Le collectif "Unité pour le LMD" refuse une licence professionnelle

26 octobre 2008

Dans une lettre ouverte datée du 24 octobre 2008, ce collectif de 22 organisations a rappelé à Roselyne Bachelot sa volonté de voir la formation infirmière, inscrite dans un dispositif de formation validant une Licence, un Master et un Doctorat adossés à une discipline en sciences infirmières.

à Madame Roselyne Bachelot,
Ministre de la santé, de la jeu­nesse et des sports

Paris le 24 octo­bre 2008

Madame la Ministre,

Suite à la paru­tion du rap­port « évaluation de l’impact du dis­po­si­tif LMD sur les for­ma­tions et le statut des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les » les vingt deux orga­ni­sa­tions signa­tai­res de la pla­te­forme « unité pour le LMD » sol­li­ci­tent d’urgence une audience au sujet de la for­ma­tion des infir­miè­res dans le dis­po­si­tif LMD.

Les pré­co­ni­sa­tions des rap­por­teurs d’ins­crire la for­ma­tion des infir­miè­res dans une licence pro­fes­sion­nelle avec d’éventuels débou­chés en Master pro­fes­sion­nel ne cor­res­pon­dent ni aux atten­tes expri­mées par la pro­fes­sion ni aux enga­ge­ments pris.

Les orien­ta­tions qui se des­si­nent sem­blent augu­rer une appro­che a minima de l’ins­crip­tion de la filière infir­mière dans un cursus uni­ver­si­taire et sont pré­ju­di­cia­bles au déve­lop­pe­ment de la recher­che dans la dis­ci­pline en scien­ces infir­miè­res.

Notre pla­te­forme de pro­po­si­tions pose clai­re­ment les objec­tifs géné­raux que nous jugeons appro­priés afin de guider une telle réforme.

Le contexte actuel de la santé et de l’évolution des besoins en soins nous conduit à penser que nous avons besoin de modè­les d’orga­ni­sa­tion de soins inno­vants.
Plutôt que d’abor­der cette réforme sous le seul angle des coûts bud­gé­tai­res il serait sou­hai­ta­ble de l’envi­sa­ger comme la pos­si­bi­lité donnée aux infir­miè­res de contri­buer à trou­ver des répon­ses aux défis de santé qui vont nous être posés dans les années à venir.

Si l’on sou­haite rendre plus attrac­tive notre pro­fes­sion, il est impé­ra­tif d’ouvrir des pers­pec­ti­ves de car­rière et ne plus se conten­ter de cons­ta­ter que la durée de vie pro­fes­sion­nelle des infir­miè­res est très courte.

Compte tenu des choix qui sem­blent se pro­fi­ler avec la paru­tion de ce rap­port, il nous appa­raît essen­tiel de rap­pe­ler notre volonté de voir la for­ma­tion infir­mière, ins­crite dans un dis­po­si­tif de for­ma­tion vali­dant une Licence, un Master et un Doctorat ados­sés à une dis­ci­pline en scien­ces infir­miè­res.

Dans l’attente de votre réponse à cette nou­velle demande d’audience, nous vous prions de bien vou­loir croire, Madame la Ministre, en l’expres­sion de notre res­pec­tueuse consi­dé­ra­tion.

Le Groupe "unité pour le LMD".

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Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République

Monsieur le Président,

Lors de votre cam­pa­gne pré­si­den­tielle, vous vous étiez engagé auprès d’un syn­di­cat infir­mier dans un cour­rier du 2 mai 2007 à : « per­met­tre, au-delà de la réé­va­lua­tion géné­rale du diplôme à Bac+3, à cer­tai­nes spé­cia­li­tés infir­miè­res de béné­fi­cier d’une reconnais­sance de niveau Bac +4 voire Bac +5. » Dans votre dis­cours de Bordeaux le 16 octo­bre 2007 vous affir­miez : « cette réforme se fera quoiqu’il en coûte ».

Les ins­pec­tions géné­ra­les sai­sies en juillet 2007, vien­nent de rendre public leur rap­port. Les conclu­sions sont affli­gean­tes, l’argu­men­taire déve­loppé ainsi que les recom­man­da­tions sem­blent loin de la fina­lité d’une réforme d’enver­gure. Le phé­no­mène de vieillis­se­ment de la popu­la­tion ainsi que la recher­che d’opti­mi­sa­tion des par­cours des patients ont accru le degré d’acuité et la com­plexité des situa­tions de soins tant dans leur dimen­sion tech­ni­que, que sociale, rela­tion­nelle et éducative. Les besoins des popu­la­tions en termes de qua­lité des soins ainsi que les atten­tes de notre pro­fes­sion et des étudiants se sont pro­fon­dé­ment modi­fiés lors de la der­nière décen­nie.

Les ins­pec­teurs géné­raux sem­blent plus préoc­cu­pés et moti­vés par la pos­si­bi­lité d’offrir une pro­mo­tion sociale aux aides soi­gnan­tes que de se pen­cher sur les réel­les atten­tes de la popu­la­tion et des pro­fes­sion­nels concer­nés. Le pro­blème de l’attrac­ti­vité de la pro­fes­sion n’est pas traité. Les étudiants n’obtien­nent pas les mêmes droits que tous les autres étudiants uni­ver­si­tai­res.

Paradoxalement, il exclut la plus grande partie des pro­fes­sion­nels en exer­cice des béné­fi­ces de la reva­lo­ri­sa­tion sala­riale qui décou­le­rait des recons­truc­tions des grilles sala­ria­les indui­tes par cette réforme.

Les pré­co­ni­sa­tions des rap­por­teurs, d’ins­crire la for­ma­tion des infir­miè­res dans une licence pro­fes­sion­nelle avec d’éventuels débou­chés en Master pro­fes­sion­nel ne cor­res­pon­dent ni aux atten­tes expri­mées par la pro­fes­sion ni aux enga­ge­ments que vous même et votre minis­tre de la santé avez pris envers notre pro­fes­sion.

Cette orien­ta­tion tire un trait sur les pos­si­bi­li­tés de déve­lop­per la recher­che en soins infir­miers telle qu’elle peut être pra­ti­quée dans les autres pays de la com­mu­nauté euro­péenne. Les conclu­sions de ce rap­port obè­rent l’opti­mi­sa­tion de la qua­lité des prises en charge des soins en France car elles occultent les pers­pec­ti­ves qu’ouvrait la créa­tion d’une dis­ci­pline en science infir­mière.

A la lec­ture de ce rap­port, nous res­sen­tons l’impres­sion d’un retour en arrière sur l’his­toire de notre pro­fes­sion, un mépris et une méconnais­sance de l’évolution de notre pro­fes­sion. Nous sou­hai­tons donc atti­rer votre atten­tion sur les posi­tions adop­tées par ses auteurs dans les­quel­les les pro­fes­sion­nels que nous sommes ne se retrou­vent pas.

C’est pour­quoi les 22 asso­cia­tions et syn­di­cats regrou­pés au sein de la pla­te­forme « unité pour le LMD » en appel­lent à votre arbi­trage.

Le Groupe "unité pour le LMD".

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