Déontologie et recommandations du DGS-Urgent n°2022_81 : Tensions d’approvisionnement en paracétamol

Déontologie et recommandations du DGS-Urgent n°2022_81 : Tensions d'approvisionnement en paracétamol

24 octobre 2022

Pour le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, ce texte sur les recom­man­da­tions face aux ten­sions d’appro­vi­sion­ne­ment en para­cé­ta­mol pose trois pro­blè­mes de santé publi­que :
- 1) La France n’a tou­jours pas son auto­no­mie sur un des médi­ca­ments les plus cou­rants, indis­pen­sa­ble à des mil­lions de patients. En 2020, lors du pre­mier pic COVID 19, le gou­ver­ne­ment s’était pour­tant engagé à assu­rer notre indé­pen­dance indus­trielle sur le para­cé­ta­mol. C’est indi­gne de la 6ème puis­sance mon­diale.
- 2) La France n’arrive donc pas non plus à obli­ger dans les faits à la créa­tion de stock per­met­tant d’éviter les pénu­ries médi­ca­men­teu­ses liées à la poli­ti­que du marché des gros­sis­tes et labo­ra­toi­res.
En effet, malgré l’obli­ga­tion de cons­ti­tuer un stock de deux mois pour les médi­ca­ments d’inté­rêt thé­ra­peu­ti­que majeur (Décret n° 2021-349 du 30 mars 2021 rela­tif au stock de sécu­rité des­tiné au marché natio­nal) les signa­le­ments de rup­tu­res de stock et de risque de rup­tu­res de stock ont for­te­ment aug­menté (2.446 en 2020, 1.504 en 2019). Toutes les clas­ses de médi­ca­ments sont concer­nées.
- 3) Donner dans ce texte des recom­man­da­tions aux pres­crip­teurs comme "Lorsque la situa­tion le permet, pri­vi­lé­giez une poso­lo­gie de trois prises par jour toutes les 8 heures (au lieu de quatre prises par jour toutes les 6 heures)" pose des pro­blè­mes déon­to­lo­gi­ques, avec des consi­dé­ra­tions géné­ra­les qui iraient à l’encontre des besoins indi­vi­duels des patients, sur un sujet aussi sen­si­ble que la ges­tion de la dou­leur. Des mesu­res de ration­ne­ment pour éviter la rup­ture peu­vent-elles aller à l’encontre du bien-être de patients algi­ques ?

Texte du DGS-Urgent n°2022_81 du 19.10.22 : Tensions d’appro­vi­sion­ne­ment en para­cé­ta­mol : recom­man­da­tions

https://soli­da­ri­tes-sante.gouv.fr/pro­fes­sion­nels/arti­cle/dgs-urgent

Mesdames, Messieurs,

Le para­cé­ta­mol fait l’objet de dif­fi­cultés d’appro­vi­sion­ne­ment, cette situa­tion est notam­ment liée à une aug­men­ta­tion cons­tante de la consom­ma­tion depuis plu­sieurs mois.

Les mesu­res mises en place en juillet der­nier pour assu­rer une répar­ti­tion équitable des appro­vi­sion­ne­ments de para­cé­ta­mol en ville sur l’ensem­ble du ter­ri­toire et pré­ser­ver les stocks dis­po­ni­bles dans le temps ont permis d’éviter une aggra­va­tion de la situa­tion qui reste malgré tout tendue. Ces mesu­res sont donc main­te­nues pour le cir­cuit ville. En com­plé­ment la pro­duc­tion a été opti­mi­sée pour per­met­tre un appro­vi­sion­ne­ment continu sur l’ensem­ble du ter­ri­toire.

L’ANSM, le Collège de la méde­cine géné­rale (CMG) et les syn­di­cats de phar­ma­ciens (FSPF et USPO) for­mu­lent des recom­man­da­tions afin de modé­rer l’uti­li­sa­tion de para­cé­ta­mol et per­met­tre ainsi aux patients qui ont un besoin immé­diat de pou­voir en béné­fi­cier :

Recommandations pour les phar­ma­ciens

Dans la mesure du pos­si­ble, adap­tez la dis­pen­sa­tion selon les besoins indi­vi­duels de vos patients :
- En l’absence de pres­crip­tion, limi­tez la dis­pen­sa­tion à deux boîtes par patient
- Privilégiez la dis­pen­sa­tion sur ordon­nance
- Interrogez vos patients sur leur état et adap­tez la dis­pen­sa­tion à leurs besoins réels. Ceci tout par­ti­cu­liè­re­ment en cas de pres­crip­tion d’une quan­tité impor­tante de para­cé­ta­mol

En l’absence de pres­crip­tion, deman­dez aux patients leur accord pour ins­crire les dis­pen­sa­tions de para­cé­ta­mol dans leur dos­sier phar­ma­ceu­ti­que
Limitez la vente en ligne de para­cé­ta­mol

Recommandations pour les pres­crip­teurs

Évitez de pres­crire du para­cé­ta­mol à vos patients qui n’en ont pas un besoin immé­diat
Lorsque la situa­tion le permet, pri­vi­lé­giez une poso­lo­gie de trois prises par jour toutes les 8 heures (au lieu de quatre prises par jour toutes les 6 heures)

En cas de dou­leur et/ou fièvre, l’uti­li­sa­tion d’anti-inflam­ma­toi­res non sté­roï­diens (AINS) n’est pas à pri­vi­lé­gier, en par­ti­cu­lier chez l’enfant. Les AINS sont par ailleurs contre-indi­qués à partir du début du sixième mois de gros­sesse.

Paracétamol : limi­ter les ten­sions d’appro­vi­sion­ne­ment qui se pro­lon­gent - Communication ANSM du 19/10/22
- https://ansm.sante.fr/actua­li­tes/para­ce­ta­mol-limi­ter-les-ten­sions-dap­pro­vi­sion­ne­ment-qui-se-pro­lon­gent

Lire aussi :
- Paracétamol : l’ANSM et les syn­di­cats de phar­ma­ciens mobi­li­sés pour assu­rer la cou­ver­ture des besoins : https://ansm.sante.fr/actua­li­tes/para­ce­ta­mol-lansm-et-les-syn­di­cats-de-phar­ma­ciens-mobi­li­ses-pour-assu­rer-la-cou­ver­ture-des-besoins
- Paracétamol et risque pour le foie : un mes­sage d’alerte ajouté sur les boîtes de médi­ca­ment : https://ansm.sante.fr/actua­li­tes/para­ce­ta­mol-et-risque-pour-le-foie-un-mes­sage-dalerte-ajoute-sur-les-boites-de-medi­ca­ment-com­mu­ni­que
- https://ansm.sante.fr/actua­li­tes/savez-vous-bien-uti­li­ser-le-para­ce­ta­mol-contre-la-dou­leur-et-la-fievre

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