CIF : Agir ensemble pour répondre aux besoins de santé

CIF collège infirmier français

24 janvier 2023

Le Collège Infirmier Français (CIF) a pour but d’apporter la meilleure réponse aux besoins de santé de la population, dans une vision positive et innovante de la profession Infirmière pour favoriser les parcours de soins et assurer l’attractivité professionnelle dans un contexte sanitaire actuellement en crise.

Lors de la pré­sen­ta­tion de ses vœux au Monde de la Santé le 6 jan­vier 2023, le Président de la République, a annoncé plu­sieurs mesu­res visant à sauver le sys­tème de santé.

Suite à ces annon­ces, le Collège Infirmier Français (CIF) demeure pru­dent. La réponse aux besoins de santé doit être immé­diate face à un sys­tème dégradé. Le sys­tème de santé est devenu mal­trai­tant vis-à-vis des infir­miers qui mul­ti­plient les arrêts de tra­vail, démis­sion­nent et chan­gent d’orien­ta­tion. Les infir­miè­res exer­cent un métier dif­fi­cile. La réponse aux besoins des usa­gers exige une impli­ca­tion, une capa­cité d’adap­ta­tion, de la réflexi­vité, un enga­ge­ment per­ma­nent et un haut niveau de res­pon­sa­bi­lité. Ces condi­tions d’exer­cice com­plexes ont un impact délé­tère sur la santé et la vie de famille des femmes et des hommes qui s’y emploient. La réponse aux besoins des usa­gers est idoine d’une pro­fes­sion de soi­gnants.

C’est pour­quoi, le CIF tient à dénon­cer les logi­ques admi­nis­tra­ti­ves, finan­ciè­res et cor­po­ra­tis­tes qui dégra­dent le tra­vail autant que la qua­lité des soins. Le CIF se réjouit à l’annonce du Président de la République de sortir par­tiel­le­ment de la tari­fi­ca­tion à l’acti­vité (T2A). Cette dis­po­si­tion lancée en 2004 occulte qua­si­ment les soins infir­miers induits par leur rôle propre. Elle a plombé les sys­tè­mes de santé géné­rant un climat d’angoisse et de malaise pour tous les acteurs de santé, et déshu­ma­ni­sant pour l’usager.

Pour garan­tir l’accès aux soins à tous, le Président de la République sou­haite valo­ri­ser les com­pé­ten­ces des infir­miers dans tous sec­teurs d’acti­vi­tés, à l’hôpi­tal comme à la ville. Pour le CIF, il convient d’aller plus loin en reconnais­sant une véri­ta­ble capa­cité de consul­ta­tion à l’infir­mière en pleine res­pon­sa­bi­lité y com­pris en primo consul­ta­tion sans néces­sité de consul­ta­tion médi­cale. Il s’agit de reconnaî­tre aujourd’hui, à l’instar d’autres pays, le rôle propre de l’infir­mier et les com­pé­ten­ces infir­miè­res ins­cri­tes dans le Code de la Santé Publique (CSP), c’est-à-dire la capa­cité de l’infir­mier à émettre un diag­nos­tic infir­mier, à soi­gner et orien­ter en tant que de besoin l’usager au sein du sys­tème de santé.

Combler le manque d’infir­miers ne consiste pas uni­que­ment à aug­men­ter le nombre d’étudiants. Pour conser­ver et fidé­li­ser les pro­fes­sion­nels formés, il convient de les accom­pa­gner tout au long de leur vie pro­fes­sion­nelle et d’amé­lio­rer leurs condi­tions de tra­vail, leur niveau de com­pé­ten­ces et de qua­li­fi­ca­tion par le déve­lop­pe­ment d’une dis­ci­pline uni­ver­si­taire en scien­ces infir­miè­res. Par ailleurs, la for­ma­tion ini­tiale est une appro­che par com­pé­ten­ces qui s’acquiè­rent prin­ci­pa­le­ment sur les lieux de stage. Or, sans infir­mier en nombre suf­fi­sant, l’accom­pa­gne­ment des futurs pro­fes­sion­nels devient une mis­sion irréa­li­sa­ble sus­ci­tant décou­ra­ge­ment et chan­ge­ment d’orien­ta­tion. 13% des effec­tifs de ren­trée quit­tent les ins­ti­tuts après deux mois de for­ma­tion.

Les condi­tions de tra­vail des soi­gnants ne fidé­li­sent pas les futurs pro­fes­sion­nels. Il ne s’agit pas de trou­ver une réponse par sec­teur d’acti­vité mais une réponse pre­nant en compte le sys­tème de santé dans sa glo­ba­lité en consi­dé­rant toutes les filiè­res qui le com­po­sent. C’est pour­quoi, le CIF pré­co­nise une réflexion col­lec­tive réu­nis­sant tous les acteurs impli­qués afin de répon­dre aux exi­gen­ces de for­ma­tion dans une pers­pec­tive LMD.

Le C.I.F demande que l’accès au pre­mier recours soit aussi reconnu à d’autres infir­miers exer­çant dans des domai­nes spé­ci­fi­ques pour la pré­ven­tion de la santé de manière auto­nome. Il regrette l’absence de prise en consi­dé­ra­tion de pra­ti­ques auto­no­mes reconnues par l’usager. Il appelle à l’opti­mi­sa­tion de l’accès aux soins par le déve­lop­pe­ment des consul­ta­tions infir­miè­res et à leur ren­for­ce­ment dans plu­sieurs champs d’acti­vi­tés : sco­laire, santé au tra­vail, péni­ten­cier, psy­chia­trie, libé­ral, centre de santé, éducation thé­ra­peu­ti­que, enté­ro­sto­ma­thé­ra­pie.

Une pro­po­si­tion de Loi portée par Stéphanie RIST, dépu­tée, sera exa­mi­née dans les jours à venir afin d’ouvrir un meilleur accès aux soins auprès d’infir­miers expé­ri­men­tés, et en exer­cice coor­donné. Le CIF dénonce la dis­pa­ri­tion des amen­de­ments pré­sen­tés par les IADE, Infirmiers anes­thé­sis­tes déjà reconnus en pra­ti­que avan­cée par l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) et le Comité International des Infirmières (CII). Or, ces amen­de­ments ont déjà été débat­tus et un rap­port de l’IGAS, publié en jan­vier 2022, pré­co­ni­sait l’ins­crip­tion et la reconnais­sance de leur exer­cice en pra­ti­que avan­cée. Les IADE col­la­bo­rent plei­ne­ment avec les méde­cins anes­thé­sis­tes et ont leur part d’auto­no­mie reconnue par ces der­niers leur per­met­tant de béné­fi­cier de plus de temps médi­cal. Le CIF insiste pour que les amen­de­ments concer­nant les IADE soient inté­grés dans le projet de Loi. L’exer­cice cli­ni­que actuel des IADE est une pra­ti­que avan­cée infir­mière spé­cia­li­sée exer­cée depuis de nom­breu­ses années.

En outre, le rap­port de J. DEBEAUPUIS « concer­ta­tion sur la pra­ti­que avan­cée infir­mière » confirme le pre­mier rap­port de jan­vier 2022 pour les IADE et pré­co­nise d’étendre le cadre légal de la pra­ti­que avan­cée infir­miè­res aux sec­teurs d’exer­ci­ces des pué­ri­cultri­ces non cou­verts actuel­le­ment : la Protection mater­nelle et infan­tile et les établissements d’accueil du jeune enfant. Ce rap­port exprime la néces­sité de relan­cer la réin­gé­nie­rie de la for­ma­tion des pué­ri­cultri­ces pour la porter au grade Master et reconnaî­tre la pra­ti­que avan­cée dans l’ensem­ble de leurs situa­tions d’exer­cice et de res­pon­sa­bi­li­tés.

Aussi, le CIF sou­tient avec force la reconnais­sance des IPA pour un accès direct aux soins et la primo-pres­crip­tion pour l’ensem­ble des domai­nes d’inter­ven­tions. En soins pri­mai­res, l’accès direct est une néces­sité abso­lue pour répon­dre aux besoins des patients, et déployer la pra­ti­que avan­cée au sein des struc­tu­res d’exer­cice coor­don­née confor­mé­ment à la Proposition Parlementaire de Loi S. Rist. Il insiste pour que les amen­de­ments concer­nant la valence spé­ci­fi­que des IADE soit inté­grée dans le projet de loi. L’inté­rêt devrait être centré sur le patient et sur la dif­fi­culté d’accès aux soins. Or, malgré les pro­po­si­tions, des col­lec­tifs de méde­cins res­tent dans leurs cer­ti­tu­des et logi­ques au détri­ment des usa­gers.

Le CIF sou­li­gne tout par­ti­cu­liè­re­ment la ques­tion de l’attrac­ti­vité et de la fidé­li­sa­tion dans une pro­fes­sion démo­ti­vée et décou­ra­gée. Il convient d’ana­ly­ser les causes réel­les et d’écouter les soi­gnants para­mé­di­caux et notam­ment les infir­miers. Le CIF pré­co­nise donc de cons­ti­tuer une gou­ver­nance tri­par­tite Direction Générale /Commission Médicale d’Etablissement / Coordination Générale des Soins. Ce der­nier est un acteur incontour­na­ble de la gou­ver­nance dont la res­pon­sa­bi­lité doit être consi­dé­rée au même titre que le médi­cal ou l’admi­nis­tra­tif. C’est ainsi que les para­mé­di­caux et notam­ment les infir­miers seraient écoutés et plei­ne­ment inté­grés au lieu d’être « les invi­si­bles » dans le choix des déci­sions réga­lien­nes. Pour tra­vailler « main dans la main », comme l’a sou­li­gné le Président de la République, tous les acteurs doi­vent être repré­sen­tés au niveau de la gou­ver­nance ainsi que les repré­sen­tants des usa­gers.

Le Collège Infirmier Français (CIF) a pour but d’appor­ter la meilleure réponse aux besoins de santé de la popu­la­tion, dans une vision posi­tive et inno­vante de la pro­fes­sion Infirmière pour favo­ri­ser les par­cours de soins et assu­rer l’attrac­ti­vité pro­fes­sion­nelle dans un contexte sani­taire actuel­le­ment en crise.

Refonder le sys­tème de santé, en souf­france depuis des décen­nies, ne serait-ce pas opérer en même temps une réforme des struc­tu­res de pen­sées, des concepts de ges­tion économique qui ont conduit à son effon­dre­ment ? Il s’agit de rompre avec des logi­ques pro­fes­sion­nel­les pas­séis­tes trop médico-cen­trées en s’appuyant sur l’ensem­ble des pro­fes­sion­nels de santé au rang des­quels l’infir­mière fait figure de pivot. C’est ainsi que tous ensem­bles, nous pour­rons faire évoluer le sys­tème de santé et sauver l’Hôpital.

Le CIF regrou­pant un ensem­ble d’orga­ni­sa­tions de dif­fé­ren­tes com­po­san­tes et domai­nes d’acti­vi­tés pro­pose une réflexion col­lec­tive à propos de l’évolution du sys­tème de santé du XXIe siècle dans une logi­que glo­bale avec tous les acteurs impli­qués.

Source : com­mu­ni­qué CIF du 23.01.23
- https://col­lege-infir­mier.fr/Agir-ensem­ble-pour-repon­dre-aux.html
- https://www.infir­miers.com/aides-soi­gnants-ap/actua­li­tes/agir-ensem­ble-pour-repon­dre-aux-besoins-de-sante

Partager l'article