Croix-Rouge : menaces sur la convention

12 février 2012

Avantages sociaux mena­cés, des­truc­tions d’emplois régu­liè­res, entra­ves et contour­ne­ment par la direc­tion des repré­sen­tants du per­son­nel : parmi les 18 000 sala­riés de la Croix-Rouge fran­çaise, la grogne monte.

Dans un com­mu­ni­qué publié début jan­vier, quatre orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les (CFE-CGC, CFTC, CGT et FO) disent le ras-de-bol des sala­riés de la Croix-Rouge fran­çaise. Le dia­lo­gue social est en régres­sion impor­tante et les valeurs de la Croix-Rouge fran­çaise – huma­nité, neu­tra­lité, indé­pen­dance, unité, impar­tia­lité... – ne sont pas res­pec­tées.

Des mena­ces sur la conven­tion col­lec­tive

Les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les dénon­cent d’abord la créa­tion, l’an der­nier, de l’asso­cia­tion « Croix Rouge Insertion » et avec elle l’appli­ca­tion d’une conven­tion col­lec­tive moins-disante, qui ins­taure une dis­cri­mi­na­tion vis-à-vis des sala­riés sous la conven­tion col­lec­tive actuelle (dont la valeur a déjà été revue à la baisse). « Nous avions fait des conces­sions, mais visi­ble­ment aujourd’hui, les quel­ques avan­ta­ges conser­vés coû­tent encore trop cher, cons­tate Eric Laurent (CFE-CGC). Les docu­ments du conseil d’admi­nis­tra­tion sont rela­ti­ve­ment clairs : les coûts sala­riaux sont trop élevés ».

Pour ne pas appli­quer sa conven­tion col­lec­tive : la Croix Rouge a gréé une struc­ture juri­di­que dédiée à cette nou­velle acti­vité permet à une autre conven­tion de s’y sub­sti­tuer. En l’occur­rence, la conven­tion Synesis, signée récem­ment par les par­te­nai­res sociaux du sec­teur de l’inser­tion mais moins-disante par rap­port à celle de la Croix-Rouge.

Les syn­di­ca­lis­tes ont peur que leur conven­tion prenne le même chemin que celle de la Fehap (Fédération des établissements hos­pi­ta­liers et d’aide à la per­sonne) qui a d’ores et déjà été par­tiel­le­ment dénon­cée.

Plan de sau­ve­garde de l’emploi

Depuis le 29 novem­bre 2011, la Croix-Rouge a ouvert un « plan de sau­ve­garde de l’emploi » (PSE) pour orga­ni­ser le reclas­se­ment (ou le licen­cie­ment) de 84 sala­riés dont les postes seront bien­tôt sup­pri­més.

« Depuis des mois, pour éviter les PSE suc­ces­sifs, la Croix-Rouge uti­lise un plan de ’volon­ta­riat au départ’, certes soumis aux ins­tan­ces de repré­sen­ta­tion du per­son­nel, mais c’est en fait un PSE per­ma­nent déguisé », expli­que Eric Laurent.

C’est donc une poli­ti­que de l’emploi bien per­ni­cieuse et « une cer­taine incom­pé­tence » que dénon­cent les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les, qui poin­tent également les nom­breux liti­ges débou­chant sou­vent aux Prud’hommes.

Evincés du conseil d’admi­nis­tra­tion

Une révi­sion des sta­tuts pré­voit de reti­rer aux sala­riés leur statut de « membre consul­ta­tif » au Conseil d’admi­nis­tra­tion. Représentant 18 000 per­son­nes pour 50 000 béné­vo­les, les sala­riés de la Croix-Rouge tenaient « sim­ple­ment à par­ti­ci­per aux dis­cus­sions, dire ce qui se passe dans la maison en tant que sala­rié, avoir un temps de parole, expli­que Eric Laurent. Là main­te­nant, on n’aura plus rien ! ».

Par cette révi­sion, la Croix-Rouge répond aux recom­man­da­tions du Conseil d’État, qui refuse qu’on dif­fé­ren­cie mem­bres déli­bé­ra­tifs (béné­vo­les) et consul­ta­tifs (sala­riés).

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