Conception américaine de l’infirmière de pratique avancée IPA

5 mars 2016

Publication de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec

Les écrits scien­ti­fi­ques indi­quent que plu­sieurs pays réflé­chis­sent actuel­le­ment à la situa­tion de la pra­ti­que infir­mière avan­cée. Des lea­ders amé­ri­cains en soins infir­miers ont entre­pris une vaste réflexion afin de remé­dier aux dif­fi­cultés liées à la grande diver­sité des rôles de l’infir­mière de pra­ti­que avan­cée IPA et ont établi un consen­sus.

Au départ, le manque de reconnais­sance de l’exper­tise des infir­miè­res en pra­ti­que avan­cée et la mul­ti­pli­ca­tion du nombre d’exa­mens de cer­ti­fi­ca­tion furent pré­tex­tes à entre­pren­dre des tra­vaux en vue d’en arri­ver à une défi­ni­tion com­mune de la pra­ti­que avan­cée. Débutés en 2007, ces tra­vaux ont permis à 50 orga­ni­sa­tions et asso­cia­tions pro­fes­sion­nel­les amé­ri­cai­nes en soins infir­miers d’établir un consen­sus sur un modèle (APRN Consensus Work Group et National Council of State Boards of Nursing APRN Advisory Committee, 2008) : The APRN Consensus Model – Licensure [permis], Accreditation [agré­ment], Certification [cer­ti­fi­ca­tion] and Education [for­ma­tion] (LACE).

Ce modèle pré­voit le che­mi­ne­ment à suivre pour obte­nir une cer­ti­fi­ca­tion dans un des quatre rôles de l’IPA et devrait être appli­qué par­tout aux États-Unis en 2015. L’appli­ca­tion de ce modèle per­met­tra d’uni­for­mi­ser la défi­ni­tion de la pra­ti­que avan­cée, les pro­gram­mes de for­ma­tion uni­ver­si­taire, la cer­ti­fi­ca­tion de même que la régle­men­ta­tion.

Le « APRN Consensus Model » (voir le Schéma) illus­tre les quatre rôles en pra­ti­que avan­cée reconnus aux États-Unis, soit :
 l’infir­mière anes­thé­siste ;
 l’infir­mière sage-femme ;
 l’infir­mière cli­ni­cienne spé­cia­liste ;
 l’infir­mière pra­ti­cienne.

L’infir­mière doit donc obte­nir une cer­ti­fi­ca­tion dans l’un des quatre rôles en pra­ti­que avan­cée ainsi que pour l’une des six clien­tè­les sui­van­tes :
 la famille/la per­sonne à tous les âges de la vie ;
 l’adulte et la per­sonne âgée ;
 la néo­na­ta­lo­gie ;
 la pédia­trie ;
 la santé selon le genre (p. ex. : la santé des femmes) ;
 la santé men­tale et la psy­chia­trie.

Le consen­sus établit que pour exer­cer l’un de ces rôles, l’infir­mière doit rem­plir les condi­tions sui­van­tes (APRN Consensus Work Group et National Council of State Boards of Nursing APRN Advisory Committee, 2008) :
 Avoir réussi un pro­gramme de for­ma­tion uni­ver­si­taire accré­dité la pré­pa­rant à exer­cer l’un des quatre rôles en pra­ti­que avan­cée auprès d’une clien­tèle ciblée ;
 Avoir réussi l’examen de cer­ti­fi­ca­tion natio­nal mesu­rant les com­pé­ten­ces pour le rôle choisi et la popu­la­tion ciblée et tenir ses com­pé­ten­ces à jour en se sou­met­tant à un pro­ces­sus de « recer­ti­fi­ca­tion » ;
 Posséder les connais­san­ces cli­ni­ques et les habi­le­tés avan­cées requi­ses pour donner des soins directs et indi­rects aux patients ; sou­li­gnons ici que la pra­ti­que cli­ni­que auprès de la clien­tèle est un fac­teur commun à tous les rôles en pra­ti­que avan­cée ;
 Posséder en plus de ses com­pé­ten­ces d’infir­mière, des connais­san­ces appro­fon­dies, une grande capa­cité de syn­thèse des don­nées et la capa­cité de réa­li­ser des inter­ven­tions com­plexes de façon auto­nome ;
 Avoir le niveau de for­ma­tion requis pour assu­mer les res­pon­sa­bi­li­tés rela­ti­ves à la pro­mo­tion de la santé, son main­tien, aussi bien que l’évaluation, le diag­nos­tic et la ges­tion des pro­blè­mes de santé, y com­pris l’uti­li­sa­tion et la pres­crip­tion de trai­te­ments médi­ca­men­teux et non médi­ca­men­teux ;
 Avoir acquis une expé­rience cli­ni­que suf­fi­sam­ment impor­tante et appro­fon­die ;
 Avoir obtenu une cer­ti­fi­ca­tion pour exer­cer en pra­ti­que avan­cée dans l’un des quatre rôles de pra­ti­que avan­cée.

Parmi les points impor­tants qui ont fait l’objet du consen­sus sur la pra­ti­que avan­cée, les soins directs à la per­sonne ont été reconnus comme la com­pé­tence cen­trale et la carac­té­ris­ti­que essen­tielle à la reconnais­sance d’un rôle en pra­ti­que avan­cée. Autrement dit, si le rôle n’inclut pas une pra­ti­que cli­ni­que directe auprès de la clien­tèle, il ne peut pas être consi­déré comme fai­sant partie de la pra­ti­que infir­mière avan­cée.

De plus, afin de déve­lop­per un tronc de com­pé­ten­ces de base com­mu­nes à la pra­ti­que avan­cée, ce modèle pré­cise que le contenu de la for­ma­tion uni­ver­si­taire menant à l’IPA doit obli­ga­toi­re­ment inclure les trois cours sui­vants :
 phy­sio­lo­gie et phy­sio­pa­tho­lo­gie avan­cée ;
 évaluation de la santé ;
 phar­ma­co­lo­gie avan­cée.

La for­ma­tion doit aussi inté­grer trois autres thèmes :
 les prin­ci­pes de déci­sion dans un rôle en pra­ti­que avan­cée ;
 les com­pé­ten­ces liées à ce rôle ;
 les connais­san­ces requi­ses pour exer­cer ce rôle auprès d’une popu­la­tion ciblée.

Plus de détails dans la publi­ca­tion de l’Ordre des infir­miè­res et infir­miers du Québec http://www.infoiiq.org/publi­ca­tions/role-de-lin­fir­miere-cli­ni­cienne-spe­cia­li­see-nou­velle-publi­ca­tion-gra­tuite/2016?utm_source=Openfield&utm_medium=email&utm_cam­paign=infOIIQ%20-%203%20mars%202016>moii­qid=

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