Etude DRESS sur les jeunes diplômés

15 janvier 2006

Une étude sur les cinq premières années de carrière des infirmières.

La DREES (1) a réa­lisé une étude sur les cinq pre­miè­res années de car­rière des infir­miè­res sor­ties de for­ma­tion ini­tiale en 1998, en par­tant de l’enquête Génération 98 du CEREQ (2). On peut ainsi com­pa­rer les débuts de car­rière de 1.400 IDE diplô­més en 1998 à ceux de jeunes issus d’autres for­ma­tions.

À l’obten­tion de leur diplôme en 1998, les infir­miers sor­tant de for­ma­tion étaient en moyenne âgés de 23 ans, et la part des femmes est tou­jours aussi impor­tante (85%). On cons­tate aussi davan­tage de jeunes aux ori­gi­nes plus modes­tes que les étudiants de niveau de for-mation com­pa­ra­ble.

Avec un temps d’accès à l’emploi d’un mois en moyenne, les infir­miers parais­sent net­te­ment avan­ta­gés par rap­port aux diplô­més de même niveau qui doi­vent atten­dre 4 à 5 mois.

Également beau­coup moins tou­chés par le chô­mage, les IDE sont les jeunes diplô­més qui, au bout de 5 ans, se trou­vent le plus sou­vent en emploi (98,4 % d’entre eux tra­vaillent, contre 85 % des titu­lai­res d’un DEUG). La pro-por­tion d’infir­miers en for­ma­tion, inac­tifs, ou qui ont repris leurs études est aussi très limi­tée.

La mobi­lité géo­gra­phi­que des infir­miers a été glo­ba­le­ment plus impor­tante que celle des diplô­més de niveau proche.
Au bout de 5 ans, seuls 31 % des infir­miers habi­tent dans la com­mune où ils ont achevé leurs études. Plus de la moitié des infir­miers tra­vaillent tou­te­fois dans le même dépar­te­ment.

Le pre­mier emploi des IDE est rela­ti­ve­ment long (29 mois). Les infir­miers sont par ailleurs 38 % à avoir conservé leur pre­mier emploi au moins jusqu’à la fin de la période étudiée.

Le pre­mier emploi débute en majo­rité par un tra­vail tem­po­raire (CDD, stage, inté­rim...). Les infir­miers qui com­men­cent par un tra­vail à durée limi­tée sont majo­ri­tai­re­ment en CDD ou en stage, du fait des spé­ci­fi­ci­tés de la Fonction Publique Hospitalière, où il faut être sta­giaire avant la titu­la­ri­sa­tion (82 % des IDE recru­tés par le sec­teur public ont com­mencé par un tra­vail à durée limi­tée, contre seu­le­ment 69 % de ceux qui tra­vaillent dans le privé).

Une part non négli­gea­ble de ces contrats tem­po­rai­res sont en outre des mis­sions d’inté­rim (6 % de l’ensem­ble des infir­miers).

La pra­ti­que du temps par­tiel se déve­loppe au long des pre­miè­res années d’exer­cice (15 % des femmes et 6 % des hommes). Cette forte pro­por­tion doit cepen­dant être rela­ti­vi­sée car 2/3 des IDE à temps par­tiel le sont à 80 %.

Les infir­miers diplô­més vont plus sou­vent du privé vers le public que l’inverse. Ainsi, ceux qui ont occupé plu­sieurs emplois au cours de ces 5 ans sont le plus sou­vent passés du sec­teur privé vers le sec­teur public (25 %). Le phé­no­mène inverse (pas­sage du public vers le privé) est beau­coup moins cou­rant (7 %).
Cinq ans après l’obten­tion de leur diplôme, les IDE sont ainsi 66 % à tra­vailler dans le sec­teur public, alors que moins de la moitié y avaient pris leur pre­mier poste.

Le nombre d’infir­miers libé­raux s’accroît for­te­ment dès la qua­trième année sui­vant le diplôme, ce qui n’est pas sur­pre­nant, dans la mesure où l’exer­cice libé­ral de la pro­fes­sion n’est auto­risé qu’au bout de 3 ans d’expé­rience pro­fes­sion­nelle.

Parmi les infir­miers diplô­més en 1998, 4 % ont choisi de faire du libé­ral au bout de 5 ans. Enfin, les infir­miers sala­riés inter­ro­gés sont assez nom­breux à songer à exer­cer en libé­ral dans l’avenir (10 % des IDE du privé et 7 % du public).

Le salaire de pre­mier emploi est net­te­ment plus élevé pour les infir­miers que celui des diplô­més de niveau d’études proche : la médiane des salai­res men­suels à l’embau­che est à 1.296 € nets pour les IDE (contre 917 € pour les DEUG et 991 € pour les DUT).

Mais l’écart se réduit déjà 5 ans après la fin des études, et le salaire de l’IDE pla­fonne au bout de vingt ans de car­rière, alors que les autres diplô­més n’ont pas les mêmes contrain­tes (tra­vail de nuit et de WE).

Les infir­miers ont également une dis­per­sion de leurs salai­res plus faible que pour les autres pro­fes­sions (50 % d’entre eux sont payés entre 1.220 € et 1.418 € nets men­suels, soit un écart de 198 €).
Les salai­res nets perçus par les infir­miers lors de leur pre­mier emploi sont glo­ba­le­ment plus élevés dans le sec­teur public que dans le sec­teur privé (la médiane pour le sec­teur public est de 1.326 € nets men­suels à l’embau­che contre 1.261 € pour le sec­teur privé).

A l’embau­che, « toutes choses égales par ailleurs », les in-fir­miers du sec­teur public gagnent envi­ron 6 % de plus que les infir­miers du sec­teur privé. Par contre, le salaire médian des IDE à plein temps est qua­si­ment iden­ti­que, cinq ans après leur sortie de for­ma­tion, dans le public et le privé (res­pec­ti­ve­ment 1.562 € et 1.556 € nets men­suels).

Par ailleurs, un infir­mier tra­vaillant en Île-de-France est payé 6 % de plus qu’un infir­mier exer­çant en pro­vince. L’ana­lyse « toutes choses égales par ailleurs » montre tou­jours un fort effet de la région de tra­vail sur la rému­né­ra­tion obte­nue par les infir­miers 5 ans après leur sortie de for­ma­tion : les infir­miers d’Île-de-France gagnent ainsi envi­ron 9 % de plus que ceux de pro­vince.

Selon cette étude, les infir­miers satis­faits de leur emploi tra­vaillent plus sou­vent dans le sec­teur public et à temps com­plet.
À partir des décla­ra­tions des infir­miers sur l’opi­nion qu’ils se font de leur emploi, la DREES a pu ainsi cons­ti­tuer trois grou­pes ayant des atti­tu­des pro­ches :

 Le pre­mier (74 % des infir­miers) se consi­dère comme plutôt bien à sa place, et regroupe les indi­vi­dus ayant prin­ci­pa­le­ment répondu qu’ils étaient embau­chés au bon niveau de com­pé­tence, qu’ils se réa­li­saient pro­fes­sion­nel­le­ment, qu’ils étaient cor­rec­te­ment payés, et qu’ils ne recher­chaient pas d’emploi,

 Le deuxième (12 % des infir­miers) consi­dère plutôt qu’on lui en demande trop, et regroupe des per­son­nes esti­mant qu’elles ont été embau­chées au-dessus de leur niveau de com­pé­tence tout en étant mal payées,

 Le troi­sième (14 % des in-fir­miers) mani­feste la volonté de partir, et est com­posé de per­son­nes esti­mant avoir été embau­chées en des­sous de leur niveau de com­pé­tence, ne pas se réa­li­ser pro­fes­sion­nel­le­ment, et qui cher­chent un autre emploi.

Deux grou­pes sur les trois (repré­sen­tant un quart des effec­tifs infir­miers sortis de for­ma­tion ini­tiale en 1998) cor­res­pon­dent donc à des per­son­nes peu ou pas satis­fai­tes du contenu ou des condi­tions de leur tra­vail. Parmi les plus insa­tis­faits (troi­sième groupe), on retrouve plus d’hommes que de femmes.

Dans les deux grou­pes où les condi­tions de tra­vail ne sont pas idéa­les, se retrou­vent en outre davan­tage d’infir­miers qui tra­vaillent dans le sec­teur privé, qui ont des enfants et qui sont à temps par­tiel. A l’inverse, les per­son­nes à temps com­plet ont plus de chan­ces de se situer dans le pre­mier groupe, c’est-à-dire là où les per­son­nes sont plutôt satis­fai­tes de leur tra­vail.

Selon cette étude du Ministère de la Santé, l’opi­nion des infir­miers sur leur emploi est rela­ti­ve­ment posi­tive, sachant que 15 % d’entre eux indi­quent tou­te­fois une « volonté de partir ».

A com­pa­rer avec l’étude PRESST NEXT !

(1) DREES : Direction de la Recherche des
Etudes de l’Evaluation et des Statistiques (Ministère de la Santé)

(2) CEREQ : Centre d’Etudes et de Recherches
sur les qua­li­fi­ca­tions

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