Bilan Enquète DRESS sur les conditions de travail

6 février 2006

Les conditions de travail perçues par les professionnels des établissements de sant

L’enquête « Conditions et orga­ni­sa­tion du tra­vail à l’hôpi­tal » réa­li­sée en 2003 par la DREES auprès d’un échantillon de 5.000 sala­riés des établissements de santé (publics ou privés) permet de dres­ser un pano­rama des condi­tions de tra­vail per­çues par les actifs hos­pi­ta­liers et de les com­pa­rer avec celles décla­rées en 1998 par l’ensem­ble des actifs occu­pés dans l’enquête « condi­tions de tra­vail de la Dares ».

L’exé­cu­tion du tra­vail des soi­gnants requiert des efforts d’atten­tion plus exi­geants qu’en 1998. Les efforts phy­si­ques sont également plus sou­vent signa­lés. Les infir­miè­res esti­ment aussi plus sou­vent man­quer de temps pour faire cor­rec­te­ment leur tra­vail. La néces­sité d’appli­quer stric­te­ment les consi­gnes pour faire cor­rec­te­ment son tra­vail s’est ren­for­cée en cinq ans.

Dans l’ensem­ble, pour les soi­gnants, le sen­ti­ment de vivre des moments très posi­tifs dans leurs rela­tions avec les patients l’emporte sur celui de vivre des situa­tions très péni­bles.

La fré­quence des situa­tions de ten­sion semble rela­ti­ve­ment stable : 53 % des infir­miè­res font état de telles ten­sions, et 73 % des infir­miè­res disent se sentir expo­sées à des agres­sions ver­ba­les, 60 % des infir­miè­res indi­quent qu’elles ont été effec­ti­ve­ment sujet­tes à ce type d’agres­sion.

Les efforts d’atten­tion deman­dés sem­blent être deve­nus plus exi­geants qu’en 1998. On peut y voir une tra­duc­tion de l’uti­li­sa­tion crois­sante de l’infor­ma­ti­que (la lec­ture de signes de petite taille concerne plus les infir­miè­res), de la mul­ti­pli­ca­tion et de la minia­tu­ri­sa­tion des appa­reils à l’hôpi­tal et, plus géné­ra­le­ment, la per­cep­tion par les pro­fes­sion­nels d’une tech­ni­cité crois­sante des tâches qu’ils ont à effec­tuer.

Les efforts phy­si­ques sont également plus sou­vent signa­lés. En 2003, la pro­por­tion du per­son­nel soumis à la sta­tion debout pro­lon­gée et au port de char­ges lour­des est restée stable par rap­port à 1998. Par contre, les parts des per­son­nes disant mar­cher beau­coup et sou­vent, et effec­tuer des mou­ve­ments dou­lou­reux ou fati­gants ont aug­menté res­pec­ti­ve­ment de 7 et 10 points.

Quant aux cinq ris­ques phy­si­ques énumérés dans l’enquête (res­pi­rer des toxi­ques, ris­quer des irra­dia­tions, ris­quer des acci­dents de la cir­cu­la­tion, être en contact avec des pro­duits toxi­ques ou aller­gi­sants, ris­quer des bles­su­res avec du maté­riel), le per­son­nel des établissements de santé se sent glo­ba­le­ment plus exposé à ces deux der­niers ris­ques. Ainsi, 87 % des infir­miè­res se sen­tent expo­sées au risque de bles­su­res avec du maté­riel.

Le thème de l’envi­ron­ne­ment de tra­vail (saleté ou insa­lu­brité sur le lieu de tra­vail, bruits gênants, locaux mal adap­tés, niveau de tem­pé­ra­ture, tra­vail à la lumière arti­fi­cielle et ris­ques infec­tieux) est celui pour lequel les dif­fé­ren­ces entre les types d’établissements sont les plus mar­quées. Les pro­fes­sion­nels exer­çant dans les hôpi­taux publics décla­rent en géné­ral, toutes pro­fes­sions confon­dues, un envi­ron­ne­ment de tra­vail moins favo­ra­ble.

Cependant, les sala­riés du sec­teur public décla­rent glo­ba­le­ment davan­tage dis­po­ser de crè­ches que dans le privé (36 % contre 16 % pour le privé non lucra­tif et 9 % pour le privé lucra­tif). Les infir­miè­res et les aides-soi­gnan­tes du sec­teur public sont en par­ti­cu­lier plus cri­ti­ques sur leur envi­ron­ne­ment de tra­vail que leurs col­lè­gues des sec­teurs privés. Par exem­ple, 56 % des infir­miè­res consi­dè­rent que leurs locaux sont mal adap­tés.

Les infir­miè­res et aides-soi­gnan­tes des établissements de santé publics esti­ment plus que leurs col­lè­gues du privé, man­quer de temps pour faire cor­rec­te­ment leur tra­vail.

Le per­son­nel hos­pi­ta­lier (dont 93 % des infir­miè­res) dit essen­tiel­le­ment redou­ter en cas d’erreur pro­fes­sion­nelle des consé­quen­ces graves sur la qua­lité du ser­vice. Les infir­miè­res sont 86 % à évoquer les consé­quen­ces poten­tiel­le­ment graves de telles erreurs sur la sécu­rité des per­son­nes.

Exercer une auto­rité hié­rar­chi­que est moins sou­vent
déclaré en 2003 : seu­le­ment 30 % des infir­miè­res décla­rent avoir des sala­riés sous leur auto­rité, essen­tiel­le­ment sur des aspects orga­ni­sa­tion­nels ou tech­ni­ques comme la répar­ti­tion du tra­vail, l’évaluation de l’acti­vité et l’orga­ni­sa­tion des horai­res. La per­cep­tion par les per­son­nes tra­vaillant à l’hôpi­tal de l’exis­tence de contrôle de la hié­rar­chie sur les ryth­mes de tra­vail a de son côté aug­menté de 11 points.

Par contre, la pro­por­tion du per­son­nel décla­rant des ten­sions avec leurs supé­rieurs hié­rar­chi­ques est restée stable. Même si 59 % des infir­miè­res esti­ment rece­voir des ordres ou consi­gnes contra­dic­toi­res !
Il importe de mettre les char­ges men­ta­les impor­tan­tes en regard avec l’auto­no­mie et les marges de manœu­vre dont dis­po­sent les indi­vi­dus dans leur tra­vail, mais aussi la pos­si­bi­lité d’être créa­tif et d’uti­li­ser leur habi­lité per­son­nelle.Ce sont les soi­gnants (dont 60 % des infir­miè­res) qui disent le plus sou­vent se confor­mer stric­te­ment à des consi­gnes et pro­to­co­les. Seules, 17 % des infir­miè­res décla­rent pou­voir modi­fier « tout le temps » l’ordre de leurs tâches.

Les deux tiers des per­son­nes inter­ro­gées disent être aidées par leur hié­rar­chie pour la réso­lu­tion de tâches com­pli­quées. L’orga­ni­sa­tion du tra­vail est un sujet fré­quem­ment débattu en commun pour 84 % des infir­miè­res.
L’aide de col­lè­gues est pres­que tou­jours pos­si­ble en cas de tra­vail déli­cat, selon 95 % des infir­miè­res.
Mais elles sont aussi 57 % à ne pas dis­po­ser de col­lè­gues en nombre suf­fi­sant pour faire cor­rec­te­ment leur tra­vail.

La pro­fes­sion qui se sent la plus expo­sée, tant sur le plan de la charge men­tale que sur celui des contrain­tes phy­si­ques, reste celle des infir­miè­res, ce qui semble étayer la place char­nière qu’elles occu­pent au sein du monde hos­pi­ta­lier. Elles se situent en effet entre les aides-soi­gnan­tes citant plus sou­vent de fortes contrain­tes phy­si­ques et les méde­cins décla­rant une charge men­tale plus élevée que la moyenne.

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