Cas humains de grippe porcine : recommandations

27 avril 2009

Les autorités sanitaires du Mexique et des USA ont confirmé des cas groupés d’infection humaine par un virus grippal A(H1N1) d’origine porcine. Ce virus est différent du virus H1N1 de grippe saisonnière, virus d’origine humaine qui circule habituellement. Une transmission de ce virus de personne à personne est confirmée. Des cas suspects de retour du Mexique sont en cours de confirmation dans de nombreux pays. La mobilisation des pays pour la recherche active de cas devrait entraîner un nombre croissant de cas et de territoires touchés à travers le Monde dans les jours à venir.

L’OMS a relevé à 5, sur une échelle de 6, le niveau d’alerte pan­dé­mi­que mon­diale.
Situation épidémiologique, conduite à tenir, recom­man­da­tions de prise en charge : tout pour infor­mer votre entou­rage. Et pour finir les ques­tions éthiques sou­le­vées par une pos­si­ble pan­dé­mie grip­pale.

Le Canada est le troi­sième Etat, après le Mexique et les Etats-Unis, à confir­mer la pré­sence de cas humains de grippe por­cine sur son ter­ri­toire. L’Organisation mon­diale de la santé a déclaré l’urgence et indi­qué que le virus de la grippe por­cine avait « clai­re­ment un poten­tiel pan­dé­mi­que ».

Le virus se trans­met d’homme à homme par le biais de la res­pi­ra­tion. Les syn­dro­mes sont ceux d’une grippe sai­son­nière : fièvre, toux, écoulement nasal, dou­leurs arti­cu­lai­res et/ou mus­cu­lai­res. Les consi­gnes de l’OMS pré­voient d’isoler les mala­des et de trai­ter leur entou­rage avec des anti­vi­raux comme le Tamiflu.

D’après la très courte expé­rience des CDC basée sur les pre­miers cas sur­ve­nus aux Etats-Unis depuis fin mars 2009 en Californie et au Texas, le virus serait résis­tant à l’aman­ta­dine et à la riman­ta­dine mais sen­si­ble à l’osel­ta­mi­vir (Tamiflu) et au zana­mi­vir (Relenza). Ces deux pro­duits sont donc recom­man­dés par les CDC en pré­ven­tion comme en trai­te­ment.
Voir le Podacst vidéo du CDC

Procédures en France

Une cel­lule d’alerte a été acti­vée par le minis­tère de la Santé pour sur­veiller l’évolution de la situa­tion.
Afin de détec­ter au plus tôt en France d’éventuels cas de grippe por­cine H1N1 reve­nant d’une zone infec­tée, une défi­ni­tion de cas pos­si­ble a été établie par l’InVS et la Direction Générale de la Santé.

Une per­sonne pré­sen­tant un syn­drome res­pi­ra­toire aigu brutal : fièvre38° ou cour­ba­ture ou asthé­nie
et signes res­pi­ra­toi­res (toux ou dys­pnée) devient un cas pos­si­ble si dans les 7 jours avant le début de ses signes :
- 1. elle a séjourné en Californie dans les comtés de San Diego ou Imperial (sud de la Californie).
- 2. elle a séjourné au Texas dans le comté de San Antonio (près de la fron­tière mexi­caine).
- 3. elle a séjourné au Mexique dans le dis­trict fédé­ral de Mexico city ou de San Luis Potosi ou de Baja Californie ou de Oaxaca
- 4. elle a eu un contact étroit avec un cas pos­si­ble, pro­ba­ble ou confirmé dans les 24h avant le début des signes.

Recommandations de prise en charge

Les per­son­nes qui répon­dent aux cri­tè­res de la défi­ni­tion de cas pos­si­ble ci-dessus doi­vent contac­ter le centre 15.
Il est recom­mandé d’hos­pi­ta­li­ser dans l’établissement le plus proche les cas pos­si­bles avec mise en œuvre d’iso­le­ment res­pi­ra­toire et d’un trai­te­ment par un inhi­bi­teur de la neu­ra­mi­ni­dase, en attente d’une confir­ma­tion ou d’une infir­ma­tion bio­lo­gi­que du diag­nos­tic de grippe.

Les contacts étroits des cas pos­si­bles doi­vent rester à domi­cile et éviter les contacts avec des per­son­nes exté­rieu­res. En cas d’appa­ri­tion de fièvre ou de signes res­pi­ra­toi­res, ils doi­vent contac­ter le centre 15 pour une évaluation de leur situa­tion.

Ces recom­man­da­tions sont sus­cep­ti­bles d’évoluer en fonc­tion de l’évolution de la situa­tion et des infor­ma­tions dis­po­ni­bles.

Pour les per­son­nes qui séjour­nent actuel­le­ment au Mexique ou doi­vent s’y rendre dans les pro­chains jours, des infor­ma­tions sont dis­po­ni­bles sur le site du Ministère des Affaires Etrangères : lire l’arti­cle

Pour toute ques­tion, le Ministère des Affaires Etrangères peut être joint au 01 45 50 34 60, ainsi que Infogrippe au 0 825 302 302.

Le sys­tème d’alerte à la pan­dé­mie de l’OMS com­prend six degrés :
- La phase d’alerte était passée à 3 mi-avril, ce qui cor­res­pond au pre­mier échelon d’alerte pan­dé­mi­que, lorsqu’un nou­veau virus affecte des humains, avec "pas ou très peu de trans­mis­sion d’humains à humains".
- Les 28 avril et 29 avril, l’OMS a relevé le niveau d’alerte à la phase 4 cor­res­pond à une "trans­mis­sion accrue d’humains à humains",
- Depuis le 30 avril, l’alerte OMS est en phase 5, qui cor­res­pond à une "trans­mis­sion impor­tante"
- et la phase 6 à une "trans­mis­sion sou­te­nue".

Pour plus de détails : Institut National de Veille Sanitaire

Pour les pro­fes­sion­nels de santé  : consi­gnes

Ethique et pan­dé­mie grip­pale

Le contexte, quel qu’il soit, ne peut modi­fier les valeurs éthiques. La situa­tion d’urgence contraint seu­le­ment à les hié­rar­chi­ser pro­vi­soi­re­ment.

S’il faut éviter que la pan­dé­mie ne sus­cite des com­por­te­ments non éthiques dans la popu­la­tion, le prin­cipe de pré­cau­tion, le souci de ras­su­rer la popu­la­tion ou, a for­tiori, l’objec­tif d’affi­cher l’enga­ge­ment des pou­voirs publics dans la lutte contre la pan­dé­mie ne sau­raient jus­ti­fier des mesu­res sus­cep­ti­bles de res­trein­dre des liber­tés fon­da­men­ta­les (dépla­ce­ments, ras­sem­ble­ments) ou de ren­for­cer les dis­cri­mi­na­tions, sauf si elles ont fait l’objet de concer­ta­tion et de consen­sus préa­la­bles autour de l’argu­ment de leur effi­ca­cité.

La prio­ri­sa­tion de l’accès à des moyens de pro­phy­laxie ou de pré­ven­tion est une ques­tion majeure. La pro­ba­ble pénu­rie, au moins tran­si­toire, de cer­tains moyens de pré­ven­tion obli­gera les pou­voirs publics à déployer une stra­té­gie qui mette en jeu une plu­ra­lité de cri­tè­res éthiques : égalité, pro­tec­tion des plus vul­né­ra­bles, effi­cience, liberté indi­vi­duelle, équité, soli­da­rité.

Questions éthiques sou­le­vées par une pos­si­ble pan­dé­mie grip­pale
Avis du CCNE

Situation épidémiologique au 28 avril 2009

Aux USA, 11 cas sont confir­més dont 7 en Californie et 2 au Texas et 2 au Kansas (l’un a effec­tué un voyage au Mexique et le second est le conjoint du pre­mier). Aucune de ces per­son­nes n’est décé­dée et leur état cli­ni­que n’est pas inquié­tant.

Au Mexique, l’ampleur du phé­no­mène est beau­coup plus impor­tante. L’épidémie affecte 24 Etats sur 32 que compte le pays, prin­ci­pa­le­ment dans 4 gran­des régions dif­fé­ren­tes du pays :
- Mexico city : 854 cas ont été recen­sés et 59 d’entre eux seraient décé­dés
- Etat de San Luis Potosi : 24 cas dont 3 décès
- Mexicali (Etat de Baja California, à la fron­tière amé­ri­caine) : 4 cas, 2 décès
- des sour­ces diver­gen­tes font état de cas et d’un décès à Oaxaca, cette infor­ma­tion doit être confir­mée.
- On compte à ce jour près de 1500 cas sus­pects d’infec­tion par le virus de l’influenza por­cine pro­vo­quant des pneu­mo­pa­thies sévè­res, dont 84 décès.
- Parmi les cas sur­ve­nus au Mexique, 20 ont été confir­més comme étant liés à une souche por­cine H1N1 très proche de celle isolée en Californie.

Selon les auto­ri­tés sani­tai­res cana­dien­nes, six cas avérés de grippe por­cine ont été recen­sés :
- quatre en Nouvelle-Ecosse (est) des élèves de l’école secondaire King’s-Edgehill, dans la région de Windsor, âgés de 12 à 18 ans.
- et deux en Colombie-Britannique (ouest) qui ont séjourné au Mexique.
- Aucun n’a néces­sité une hos­pi­ta­li­sa­tion.

En Espagne, le minis­tère de la Santé a annoncé que :
- un cas confirmé de A(H1N1) porcin a été diag­nos­ti­qué chez un homme de 23 ans hos­pi­ta­lisé à Almansa, qui a séjourné dans le Yucatan (Cancún et Playa del Carmen).
- Neuf autres cas sont sus­pects, notam­ment celui d’une femme de 21 ans qui avait accom­pa­gné le pre­mier patient lors de son voyage, et trois per­son­nes reve­nant du Mexique, en obser­va­tion dans des hôpi­taux au Pays Basque, à Albacete et Valence.

Trois cas ont été confir­més en Allemagne : deux femmes de 22 et 37 ans et un homme d’une tren­taine d’années dont la conta­mi­na­tion par le virus mexi­cain a été confir­mée par l’Institut Robert Koch de Berlin (voya­geurs de retour du Mexique).

En Ecosse, deux per­son­nes de retour du Mexique ont été hos­pi­ta­li­sées.

En Israël, le minis­tère de la Santé a signalé un cas sus­pect chez un homme qui reve­nait du Mexique et a été hos­pi­ta­lisé.

Huit cas impor­tés d’influenza A(H1) ont été diag­nos­ti­qués en Nouvelle Zélande. Les pré­lè­ve­ments sont en cours de confir­ma­tion en Australie.

Situation en France

En France, les 6 cas sus­pects (Nord, région pari­sienne, Bordeaux et Marseille) ont été infir­més. Six autres cas signa­lés sont encore en cours d’inves­ti­ga­tion à Pau, à Nantes, à Lyon et à Poitiers.

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