Plan cancer 3 : l’infirmière clinicienne reconnue

12 novembre 2013

Le nou­veau métier d’infir­mière cli­ni­cienne devrait être créé par le Plan cancer 3 qui sera annoncé début 2014, a-t-on appris lors des Rencontres de la can­cé­ro­lo­gie fran­çaise (RCFr) le 8 novem­bre 2013 à Lyon.

L’infir­mière cli­ni­cienne est un des nou­veaux métiers dont le rap­port Vernant pro­pose la créa­tion pour faire face aux trans­for­ma­tions de l’orga­ni­sa­tion des soins en can­cé­ro­lo­gie impul­sées par les thé­ra­pies inno­van­tes dont les thé­ra­pies ciblées orales.

"On espère ce nou­veau métier", a expli­qué Hélène Espérou d’Unicancer, lors d’une ses­sion plé­nière sur l’évolution des pro­fes­sions de santé pour une coor­di­na­tion dans le par­cours de soins. Cette nou­velle notion émane notam­ment des tra­vaux menés dans le cadre du Plan cancer 2 sur l’infir­mière de coor­di­na­tion.

Au sein d’Unicancer, une révi­sion de la clas­si­fi­ca­tion des métiers a conduit à indi­vi­dua­li­ser des infir­miè­res spé­cia­li­sées avec une reconnais­sance sta­tu­taire et sala­riale, a-t-elle cité.

Maryse Jeudy, infir­mière à l’Hôpital Saint-Joseph à Paris, a pré­senté son expé­rience d’infir­mière d’annonce puis en coor­di­na­tion acquise lors de l’expé­ri­men­ta­tion menée par l’Institut natio­nal du cancer (Inca) dans 35 établissements avec pour objec­tif de réduire les admis­sions aux urgen­ces des patients. Son rôle de coor­di­na­tion est main­te­nant devenu son quo­ti­dien et il s’étend jusqu’à la réu­nion de concer­ta­tion plu­ri­dis­ci­pli­naire d’après trai­te­ment (RCPAT).

Florence Ambrosino, infir­mière libé­rale à Marseille, qui a passé dans cette ville le "master en scien­ces cli­ni­ques infir­miè­res, option par­cours de soins com­plexes", a tra­vaillé sur le lien ville/hôpi­tal pour anti­ci­per le retour du patient à son domi­cile, connaî­tre ses besoins et faci­li­ter le lien avec le méde­cin trai­tant dans le but de sécu­ri­ser le par­cours du patient.

"Nous avons besoin de pro­fes­sion­nels de santé formés aux pra­ti­ques avan­cées, d’infir­miè­res titu­lai­res d’un master ou ayant acquis de l’expé­rience après cinq ou six ans en ser­vice de can­cé­ro­lo­gie", et cela ne pourra pas se faire "sans valo­ri­sa­tion sala­riale, sans grilles sala­ria­les adap­tées", a estimé le Pr Véronique Trillet-Lenoir, onco­lo­gue médi­cale aux Hospices civils de Lyon (HCL) et pré­si­dente des RCFr. "Nous en avons besoin à l’hôpi­tal, et nos col­lè­gues de ville, les patients et nous en avons besoin en ville pour réus­sir le par­cours de soins en can­cé­ro­lo­gie", a-t-elle ajouté.

Raymond Le Moign, sous-direc­teur des res­sour­ces humai­nes du sys­tème de santé à la direc­tion géné­rale de l’offre de soins (DGOS), s’est demandé si le cancer pou­vait cons­ti­tuer un "labo­ra­toire pri­vi­lé­gié" pour avan­cer sur ces nou­veaux métiers liés à la notion de par­cours de soins et pro­po­ser un nou­veau modèle pour d’autres patho­lo­gies.

Pour l’infir­mière de pra­ti­que avan­cée ou cli­ni­cienne qui ouvre le champ à plus d’auto­no­mie (orga­ni­sa­tion et pres­crip­tion), on sort du métier socle et cela relève d’un nou­veau métier, a-t-il expli­qué.

Une ficher métier a été élaborée dans le cadre de la pré­pa­ra­tion du futur Plan cancer 3 (par le Pr Trillet-Lenoir) et elle va être pro­po­sée aux acteurs, a-t-il annoncé. Elle défi­nit le métier qui ne devrait pas être res­treint à la can­cé­ro­lo­gie.

"Cette fiche est même consen­suelle entre les minis­tè­res de l’ensei­gne­ment supé­rieur et de la santé : elle a donc les meilleurs atouts" pour être adop­tée, a indi­qué Raymond Le Moign.

Pour les mas­ters en pra­ti­que avan­cée, "on ne peut pas se dis­pen­ser d’avoir une réflexion en termes de sta­tuts", a approuvé Yves Matillon des HCL.

Jean-Paul Vernant, pro­fes­seur d’héma­to­lo­gie à l’Université Pierre et Marie Curie a remis offi­ciel­le­ment son rap­port à Marisol Touraine et Geneviève Fioraso le 2 sep­tem­bre 2013, dans le cadre de la pré­pa­ra­tion du 3è plan cancer.
http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Recommandations-pour-le-3e-plan-cancer.pdf

"Le 2e plan cancer (action 18-1) recom­man­dait de « per­son­na­li­ser les par­cours des mala­des
en déployant la coor­di­na­tion réa­li­sée par des infir­miers coor­do­na­teurs de soins… » « les
postes d’infir­miers d’annonce pour­ront être élargis pour inté­grer ces nou­vel­les mis­sions ».
Trois Masters extrê­me­ment hété­ro­gè­nes quant au volume et au niveau d’ensei­gne­ment
ont été mis en place pour, notam­ment, pré­pa­rer les infir­miers à ces nou­vel­les fonc­tions."

"Cette for­ma­tion per­met­tra d’obte­nir le titre d’infir­mier spé­cia­liste cli­ni­cien et pré­pa­rera les
infir­miers à la ges­tion du par­cours de soin (de l’annonce jusqu’à la consul­ta­tion de fin de
trai­te­ment) avec délé­ga­tion de parole pour l’éducation thé­ra­peu­ti­que et délé­ga­tion pour la
pres­crip­tion des bilans pré-thé­ra­peu­ti­que et de suivi thé­ra­peu­ti­que, et délé­ga­tion pour la
pres­crip­tion de cer­tains soins de sup­port."

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