Hôpital : apprendre à faire équipe
23 mai 2009
En toute logique, la formation et les diplômes obtenus déterminent les fonctions et la répartition des tâches au sein de l’équipe soignante.
Mais ensuite chacun créé des “zones de compétence”, dans un rapport de dépendance : ceux qui ont la formation jugée socialement la plus prestigieuse définissent leur territoire, puis la catégorie suivante s’approprie la partie la moins dévalorisée du reliquat, et ainsi de suite. Le médecin délègue à l’infirmière des actes techniques, l’infirmière laisse à l’aide-soignante les soins d’hygiène, l’aide-soignante confie le nettoyage des sols à l’agent hospitalier.
Cette conception débouche sur des comportements de castes en position d’autodéfense, et crée un climat de bureaucratisation, dans lequel chacun finit par s’enfermer dans son poste, et prend de moins en moins l’initiative de s’adapter.
Entre cette frilosité corporatiste, et les dangers de certaines dérives de compétences, on peut s’engager dans une troisième voie, centrée sur la notion d’équipe. Après avoir déterminé les zones d’autonomie et de complémentarité des fonctions de chaque membre de l’équipe, la recherche d’une adaptation permanente aux personnes et aux situations vécues doit amener une plus grande satisfaction du personnel, et une meilleure qualité des soins.
Les membres de l’équipe soignante doivent apprendre à faire équipe : la différence est une richesse, car en fonction de sa formation ou de son vécu, chacun, à son niveau, apporte un point de vue particulier, et l’ensemble de ces facettes donne une vision globale de la personne soignée.
De même, si chacun se sait écouté avec respect, même en cas de désaccord, il aura le sentiment d’être reconnu, et n’en sera que plus motivé. La participation à un projet d’équipe qui réponde à un besoin réel (par opposition aux “projets de service” commandés par l’institution, ou motivés par une nécessité de carrière d’un cadre), est également un facteur de cohésion, avec la satisfaction d’un travail réussi en commun.
Les réunions d’équipe sont également l’occasion d’une collecte et d’un recentrage des informations, à l’issue desquelles l’équipe gagne en cohérence dans sa relation avec les personnes soignées, qui parfois “testent” leur interlocuteur, ou “prêchent le faux pour savoir le vrai” ! Le fait d’avoir affaire à une équipe cohérente, plutôt qu’à une somme d’individualités donne confiance aux malades.
Enfin, de même qu’un enfant perçoit les tensions de ses parents, la cohésion de l’équipe est “ressentie” par les personnes hospitalisées, qui se sentent rassurées, avec parfois des effets somatiques, tant l’humain est complexe.