CISS : Baromètre 2014 sur les droits des malades

CISS

23 mars 2014

Des droits individuels qui progressent, restant assombris par des points noirs inacceptables, appelant une montée en puissance des droits collectifs

[1] :
Le niveau d’infor­ma­tion res­senti par les usa­gers pro­gresse dans toutes les situa­tions concer­nant leur santé, mais c’est tou­jours sur les aspects pra­ti­ques de la démar­che de soins que l’infor­ma­tion passe le moins bien :
- les moda­li­tés d’accès à son dos­sier médi­cal
- ainsi que les recours et les démar­ches en cas de pro­blème grave lié aux soins sont les points sur les­quels les usa­gers se décla­rent tou­jours le moins bien infor­més (res­pec­ti­ve­ment 30% et 27% d’entre eux disent être mal infor­més en la matière).

C’est donc quand il s’agit de se pen­cher sur l’infor­ma­tion pra­ti­que, uti­li­sa­ble par les usa­gers dans leur recours au sys­tème de santé, et non plus sur le sen­ti­ment théo­ri­que d’infor­ma­tion, qu’on voit les caren­ces infor­ma­tion­nel­les sub­sis­ter.

Internet et santé : la sus­pi­cion tou­jours de mise, en par­ti­cu­lier pour les per­son­nes en ALD

Si la per­cep­tion d’Internet pro­gresse parmi l’ensem­ble des usa­gers comme outil d’infor­ma­tion en matière de santé, la confiance vis-à-vis des ser­vi­ces de santé en ligne reste faible en par­ti­cu­lier chez les per­son­nes les plus concer­nées par la mala­die : ces ser­vi­ces n’ins­pi­rent confiance qu’à 25% des usa­gers, et même à seu­le­ment 15% des per­son­nes se décla­rant en affec­tion longue durée (ALD).

Les droits des mala­des liés à la fin de vie sont parmi les plus méconnus, et nombre de droits élémentaires encore res­sen­tis comme mal appli­qués

Si la noto­riété des droits qui s’appli­quent aux per­son­nes mala­des et aux usa­gers du sys­tème de santé appa­raît en pro­gres­sion pour l’ensem­ble de ceux suivis par notre baro­mè­tre, ceux qui res­tent les plus mal connus sont en lien avec les situa­tions de fin de vie. L’actua­lité média­ti­que a récem­ment rap­pelé les dif­fi­cultés dans la mise en œuvre des droits sur la fin de vie, visi­ble­ment sans per­met­tre aux usa­gers de pren­dre plei­ne­ment cons­cience de ces droits :
- 17% des per­son­nes ne savent pas qu’elles peu­vent refu­ser ou inter­rom­pre un trai­te­ment, 29% pen­sent que ce droit est mal appli­qué ;
- 20% des per­son­nes ne savent pas qu’elles peu­vent rédi­ger des direc­ti­ves anti­ci­pées pour leur fin de vie, et 35% pen­sent que ce droit est mal appli­qué.

De même, en ce qui concerne la pos­si­bi­lité d’exer­cer un recours pour une indem­ni­sa­tion en cas de pro­blème grave lié aux soins, 22% ne connais­sent tou­jours pas cette pos­si­bi­lité et 33% pen­sent qu’elle est mal appli­quée.

Enfin des droits aussi élémentaires que l’accès au dos­sier médi­cal ou l’infor­ma­tion sur le coût des soins, même s’ils pro­gres­sent, res­tent res­sen­tis comme mal appli­qués par plus d’1/3 des usa­gers (res­pec­ti­ve­ment 34% et 35%).

AERAS : recul des décla­ra­tions de refus d’assu­rance en raison de l’état de santé, auquel plus d’une per­sonne sur dix - et près du quart des per­son­nes en ALD - dit encore avoir été confron­tée

Si le pour­cen­tage de per­son­nes disant avoir été confron­tées à des refus d’assu­rance baisse de 7 points entre 2013 et 2014 (pas­sant de 20% à 13%), la dimi­nu­tion est moins impor­tante pour celles décla­rant avoir été confron­tées à une pro­po­si­tion d’assu­rance avec exclu­sion de garan­ties (16%, -3 points) ou à une pro­po­si­tion d’assu­rance avec sur­prime (15%, -4 points).

Globalement, le pour­cen­tage de per­son­nes ayant été confron­tées, elles-mêmes ou un de leurs pro­ches, à au moins une de ces trois situa­tions passe de 32% en 2013 à 25% en 2014. Parmi ces 25% de per­son­nes confron­tées à une dif­fi­culté d’assu­rance, la noto­riété d’AERAS pro­gresse consi­dé­ra­ble­ment : + 23 points.

Toutefois, lors­que les per­son­nes rap­por­tent des recours au dis­po­si­tif AERAS, il ne semble avoir permis de répon­dre aux dif­fi­cultés que dans 22% des cas contre 52% où il ne l’a pas permis.

Refus de soins et des­sous de table : des cas plus fré­quents chez les per­son­nes en ALD

4% des usa­gers disent avoir été vic­ti­mes de dis­cri­mi­na­tion de la part d’un pro­fes­sion­nel ou d’un établissement de santé qui leur a refusé l’accès aux soins. Cette pro­por­tion monte à 9% pour les per­son­nes en ALD (près de 1 sur 10), et même à 12% chez les ouvriers.

5% des usa­gers disent avoir été confron­tés à une demande de « des­sous de table » de la part d’un pro­fes­sion­nel de santé, au cours des trois der­niè­res années. Un chif­fre qui a pres­que doublé par rap­port au résul­tat obtenu à la même ques­tion dans une enquête pré­cé­dente de 2007.

Les plus confron­tées à cette dérive : celles qui sont en ALD sont 8% à décla­rer s’être vu récla­mer « une somme en espèce sans fac­tu­ra­tion » par un pro­fes­sion­nel de santé. Un sujet dont les orga­nis­mes de contrôle des pro­fes­sion­nels de santé doi­vent s’empa­rer au risque que leur soit repro­ché son aggra­va­tion future si elle se confir­mait.

Légitimité confir­mée des asso­cia­tions pour repré­sen­ter et défen­dre les inté­rêts des mala­des et usa­gers

Les asso­cia­tions res­tent en tête des orga­ni­sa­tions reconnues comme les plus légi­ti­mes par les usa­gers pour les repré­sen­ter et les défen­dre : ils sont 60% à leur accor­der cette légi­ti­mité (+ 8 points par rap­port à 2013).

Les asso­cia­tions se voient lar­ge­ment confir­mer aux yeux des usa­gers une légi­ti­mité cer­taine à les repré­sen­ter et les défen­dre : un signe sup­plé­men­taire de l’urgence à ce que la puis­sance publi­que engage l’An II de notre démo­cra­tie sani­taire, recom­mandé notam­ment par le récent rap­port remis à la minis­tre de la Santé.

La pleine expres­sion des droits col­lec­tifs des usa­gers, qui passe en par­ti­cu­lier par la reconnais­sance poli­ti­que et finan­cière des moda­li­tés de leur repré­sen­ta­tion, est main­te­nant l’étape indis­pen­sa­ble à une meilleure mise en œuvre des droits indi­vi­duels.

Les tra­vaux en cours sur la stra­té­gie natio­nale de santé, et la loi de santé qui devrait en décou­ler, ne sau­ront passer à côté de cette prio­rité.

Accéder au rap­port d’enquête du baro­mè­tre en vous ren­dant sur cette page du site du CISS :
http://www.leciss.org/sites/default/files/140319_Barometre-Droits-Malades-2014-CISS-Lh2_Rapport.pdf

Communiqué de presse du 20 mars 2014

Partager l'article