Cachez cet ancien, que je ne saurais voir

3 février 2019
L’ARS des Hauts-de-France s’est inspirée de Molière pour trouver une solution pour lutter contre l’engorgement des urgences : un kit pour les soins d’urgence en EHPAD !
Selon une étude des CHU de Lille et Amiens, 30 % plus de 75 ans qui arrivent aux urgences auraient pu éviter le déplacement. Suite à ce constat, un kit a été élaboré pour permettre au personnel soignant des maisons de retraite de mieux réagir aux pathologies. Les 600 EHPAD de la région devraient être équipés d’ici un an.
Le kit Assure pour Amélioration des soins d’urgence en EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), comporte trois types de fiches :
des fiches-cadres informant sur le fonctionnement des structures d’urgences, des fiches relatives aux conduites à tenir en cas d’urgence (19 fiches réflexes)
des fiches axées sur le fonctionnement des Ehpad,
et surtout 19 fiches pratiques reliées du type « Que faire en cas de fièvre, vomissements, convulsions, etc. »
On trouve aussi deux affiches et un jeu de cartes pour rafraîchir ses connaissances. Bref, tout le nécessaire pour organiser une médecine à deux vitesses !
"Dans ces 600 EHPAD, combien y a t-il de résidents par infirmière ? Combien y a t-il d’EHPAD sans infirmière la nuit ? Un kit peut-il transformer une infirmière en EHPAD en IOA (infirmière organisatrice de l’accueil) ?" Pour le SNPI, syndicat national des professionnels infirmiers, cette hypocrisie se résume à une parodie de Tartuffe "Cachez cet ancien, que je ne saurais voir". L’étude ne précise pas l’impact sur la mortalité des anciens victimes d’une erreur de diagnostic. Ni la responsabilité du professionnel de santé qui n’adresse pas le résident aux urgences.
Il nous parait utile de préciser que le triage par l’IOA nécessite des conditions d’accueil et d’examen adaptées ainsi qu’une excellente collaboration avec l’équipe médicale (pas le simple appel téléphonique à un médecin coordonnateur, ou au gériatre du CHU). Pour effectuer ces missions, l’IOA dispose d’une échelle de tri et d’outils d’évaluation et de mesure des paramètres vitaux. L’exercice de cette mission nécessite préalablement une expérience clinique d’une année dans le service des urgences, la mise à disposition d’outils uniformisés et d’une échelle de tri validée, fiable et reproductible, tout comme de protocoles formalisés.