12 mai : Journée internationale de l’infirmière (JII)

12 mai 2011

La Journée inter­na­tio­nale de l’infir­mière (JII) est célé­brée dans le monde entier le 12 mai, jour anni­ver­saire de la nais­sance de Florence Nightingale. Le CII com­mé­more chaque année cette date impor­tante par la pro­duc­tion et la dis­tri­bu­tion de dos­siers. Le kit de la JII 2011 contient du maté­riel éducatif et d’infor­ma­tion publi­que, à l’usage des infir­miè­res par­tout dans le monde.

Le thème de la jour­née 2011 est : Combler l’écart : amé­lio­rer l’accès et l’équité. Le contenu de ce kit, y com­pris le poster, est télé­char­gea­ble ici afin qu’il soit dis­po­ni­ble pour chaque infir­mière, asso­cia­tions, minis­tè­res de la santé ou autres ins­ti­tu­tions de santé : http://www.icn.ch/images/sto­ries/docu­ments/publi­ca­tions/ind/ind­kit2011_fr.pdf

Même si chaque année les acti­vi­tés de la JII se dérou­lent vers le 12 mai, cette année, elles conti­nue­ront bien après cette date et seront menées par des infir­miè­res et d’autres per­son­nes. Nous encou­ra­geons vive­ment toutes les infir­miè­res où qu’elles se trou­vent à faire le plus grand usage pos­si­ble de cette cam­pa­gne pour Combler l’écart : amé­lio­rer l’accès et l’équité durant toute l’année, que ce soit indi­vi­duel­le­ment ou en grou­pes.

Le lien fon­da­men­tal entre la santé et le contexte de vie a été reconnu en 2005, date à laquelle l’Organisation mon­diale de la santé (OMS) a mis sur pied sa Commission des déter­mi­nants sociaux de la santé (CDSS) « afin de réunir des éléments pro­bants sur les moyens de pro­mou­voir l’équité en santé et de donner l’élan néces­saire au niveau mon­dial pour passer à l’action » (CDSS 2008).

La Commission sou­li­gne (CDSS 2008, p. 188) que les infir­miè­res, entre autres mem­bres des pro­fes­sions médi­ca­les et de santé, ont un rôle à jouer dans la réa­li­sa­tion de l’équité en santé et qu’elles doi­vent com­pren­dre par­fai­te­ment la manière dont le sec­teur de la santé peut agir
pour réduire les iné­ga­li­tés face à la santé. Les infir­miè­res doi­vent en outre com­pren­dre leur propre rôle en matière de four­ni­ture de soins de santé équitables et acces­si­bles.

Coûts et ration­ne­ment des soins de santé

La pres­ta­tion des ser­vi­ces de santé repré­sente une part importe, et sou­vent crois­sante, des res­sour­ces bud­gé­tai­res des États, en par­ti­cu­lier ceux ayant pris un enga­ge­ment poli­ti­que envers l’uni­ver­sa­lité des soins. Plusieurs fac­teurs ten­dent à aug­men­ter les coûts : aug­men­ta­tion et vieillis­se­ment de la popu­la­tion, exi­gen­ces plus élevées de la part des
patients, prix des nou­vel­les tech­no­lo­gies et des thé­ra­pies phar­ma­ceu­ti­ques. Dans de nom­breux pays en déve­lop­pe­ment contraints d’aug­men­ter de manière impor­tante leurs bud­gets de santé pour répon­dre aux besoins fon­da­men­taux de la popu­la­tion, les sys­tè­mes de santé sont en concur­rence avec d’autres sec­teurs publics pour se tailler un « espace
fiscal » à la mesure de leurs besoins (CII & OMS 2009).

Le ration­ne­ment est l’une des solu­tions à cette ten­sion dans le sec­teur de la santé. Dans cer­tains cas, le ration­ne­ment est expli­cite : l’accès à cer­tains trai­te­ments ou ser­vi­ces finan­cés par le sec­teur public sera limité en fonc­tion de cri­tè­res tels que l’évaluation du besoin cli­ni­que rela­tif ou le revenu, de telle sorte que le sec­teur public ne four­nisse le ser­vice
qu’aux per­son­nes inca­pa­bles de le payer ; dans d’autres cas, des trai­te­ments sont exclus de la prise en charge par le sec­teur public du fait de leur inu­ti­lité ou de leur inef­fi­ca­cité au regard de l’amé­lio­ra­tion de la santé (exem­ple : la chi­rur­gie esthé­ti­que).

Certains obser­va­teurs esti­ment que le refus de trai­ter une per­sonne est, en soi, contraire à l’éthique (voir par exem­ple Wood 2010). D’autres sou­tien­nent qu’un méca­nisme de ration­ne­ment trans­pa­rent
est la condi­tion préa­la­ble d’un débat public autour des prio­ri­tés de santé dans un contexte de limi­ta­tion des res­sour­ces dis­po­ni­bles.

Le ration­ne­ment impli­cite est cepen­dant plus fré­quent. Les mesu­res de réduc­tion des coûts se tra­dui­sent par un dur­cis­se­ment des cri­tè­res d’admis­sion à l’hôpi­tal et par une dimi­nu­tion de la durée des séjours hos­pi­ta­liers. Dans le même temps, les contrain­tes bud­gé­tai­res
entraî­nent des réduc­tions d’effec­tifs. Le ration­ne­ment des soins infir­miers « est une consé­quence par­fois direc­te­ment obser­va­ble de la fai­blesse des niveaux de dota­tion en effec­tifs » : en effet, les infir­miè­res doi­vent appli­quer leur juge­ment cli­ni­que « à l’établissement de prio­ri­tés dans leurs évaluations et inter­ven­tions » (Schubert et al. 2008, pp. 227-228).

Ce phé­no­mène influence direc­te­ment la qua­lité des soins et des résul­tats pour les patients. Il reflète d’autre part le fait que les infir­miè­res doi­vent pren­dre tous les jours des déci­sions concer­nant le niveau des soins qu’elles pro­di­guent au profit de quels patients. Il importe donc que les ques­tions rela­ti­ves à l’équité soient ana­ly­sées et évaluées à chacun de
ces niveaux.

Dans une réflexion sur le ration­ne­ment des soins fondé sur le cri­tère d’âge, Dey et Fraser sou­li­gnent que la volonté de contrô­ler les coûts de la santé et d’ima­gi­ner de nou­vel­les maniè­res d’allouer les res­sour­ces dis­po­ni­bles sus­cite un cer­tain nombre de pro­blè­mes déon­to­lo­gi­ques. Les deux auteurs relè­vent que l’âge, entre autres fac­teurs, est un cri­tère de
ration­ne­ment « impor­tant mais impli­cite au niveau cli­ni­que » (Dey & Fraser 2000, p. 530). Ils sug­gè­rent l’exis­tence d’une cer­taine tolé­rance envers « le ration­ne­ment fondé sur l’âge, par oppo­si­tion à d’autres motifs tels que le sexe, la classe sociale ou l’ori­gine eth­ni­que » (Dey & Fraser 2000, p. 517).

Nouveaux rôles infir­miers

L’appa­ri­tion de nou­veaux rôles infir­miers a été étudiée en tant que stra­té­gie impor­tante
d’amé­lio­ra­tion de l’accès à de nom­breux ser­vi­ces.
Le déploie­ment accé­léré de nou­vel­les caté­go­ries d’infir­miè­res et le ren­for­ce­ment des rôles
d’infir­mière cli­ni­cienne spé­cia­li­sée et d’infir­mière pra­ti­cienne ont amé­lioré la qua­lité des soins
et dimi­nué les coûts orga­ni­sa­tion­nels.

Chapman et al. ont pro­cédé à un examen des
stra­té­gies uti­li­sées pour amé­lio­rer l’accès aux soins de santé pri­mai­res au Royaume-Uni. Ils
ont cons­taté que les auto­ri­tés ont recours à des ser­vi­ces de soins infir­miers pri­mai­res gérés
par des infir­miè­res pour « amé­lio­rer l’accès aux ser­vi­ces dans les régions où le recru­te­ment
et la fidé­li­sa­tion des méde­cins géné­ra­lis­tes sont dif­fi­ci­les ». Ils ont aussi observé que le
triage et les consul­ta­tions télé­pho­ni­ques par des infir­miè­res per­met­tent d’économiser du
temps et d’amé­lio­rer l’accès sans affec­ter la qua­lité des soins (même si les auteurs relè­vent
que le recours au télé­phone risque de com­pro­met­tre l’accès des per­son­nes ne maî­tri­sant
pas la langue anglaise, souf­frant de trou­bles de l’audi­tion ou de la parole ou n’ayant pas
accès au télé­phone) (Chapman et al. 2004).

Selon Cohn, les infir­miè­res, compte tenu de leur expé­rience dans les soins directs et dans la
com­mu­ni­ca­tion avec les patients, ainsi que du haut degré de confiance dont elles jouis­sent
auprès du public dans de nom­breux pays, sont « dans une situa­tion pri­vi­lé­giée » pour faire
en sorte que les patients soient bien infor­més et que des pro­to­co­les de recher­che
garan­tis­sent la par­ti­ci­pa­tion et la repré­sen­ta­tion de tous les grou­pes de popu­la­tion. « En
par­ti­cu­lier, les infir­miè­res sont cons­cien­tes de l’impor­tance, pour la ges­tion et le trai­te­ment
des mala­dies, de la col­la­bo­ra­tion avec les popu­la­tions mar­gi­na­li­sées » (Cohn 2007, p. 274).

**************************************

chers col­lè­gues,

En dépit des pro­grès nota­bles enre­gis­trés dans la réa­li­sa­tion des objec­tifs du Millénaire pour le déve­lop­pe­ment, d’impor­tants écarts per­sis­tent en termes d’état de santé et d’espé­rance de vie entre les pays à revenu faible, moyen et élevé, entre les hommes et les femmes et entre les cita­dins et les ruraux.

La pos­si­bi­lité d’accé­der aux ser­vi­ces de santé est un fac­teur déter­mi­nant de
l’amé­lio­ra­tion de la santé, du bien-être et de l’espé­rance de vie de toutes les popu­la­tions. Or, la réa­li­sa­tion de cette exi­gence fon­da­men­tale est limi­tée par des contrain­tes liées aux coûts, à la langue, à la dis­tance, aux poli­ti­ques et aux pra­ti­ques, entre autres nom­breux fac­teurs.

En tant que prin­ci­pal groupe – et, dans cer­tains cas, seul groupe – de
pro­fes­sion­nels de la santé assu­rant les soins de santé pri­mai­res dans nombre des contex­tes les plus dif­fi­ci­les, les infir­miè­res jouent un rôle essen­tiel dans l’amé­lio­ra­tion de l’équité et de l’accès aux soins de santé, ainsi que des résul­tats des soins.

La « boîte à outils » publiée à l’occa­sion de la Journée inter­na­tio­nale des infir­miè­res 2011 a pour objet de mieux faire com­pren­dre les notions d’accès et d’équité en santé, de même que les consé­quen­ces des iné­ga­li­tés face à la santé. Elle expli­que com­ment lever les obs­ta­cles qui com­pro­met­tent l’accès et l’équité. La « boîte à outils » sou­li­gne en outre l’impor­tance des déter­mi­nants sociaux de la santé, en mon­trant com­ment les infir­miè­res peu­vent y remé­dier et, ce fai­sant, amé­lio­rer l’accès aux soins qu’elles pro­di­guent et oeu­vrer en faveur de l’équité en santé.

Le Conseil inter­na­tio­nal des infir­miè­res estime que les infir­miè­res ont un rôle impor­tant à jouer en faveur de l’équité en santé et de la com­pré­hen­sion de la manière dont le sec­teur de la santé peut agir pour réduire les iné­ga­li­tés face à la santé.

Avec nos meilleurs mes­sa­ges,
Rosemary Bryant
Présidente du CII

****************************************

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Des médicaments dans l’eau, et personne pour les filtrer ?

L’eau du robinet contient aujourd’hui plus de résidus médicamenteux que de pesticides. Et tout (…)

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)

Ratios infirmiers : une exigence mondiale, un combat syndical, une loi en attente

Tout le monde le reconnaît désormais : la qualité des soins dépend de la présence suffisante (…)