Perturbateurs endocriniens dans les produits d’hygiène et de beauté

6 avril 2013

Alerte dans la salle de bain (Communiqué UFC Que Choisir du 2 avril 2013)

A la veille de la publi­ca­tion de la stra­té­gie de la Commission euro­péenne sur les per­tur­ba­teurs endo­cri­niens, l’UFC-Que Choisir publie les résul­tats préoc­cu­pants des tests réa­li­sés sur 66 pro­duits cos­mé­ti­ques et d’hygiène(1), et demande un ren­for­ce­ment de la régle­men­ta­tion sur ces com­po­sés.

Après ses nom­breu­ses enquê­tes révé­lant dans une vaste liste de pro­duits de consom­ma­tion (jouets pour enfants, embal­la­ges ali­men­tai­res, pro­duits d’entre­tien, meu­bles, pein­tu­res, etc…) la pré­sence de per­tur­ba­teurs endo­cri­niens, l’UFC-Que Choisir les a trou­vés cette fois-ci sous la forme de conser­va­teurs, d’anti­bac­té­riens, de fil­tres solai­res et d’émollients ajou­tés dans les pro­duits de beauté et d’hygiène cor­po­relle.

Alors que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) consi­dè­rent les per­tur­ba­teurs endo­cri­niens comme une menace mon­diale pour la santé, du fait par exem­ple de leur impact sur la fer­ti­lité ou les trou­bles neu­ro­com­por­te­men­taux, les résul­tats de ce test exclu­sif dou­chent tout espoir d’inno­cuité.

Effet per­tur­ba­teur même à faible dose

Alors même que ces molé­cu­les peu­vent avoir un effet hor­mo­nal à des concen­tra­tions infi­mes, cer­tains fabri­cants conti­nuent à les incor­po­rer dans les pro­duits cos­mé­ti­ques. Sur le den­ti­frice Colgate Total(2) nos mesu­res ont révélé une teneur en tri­clo­san sus­cep­ti­ble d’effet sur la thy­roïde. Quant au gel douche Nivea « Water lily & oil »(3), nous y avons trouvé du pro­pyl­pa­ra­ben à une dose supé­rieure à la recom­man­da­tion du Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC).

Une over­dose quo­ti­dienne

L’expo­si­tion à ces molé­cu­les est encore accrue lors­que l’on uti­lise dif­fé­rents pro­duits com­por­tant la même molé­cule et dont les doses s’addi­tion­nent pour attein­dre un niveau de risque signi­fi­ca­tif. C’est ce que nous avons cons­taté avec le tri­clo­san pour lequel nous avons trouvé des teneurs accep­ta­bles sur les den­ti­fri­ces et les déo­do­rants pris iso­lé­ment, mais qui attei­gnent un niveau de risque signi­fi­ca­tif pour une uti­li­sa­tion com­bi­nant les deux pro­duits. Le pro­blème est encore plus marqué dans le cas du pro­pyl­pa­ra­ben, retrouvé dans pas moins de 9 famil­les de pro­duits cos­mé­ti­ques et d’hygiène(4) (1 déo­do­rant, 1 sham­poing, 1 den­ti­frice, 1 bain de bouche, 2 gels douche, 6 laits cor­po­rels, 3 crèmes solai­res, 3 rouges à lèvres, 4 fonds de teint, 4 crèmes visage…).

Gare à l’effet cock­tail

Des molé­cu­les (para­bè­nes et fil­tres solai­res OMC) bien que dif­fé­ren­tes peu­vent avoir des modes d’action simi­lai­res dont les effets s’addi­tion­nent. C’est ainsi que nous avons mesuré des niveaux de ris­ques signi­fi­ca­tifs pour les laits cor­po­rels et les crèmes solai­res qui cumu­lent par­fois plu­sieurs molé­cu­les dif­fé­ren­tes.

Si pour une majo­rité de sub­stan­ces, le risque semble maî­trisé, il est en revan­che dif­fi­cile de se pro­non­cer sur du plus long terme. Alors que la Commission euro­péenne reçoit des signaux contra­dic­toi­res sur le ren­for­ce­ment du cadre régle­men­taire, l’UFC-Que Choisir enten­dant garan­tir la sécu­rité des consom­ma­teurs, lui demande donc aujourd’hui :
- De dili­gen­ter, sous la super­vi­sion du CSSC, des recher­ches indé­pen­dan­tes sur l’impact de ces molé­cu­les sur le long terme, et en appli­ca­tion du prin­cipe de pré­cau­tion, de ren­for­cer sans plus atten­dre le cadre régle­men­taire en pre­nant en compte l’effet cock­tail de ces molé­cu­les dans l’évaluation de la toxi­cité des pro­duits ;
- D’obli­ger les pro­fes­sion­nels à réa­li­ser des étiquetages com­plets sur la com­po­si­tion réelle de leurs pro­duits, et de reti­rer de leurs for­mu­la­tions les molé­cu­les ayant des effets de per­tur­ba­teurs endo­cri­niens avérés ou sus­pec­tés, afin de réduire les quan­ti­tés tota­les aux­quel­les sont expo­sés les consom­ma­teurs.

- (1) Résultats com­plets dans le numéro 513 du maga­zine « Que Choisir » d’avril.
- (2) Le den­ti­frice Colgate Total ren­ferme 2,09 g/kg de tri­clo­san. Nos experts consi­dè­rent que cette dose est trop élevée en par­ti­cu­lier com­bi­née à un déo­do­rant conte­nant également du Triclosan car elle engen­dre un niveau de risque signi­fi­ca­tif.
- (3) Nous avons relevé dans le gel douche Nivea « Water lily & oil », une teneur de 2,68 g/kg de pro­pyl­pa­ra­ben, la recom­man­da­tion du Comité Scientifique pour la Sécurité des Consommateurs (CSSC) est de ne pas dépas­ser 2,48 g/kg.
- (4) Les résul­tats en détail des 66 pro­duits sur le site inter­net de l’UFC Que choi­sir :.
http://www.que­choi­sir.org/sante-bien-etre/hygiene-beaute/enquete-cos­me­ti­ques-et-per­tur­ba­teurs-endo­cri­niens-66-pro­duits-ana­ly­ses

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