Hopital : conséquences de la Loi de financement de la sécurité sociale pour 2019

30 décembre 2018

Dans la Loi de finan­ce­ment de la sécu­rité sociale pour 2019, l’objec­tif natio­nal des dépen­ses d’assu­rance mala­die (Ondam) est fixé à 200,3 mil­liards d’euros, en crois­sance de 2,5%.

L’Ondam 2018 à 2,3% c’est tra­duit par 960 mil­lions en moins (cir­cu­laire tari­faire de mai 2018) donc l’Ondam 2019 à 2,5% repré­sente plutôt 910 mil­lions en moins. Somme à laquelle il faut rajou­ter la "réserve", à savoir de l’argent mis de coté jusqu’à la fin de l’année pour faire face à une crise sani­taire éventuelle.
Pour Thierry Amouroux, le porte-parole du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC, le gou­ver­ne­ment a réa­lisé un tour de passe-passe : le trou de la Sécu est devenu la dette des hôpi­taux !

La ten­sion est telle que pour la pre­mière fois, les quatre fédé­ra­tions hos­pi­ta­liè­res -la Fédération hos­pi­ta­lière de France (FHF), la Fédération des cli­ni­ques et hôpi­taux privés de France (FHP), la Fédération des établissements hos­pi­ta­liers et d’aide à la per­sonne privés non lucra­tifs (Fehap) et Unicancer (qui repré­sen­tent hôpi­taux publics, privés, privés à but non lucra­tif et cen­tres de can­cé­ro­lo­gie, soit tous les établissements de soins), ont lancé ensem­ble « un cri d’alarme sur la dégra­da­tion des condi­tions d’acti­vi­tés de soins ».
http://www.lepa­ri­sien.fr/eco­no­mie/budget-2019-le-cri-d-alarme-des-hopi­taux-29-10-2018-7930935.php

Pour les 900 hôpi­taux publics par exem­ple, la Fédération hos­pi­ta­lière de France (FHF) évalue déjà le cumul des défi­cits à 1 mil­liard d’euros pour 2018. L’AP-HP estime que son défi­cit pour­rait avoi­si­ner 200 mil­lions d’euros pour la deuxième année consé­cu­tive. "Ce n’est pas du au virage ambu­la­toire, mais à la baisse des moyens attri­bués aux hôpi­taux. Les tarifs ont été bais­sés de 0,5 % en 2018 après 0,9 % en 2017, les hôpi­taux sont asphyxiés pro­gres­si­ve­ment" pré­cise Thierry Amouroux. « Comment détruire un ser­­vice public ? Commencez par bais­­ser son finan­­ce­­ment. Il ne fonc­­tion­­nera plus. Les gens s’énerveront. Ils vou­­dront autre chose. C’est la tech­­ni­­que de base pour pri­­va­­ti­­ser un ser­­vice public » (Noam Chomsky).

Parmi les mesu­res impor­tan­tes de la Loi de finan­ce­ment de la sécu­rité sociale pour 2019, on note :
 l’expé­ri­men­ta­tion d’un for­fait de coor­di­na­tion pour inci­ter les ser­vi­ces d’urgence hos­pi­ta­liers à réo­rien­ter des patients vers d’autres modes de prise en charge, notam­ment en ville ;
 la mise en place de la réforme du "reste à charge zéro" (rebap­ti­sée "100% santé"), au terme de laquelle les assu­rés ne devraient sup­por­ter aucun reste à charge sur cer­tains soins coû­teux, après inter­ven­tion de l’assu­rance mala­die obli­ga­toire et des com­plé­men­tai­res santé (qui du coup aug­men­te­ront leurs tarifs)
 la fusion de l’aide à l’acqui­si­tion d’une com­plé­men­taire santé (ACS) avec la cou­ver­ture mala­die uni­ver­selle com­plé­men­taire (CMU-C), en ins­ti­tuant une part contri­bu­tive ;
 le ren­for­ce­ment de l’enca­dre­ment de l’uti­li­sa­tion des médi­ca­ments inno­vants par les pro­fes­sion­nels de santé ;
 le prin­cipe d’un moin­dre rem­bour­se­ment en cas de refus de sub­sti­tu­tion en faveur d’un géné­ri­que en offi­cine, à comp­ter de 2020 ;
 le ren­for­ce­ment de l’inci­ta­tion des établissements à recou­rir aux bio­si­mi­lai­res ;
 En matière de pré­ven­tion et de santé publi­que, le redé­ploie­ment du calen­drier des exa­mens de santé obli­ga­toi­res jusqu’à 18 ans ;
 La géné­ra­li­sa­tion de la vac­ci­na­tion anti­grip­pale par les phar­ma­ciens d’offi­cine, et l’expé­ri­men­ta­tion dans 2 régions volon­tai­res, de la vac­ci­na­tion contre les infec­tions liées aux papil­lo­ma­vi­rus humains, ainsi que le déve­lop­pe­ment de la vac­ci­na­tion obli­ga­toire contre la grippe des pro­fes­sion­nels de santé dans des régions pilo­tes.

La Loi n°2018-1203 du 22 décem­bre 2018 de finan­ce­ment de la sécu­rité sociale pour 2019 compte 87 arti­cles. https://www.legi­france.gouv.fr/affich­Texte.do?cid­Texte=JORFTEXT000037847585

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

HAS et fin de vie : pas de définition objective du pronostic temporel à l’échelle individuelle

Dans le contexte de l’examen du projet et des propositions de loi sur l’accompagnement des (…)

ALERTE ! Les sénateurs effacent la réalité du soin !

Hier, la Commission des affaires sociales du Sénat a supprimé l’amendement voté par les députés, (…)

Soins relationnels : colère des infirmières sur l’incompréhensible recul du Sénat

Le geste soigne, mais c’est la relation qui guérit. Ce lien humain, au cœur du métier infirmier, (…)

Les infirmiers oubliés du pacte contre les déserts médicaux

Un désert médical n’est pas qu’un problème de médecins absents. C’est un territoire où tout un (…)

Quand les soignants deviennent les premiers patients à protéger

Le désert médical s’étend. Mais à côté du manque de médecins généralistes, un autre désert gagne (…)

Profession infirmière : il est temps que la loi rattrape le quotidien

Depuis des années, les infirmières soignent à la marge de la loi. Parce qu’entre le quotidien du (…)