viewtopic.php?t=14409
http://ifsi2008.forumactif.com/divers-f8/sauvons-notre-decret-de-competence-t612.htm
http://imfsi.fr/forum/viewtopic.php?p=600
http://www.forum.imfsi.fr/viewtopic.php?t=209
http://www.poulstension.fr/viewtopic.php?f=28&t=262
Forum IADE :
http://www.laryngo.com/phpBB2/viewtopic.php?p=17544
http://www.ciarcr.org/SITE/Modif-du-decret-d-actes?var_mode=calcul
http://sofia.medicalistes.org/spip/spip.php?page=forum-news
Divers :
http://www.infirmiers.com/frm/viewtopic.php?p=1554915#1554915
http://infirmier-general.forumactif.com/infirmiers-f5/sauvons-notre-decret-de-competence-t929.htm
http://esi-ide-prosante.forumactif.com/forum-des-invites-f34/sauvons-notre-decret-de-competence-t2350.htm
http://www.soignants.com/sn/newbb/viewtopic.php?topic_id=1862&forum=4
http://paramed.forumactif.com/infirmiers-de-f26/sauvons-notre-decret-de-competence-t2588.htm
http://profession-infirmier.forumpro.fr/forum-du-site-santeprendrelatetecom-f1/sauvons-notre-decret-de-competence-t78.htm
http://proenfant.canalblog.com/archives/2007/04/04/4209681.html#c15387403
http://alavotre.blog.lemonde.fr/2007/02/19/delegation-de-taches-nouveaux-metiers-lenjeu-crucial-de-la-formation-yvon-berland/#comment-1634
http://infirmiere.blogs.liberation.fr/anne_perraut_soliveres/2007/05/ah_les_droits_d.html#comment-117825686
http://www.fni.fr/voirsujet.php3?id_forum=3083&id_rubrique=36
http://turandot.over-blog.net/article-20224410.html
http://christopheguilard.blogspot.com/
http://www.ide-liberal.com/index.php?rubid=6&artid=586&PHPSESSID=fba2fb22a3e02af5574318b955364aa9
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Voyez par vous même les pages 33 et 34 du rapport :
3.2 Redéfinir le cadre juridique de l’exercice des professions de santé
Dans une perspective de développement des nouvelles formes de coopération, une modification
importante du cadre juridique apparaît rapidement nécessaire. En effet, le cadre actuel peut certes
être aménagé mais ces aménagements restent toujours ponctuels et ne permettent pas
d’accompagner des évolutions plus importantes. Il s’agit donc ici de proposer un cadre juridique
rénové reposant sur un modèle mixte de définition des professions. Ce cadre demande un
aménagement des règles déontologiques des professions afin de tenir compte du développement
éventuel des nouvelles formes de coopération. De même, il peut être nécessaire de prévoir des
mécanismes de gestion des risques (et de négociation) afin de limiter d’éventuels surcoûts
assurantiels.
3.2.1 Définir les professions de santé selon un modèle mixte
Afin d’adapter le cadre juridique en vue de développer de nouvelles formes de coopérations, il
semble nécessaire de sortir du système actuel de définition des professions, organisé autour des
décrets d’actes, en privilégiant un système dans lequel les professions seraient définies - à l’instar
des professions médicales (médecin, chirurgien-dentiste et sage-femme) et des professions de la
pharmacie - en fonction de types d’interventions ou de missions, bornées par certains critères.
Une telle évolution fait écho à certains exemples étrangers, notamment en Grande-Bretagne, en
Suède et dans certaines provinces du Canada. Les infirmiers sont, dans ces États, plus
autonomes, en ce qui concerne l’activité diagnostique et la possibilité de prescription. Cette
autonomie est autorisée par la définition des professions à partir de leurs missions44.
La notion de mission est moins limitative que celle d’acte, dans la mesure où elle renvoie à l’idée
d’un but à atteindre, tandis que la notion d’« acte » est plus technique.
L’exemple des sages-femmes montre qu’une organisation des professions autour des missions,
au-delà des seuls actes, est possible. Si la notion de mission d’intervention est
centrale, il n’apparaît pas souhaitable de proposer un modèle « pur » de définition des professions.
Un modèle mixte, reposant sur une logique « mission-limites » et faisant référence aux actes selon
une distribution renvoyant aux particularités de chaque profession, dans la mesure où ceux-ci font
partie intégrante de la logique générale du système de droit français en la matière, semble plus
pertinent.
La définition des missions et des limites peut alors être construite en référence à certains actes
professionnels particuliers, et notamment en ce qui concerne les limites interventionnelles. De
plus, il peut être utile de viser certains actes pour préciser les modalités de coopération entre
professionnels, à l’image des rapports entre médecins et sages-femmes.
Il ne s’agit donc pas d’exclure toute référence aux actes mais d’éviter que la référence aux actes
constitue le mode exclusif d’autorisation d’intervention d’un professionnel sur le corps d’un patient.
L’importance des actes dans la définition de ces professions variera selon le degré d’autonomie et
selon le contenu de la formation des auxiliaires de santé. Si les métiers d’infirmier et de
kinésithérapeute, voire de pédicure-podologue, s’adaptent bien au modèle mission-limites,
l’activité d’autres professions d’auxiliaires médicaux peut rester plus centrée sur la réalisation de
certains actes précis.
3.2.2 De la définition par les actes à un modèle mixte : impact sur les textes réglementaires
De telles évolutions de définition des compétences impliquent certaines modifications des textes
législatifs et réglementaires, qui concernent notamment le droit des professions de santé. Un
travail de fond, intégrant la participation étroite des professionnels de santé et de leurs
représentations apparaît souhaitable. Ce travail pourrait, à terme, déboucher sur des évolutions
des textes et notamment de l’article L. 4161-1 du Code de la santé publique, consacré à l’exercice
illégal de la médecine, renvoyant à l’arrêté du 6 janvier 1962, qui fixe la liste des actes médicaux
pouvant être pratiqués exclusivement par des médecins, sous leur prescription ou sous leur
contrôle immédiat.
Par exemple, les deux modifications suivantes pourraient être apportées à l’article L. 4161-1 du
Code de la santé publique45 :
supprimer du premier alinéa la formule : « ou pratique l’un des actes professionnels prévus
dans une nomenclature fixée par arrêté du ministre chargé de la santé pris après avis de
l’Académie nationale de médecine » ;
modifier le second alinéa en remplaçant la formule « dans les conditions prévues par décret
en Conseil d’État pris après avis de l’Académie nationale de médecine, les actes
professionnels dont la liste est établie par ce même décret », par la formule « leurs missions
professionnelles dans les conditions définies par la loi ».
Les alinéas 1 et 2 de l’article L. 4161-1 seraient donc rédigés comme suit :
alinéa 1 : « Exerce illégalement la médecine : 1º Toute personne qui prend part
habituellement ou par direction suivie, même en présence d’un médecin, à l’établissement
d’un diagnostic ou au traitement de maladies, congénitales ou acquises, réelles ou
supposées, par actes personnels, consultations verbales ou écrites ou par tous autres
procédés quels qu’ils soient, sans être titulaire d’un diplôme, certificat ou autre titre mentionné
à l’article L. 4131-1 et exigé pour l’exercice de la profession de médecin (...) » ;
alinéa 2 : « Les dispositions du présent article ne s’appliquent pas aux étudiants en médecine
ni aux sages-femmes, ni aux infirmiers ou gardes-malades qui agissent comme aides d’un
médecin ou que celui-ci place auprès de ses malades, ni aux personnes qui accomplissent
leurs missions professionnelles dans les conditions déterminées par la loi ».
Le système proposé implique une perte d’importance des « décrets d’actes » mais il ne signifie
pas leur disparition. En effet, si les listes d’actes inclus dans les décrets ne sont plus, pour
certaines professions, limitatives, ces décrets perdront, ipso facto, de leur importance.
D’autres normes réglementaires pourront, cependant, prendre le relais : les codes de déontologie.
Il en est ainsi, en effet, à l’heure actuelle, en ce qui concerne la profession de sage-femme, dont le
code contient des règles relatives à la « coopération » entre ces professionnels et les médecins.