Les infirmières exclues du plan Alzheimer !

13 novembre 2007

Réaction de la FNI suite à la publication du rapport de la commission chargée de l’élaboration de propositions pour un plan national concernant la maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées, « Plan Alzheimer, la F.N.I. cherche infirmiers désespérément » ! (communiqué du 13.11.07)

La F.N.I. a pris connais­sance du rap­port de la Commission char­gée de l’élaboration de
pro­po­si­tions pour un plan natio­nal concer­nant la mala­die d’Alzheimer et les mala­dies
appa­ren­tées, rendu public le jeudi 8 novem­bre. Elle a pris note du temps de concer­ta­tion
annon­cée par le Professeur Ménard, auteur de ce rap­port, et y répon­dra. Elle tient, en
revan­che, à expri­mer ses regrets les plus vifs de devoir, encore une fois, appor­ter sa
contri­bu­tion en marge et a pos­te­riori sur un rap­port déjà « bouclé » faute de vision infir­mière
à la com­mis­sion.

Si, selon les propos du Professeur Joël Ménard, « le rôle essen­tiel des famil­les et des
soi­gnants qui assis­tent les per­son­nes aux fonc­tions com­por­te­men­ta­les et cog­ni­ti­ves
alté­rées, par une aide dis­crète ou par la prise en charge d’une dépen­dance totale doit être
reconnu », force est de cons­ta­ter que les infir­miers sont les grands absents de ce rap­port et
de sa pros­pec­tive. La com­mis­sion ne semble pas avoir repéré la pré­sence et le
pro­fes­sion­na­lisme des infir­miers auprès de ces patients pour ce qui concerne leur prise en
charge et leur suivi, que ce soit au sein des ser­vi­ces hos­pi­ta­liers aigus, soins de suite,
USLD, EHPAD ou au domi­cile.

Les conclu­sions du rap­port confir­ment, une nou­velle fois et sans sur­prise, que la com­mis­sion
mise en place (dont per­sonne n’a jugé utile d’y inté­grer un infir­mier) reste for­te­ment
influen­cée par une vision hos­pi­ta­lo­cen­trée et sociale du pro­blème qui ne prend pas en
compte en France, contrai­re­ment à la majo­rité des autres pays, le rôle joué par l’infir­mier ou
qu’il pour­rait jouer à l’avenir dans ce domaine, notam­ment en terme de déve­lop­pe­ment de la
recher­che et des soins au-delà d’un rôle de coor­di­na­tion.

La place que l’on veut bien concé­der aux infir­miers dans ce rap­port reste donc, encore une
fois, déconnec­tée des pra­ti­ques réel­les et du rôle que nous jouons au quo­ti­dien. Ce cons­tat
nous réaf­firme sans ambi­guïté que si, dans de nom­breux pays, l’infir­mier est consi­déré
comme un des inter­lo­cu­teurs incontour­na­bles sur les ques­tions de santé et de suivi des
per­son­nes âgées avec les résul­tats que l’on connaît en terme de per­for­mance,
par­ti­cu­liè­re­ment en matière de soins au sein de la « com­mu­nauté » au plus près des lieux de
vie, pour la France tout reste à faire sur ce posi­tion­ne­ment.

La F.N.I. regrette cet état de fait alors qu’elle avait fait part, dès le mois de juin, au Président
de la République son sou­hait de s’enga­ger de manière moderne et opé­ra­tion­nelle dans tous
ces chan­tiers sus­cep­ti­bles d’amé­lio­rer la qua­lité et la sécu­rité des soins et notam­ment celui-ci.

La F.N.I. réaf­firme qu’il est urgent que la poli­ti­que de santé et ses lea­ders inté­grent une
vision moder­ni­sée de la pro­fes­sion et du rôle qu’elle joue au quo­ti­dien. Sur ce point,
contrai­re­ment aux crain­tes du Professeur Ménard, le lobby infir­mier ne l’a pas
« ins­tru­men­ta­lisé au-delà du rai­son­na­ble », bien au contraire !! Force est de cons­ta­ter que
« si les mem­bres de la com­mis­sion ont par­fai­te­ment perçu les effets d’aubai­nes ima­gi­nés
par cer­tains grou­pes pro­fes­sion­nels, scien­ti­fi­ques ou com­mer­ciaux » ils n’ont abso­lu­ment
pas perçu « l’aubaine et l’inté­rêt » de reconnaî­tre et pro­mou­voir un rôle infir­mier dans la
recher­che, dans les soins et le suivi de ces patients.

Si, selon les propos du Professeur Ménard dans sa lettre intro­duc­tive, la France attend
tou­jours St Louis, les infir­miè­res, en ce qui les concerne, rêvent de la sage influence de
Blanche de Castille pour appor­ter une pros­pec­tive opé­ra­tion­nelle en matière de soin et de
recher­che dans un domaine où l’infir­mière tient et doit tenir une place reconnue. Si les voeux
du Président de la République sont d’« éviter cer­tai­nes erreurs du passé », il convient sur ce
sujet de sortir de cette excep­tion fran­çaise qui consiste à occulter sys­té­ma­ti­que­ment le rôle
et le ser­vice rendu aux patients par les infir­miers dans ce domaine comme dans d’autres.

Philippe TISSERAND, Président de la F.N.I.

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