Infirmières menaces sur la retraite !

9 août 2009

Article paru le 07.08.09 dans le journal "Les Echos".

La réforme licence-master-doc­to­rat LMD va faire passer les infir­miers de la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière dans la caté­go­rie supé­rieure. Le gou­ver­ne­ment réclame des « contre­par­ties » pour com­pen­ser les reva­lo­ri­sa­tions de salai­res que cela entraî­nera.

C’est une négo­cia­tion cru­ciale qui va s’ouvrir début sep­tem­bre pour les infir­miè­res et l’ensem­ble des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les de l’hôpi­tal public. Le gou­ver­ne­ment doit tirer les consé­quen­ces finan­ciè­res de la réforme licence-master-doc­to­rat, qui don­nera, à partir de 2012, la reconnais­sance du niveau licence aux diplô­mes des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les. Cette pro­messe de cam­pa­gne de Nicolas Sarkozy va faire passer tous les infir­miers, kinés, pédi­cu­res-podo­lo­gues ou pré­pa­ra­teurs en phar­ma­cie de l’hôpi­tal public de la caté­go­rie B à la caté­go­rie A. Avec, à la clef, des reva­lo­ri­sa­tions de salai­res pour 300.000 employés en équivalent temps plein, dont plus de 210.000 infir­miè­res.

L’Inspection géné­rale des affai­res socia­les (Igas) a chif­fré l’impact de ces haus­ses de rému­né­ra­tions l’an der­nier. Le sur­coût moyen par agent, char­ges com­pri­ses, s’élèverait à 1.517 euros par an. Facture : 457 mil­lions d’euros par an en moyenne pour la fonc­tion pu­­bli­que hos­pi­ta­lière (voir gra­­phi­que), chif­fre auquel il faut ajou­ter les sala­riés des établissements privés à but non lucra­tif et les infir­miè­res de l’Education natio­nale et des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les.

Il y aurait également un impact indi­rect sur les salai­res des infir­miè­res employées par les cli­ni­ques et les mai­sons de retraite du sec­teur privé, et même sur les infir­miè­res libé­ra­les, estime l’Igas. Et, à terme, des dépen­ses de retraite sup­plé­men­tai­res, chif­frées à 250 mil­lions d’euros par an à l’hori­zon 2050.

Un droit d’option

Pour le gou­ver­ne­ment, il n’est pas ques­tion de débour­ser autant. « L’effort finan­cier consé­quent de cette reva­lo­ri­sa­tion dans un contexte économique par­ti­cu­liè­re­ment dif­fi­cile impose la négo­cia­tion de contre­par­ties » , a pré­venu la minis­tre de la Santé, Roselyne Bachelot, la semaine der­nière, en Conseil des minis­tres.

Pour les syn­di­cats, « contre­par­tie » signi­fie « report de l’âge de départ en retraite » . Les infir­miè­res de la fonc­tion publi­que peu­vent actuel­le­ment partir à 55 ans. « Le recul de l’âge de liqui­da­tion de la retraite à 60 ans engen­dre­rait, à terme, une économie annuelle d’envi­ron 500 mil­lions d’euros à partir de 2030 sur les dépen­ses de retraite » , note l’Igas.

Les syn­di­cats sont sur le qui-vive. «  Rien n’est encore annoncé offi­ciel­le­ment, mais nous crai­gnons que le gou­ver­ne­ment ne reprenne d’une main ce qu’il donne de l’autre, résume Thierry Amouroux, qui négo­cie pour le Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers (CFE-CGC). Toutes les études mon­trent la péni­bi­lité de notre pro­fes­sion. La retraite à 55 ans, c’est la reconnais­sance de cette péni­bi­lité.  » « Le but de cette négo­cia­tion, c’est d’amé­lio­rer le statut des infir­miè­res, pas le contraire ! L’âge de la retraite sera un point dur pour l’ensem­ble des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les », pré­vient Michaël Deroche (CFDT). « On ne reconnaî­trait plus la péni­bi­lité de la pro­fes­sion, alors qu’elle serait exer­cée dans les mêmes condi­tions », redoute Sylvie Breuil (CGT).

Pour calmer le jeu, le minis­tère de la Santé devrait pro­po­ser un droit d’option aux infir­miers qui sont déjà sur le marché du tra­vail. Soit ils choi­sis­sent le nou­veau statut, soit ils conser­vent leur statut actuel, avec un départ à 55 ans, mais sans béné­fi­cier des reva­lo­ri­sa­tions sala­ria­les. C’est cette solu­tion qui a été rete­nue pour la réforme du statut des ins­ti­tu­teurs.

D’autres docu­ments (gra­­phi­ques) dans l’arti­cle de VINCENT COLLEN, dans le jour­nal "Les Echos"  :
Infirmières : les syn­di­cats crai­gnent un report de l’âge de la retraite

Voir également sur notre site :
 négo­cia­tions LMD de juin 2009 :lire l’arti­cle
 réforme des études : lire l’arti­cle
 rai­sons du malaise infir­mier : lire l’arti­cle
 rap­port LMD du minis­tère : lire l’arti­cle
 lien pénu­rie et salaire :lire l’arti­cle

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