Plan santé : infirmières invisibles, médecins omniprésents

20 septembre 2018

Le Gouvernement a pré­senté sa stra­té­gie de réforme de santé, inti­tu­lée "Ma santé 2022, un enga­ge­ment col­lec­tif". Elle repose sur 54 mesu­res, avec pour objec­tifs de faire rega­gner du temps médi­cal aux méde­cins, de revoir la répar­ti­tion des méde­cins sur le ter­ri­toire, de modi­fier l’accès aux études médi­ca­les (sup­pres­sion du nume­rus clau­sus de la PACES). Bref, un plan méde­cins, dans lequel les infir­miè­res ne sont citées que dans quel­ques lignes sur 54 pages.

Par ailleurs, dès 2019, les mala­dies chro­ni­ques seront finan­cées "au for­fait" (dia­bète et insuf­fi­sance rénale chro­ni­que) pour leur partie hos­pi­ta­lière. Le dos­sier du minis­tère avec les 54 mesu­res est en télé­char­ge­ment en fin d’arti­cle.

Pour porter la parole infir­mière, le SNPI CFE-CGC a été pré­sent très dans les médias, Thierry Amouroux ayant été l’invité du jour­nal de Sud Radio le matin, du jour­nal de France Info le midi, et de Public Sénat le soir.

Voir en par­ti­cu­lier
 l’arti­cle et la vidéo de France Info  : Plan santé : les assis­tants médi­caux "seront formés au lance-pierre" prédit Thierry Amouroux https://www.fran­cet­vinfo.fr/sante/hopi­tal/plan-sante-les-assis­tants-medi­caux-seront-formes-au-lance-pierre-predit-thierry-amou­roux_2946057.html#x­tor=CS2-765-[twit­ter]-

 débat avec son le pla­teau de Public Sénat : Jean-Marie, Vanlerenberghe, séna­teur cen­triste du Pas-de-Calais, Pascal Beau, fon­da­teur et direc­teur d’Espace social euro­péen, Marie-Laure Alby, méde­cin géné­ra­liste du syn­di­cat MG-France et Thierry Amouroux, porte parole du syn­di­cat natio­nal des per­son­nels infir­miers SNPI CFE-CGC
Système de soins : Macron nous refait une santé (débat à 33mn sur la vidéo)
https://www.public­se­nat.fr/emis­sion/on-va-plus-loin/sys­teme-de-soins-macron-nous-refait-une-sante-132628

 inter­view dans Challenges
Plan santé : pour­quoi les infir­miers se sen­tent oubliés par Macron
Thierry Amouroux, porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers, déplore que le plan santé se concen­tre uni­que­ment sur les méde­cins. Il dénonce les sup­pres­sions de postes dans les hôpi­taux.
https://www.chal­len­ges.fr/eco­no­mie/les-infir­miers-sont-les-grands-oublies-du-plan-sante_613865

Etes-vous satis­fait de la réforme de la santé annon­cée le 18 sep­tem­bre par Emmanuel Macron ?

Les infir­miers, qu’ils soient libé­raux ou sala­riés d’hôpi­taux, ne peu­vent qu’être déçus. Ils sont les grands oubliés de la réforme. Toutes les mesu­res ou pres­que concer­nent les méde­cins : leur for­ma­tion, leur implan­ta­tion, leur rému­né­ra­tion, etc. Ce n’est pas un "plan santé", c’est un "plan méde­cins" ! Les 660.000 infir­miè­res et infir­miers de France sem­blent trans­lu­ci­des pour le gou­ver­ne­ment. Ils sont relé­gués à quel­ques para­gra­phes dans un docu­ment de 52 pages publié par le gou­ver­ne­ment.

Il y a tout de même l’idée de pro­po­ser une for­ma­tion sup­plé­men­taire aux infir­miè­res pour élargir leurs com­pé­ten­ces. Qu’en pensez-vous ?

C’est une mesure de la loi de Marisol Touraine votée sous le pré­cé­dent quin­quen­nat. Le prin­cipe est de pro­po­ser à des infir­miè­res et infir­miers exer­çant à l’hôpi­tal de béné­fi­cier de trois années de for­ma­tion sup­plé­men­tai­res pour élargir leurs com­pé­ten­ces. Ces "infir­miers en pra­ti­que avan­cée" pour­ront être char­gés du suivi des patients, pres­crire des exa­mens com­plé­men­tai­res ou adap­ter cer­tai­nes pres­crip­tions médi­ca­les. Cela existe depuis les années 1960 dans nombre de pays et on ne peut que se féli­ci­ter que cette pra­ti­que arrive enfin en France.

Les infir­miè­res et infir­miers n’ont donc pas été tota­le­ment oubliés…

Ce n’est qu’une mesure parmi cin­quante-quatre. Pour le reste, le mode de rému­né­ra­tion des infir­miè­res et infir­miers reste inchangé. Contrairement aux méde­cins qui pro­fi­tent de primes à la qua­lité des soins, les infir­miers libé­raux conti­nue­ront d’être payés au nombre d’actes médi­caux. Les rému­né­ra­tions via des for­faits liés au suivi de patients ou à cer­tains objec­tifs ne pro­fi­te­ront qu’aux méde­cins. C’est d’autant plus aber­rant que les infir­miers sont formés à la pré­ven­tion, à l’éducation à la santé, à l’accom­pa­gne­ment des mala­des, etc.

Le gou­ver­ne­ment a dégagé 400 mil­lions d’euros sup­plé­men­tai­res pour les soins rem­bour­sés par la Sécu en 2019, est-ce suf­fi­sant ?

Ce chif­fre mérite d’être nuancé. Cela ne repré­sente même pas la moitié du défi­cit des hôpi­taux qui s’élevait à 850 mil­lions d’euros l’an passé. En réa­lité, les hôpi­taux conti­nuent d’être sous forte pres­sion finan­cière avec des bud­gets qui pro­gres­sent en moyenne deux fois moins vite que l’aug­men­ta­tion spon­ta­née de leurs char­ges. Cette année, cela équivalait à une économie de quel­que 960 mil­lions d’euros et à sou­vent à des sup­pres­sions de postes. A l’Assistance publi­que-Hôpitaux de Paris par exem­ple, 600 postes doi­vent être sup­pri­més.

Que pensez-vous de la créa­tion des "assis­tants médi­caux" censés faire gagner du temps aux méde­cins ?

Le gou­ver­ne­ment répond à une vieille reven­di­ca­tion des méde­cins. Cela va leur per­met­tre d’aug­men­ter leur nombre de consul­ta­tions et donc leurs reve­nus. La mesure aura un coût non négli­gea­ble. Si les 4.000 "assis­tants médi­caux" promis sont entiè­re­ment finan­cés sur fonds publics, cela coû­tera près de 200 mil­lions d’euros, soit la moitié de l’enve­loppe déga­gée pour la réforme en 2019. Pour les infir­miers qui subis­sent paral­lè­le­ment les sup­pres­sions des emplois aidés dans les hôpi­taux, il y a un sen­ti­ment de "deux poids, deux mesu­res".

Vous pouvez suivre chaque jour nos réac­tions sur les réseaux sociaux
 https://twit­ter.com/infir­mierSNPI
 http://www.face­book.com/syn­di­ca­tin­fir­mier.SNPI

Voir également :
 Plan santé : que feront les futurs "assis­tants médi­caux" ? https://www.lex­press.fr/actua­lite/societe/sante/qui-sont-les-assis­tants-medi­caux-au-coeur-du-plan-sante_2035761.html
 https://fr.news.yahoo.com/plan-santé-assis­tants-médi­caux-seront-150856790.html
 Où sont les infir­miers dans la réforme de Santé ? https://www.infir­miers.com/actua­li­tes/actua­li­tes/ou-sont-infir­miers-dans-reforme-sante.html
 Débat Sud Radio : Faut-il limi­ter l’hôpi­tal aux urgen­ces les plus graves ? https://www.sudra­dio.fr/debat-enquete-2018-09-17

Document(s) joint(s) à l'article
plan santé macron "ma santé 2022" - (1.8 Mio) - PDF
Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

L’infirmière accompagne le patient aux prises avec la bureaucratie des soins de santé

Un diagnostic tombe. Les traitements commencent. Puis viennent les démarches : formulaires à (…)

Quand les décisions médicales paralysent, l’infirmière devient la clé pour avancer

Se retrouver face à des choix médicaux contradictoires est une situation angoissante. Les (…)

Répondre aux besoins de santé par la formation infirmière en Europe

"Répondre aux besoins de santé par la formation infirmière en Europe" : l’équipe du SNPI, (…)

Ratios de patients par infirmière : texte adopté en Commission de l’Assemblée nationale

Enfin une bonne nouvelle pour les #soignants ! La proposition de loi instaurant un nombre de (…)

Plaies et cicatrisation : une expertise infirmière, méconnue par la réglementation

En France, environ 2 millions de personnes souffrent chaque année de plaies chroniques. Un (…)

La relation qui soigne : l’oubliée des missions infirmières officielles

Un patient n’attend pas qu’un soin technique. Il veut être écouté, compris, rassuré. Pourtant, (…)