Référentiel de formation DHOS rejeté par les organisations représentatives

13 février 2009

Article publié le 22 décembre 2008 sur le site http://www.espaceinfirmier.com

Le réfé­ren­tiel de for­ma­tion des infir­miè­res diplô­mées d’Etat, soumis pour vali­da­tion le 11 décem­bre au groupe « réin­gé­nie­rie du diplôme » a été mas­si­ve­ment rejeté, a fait savoir le Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers (SNPI CFE-CGC). En effet, sur 22 orga­ni­sa­tions, le docu­ment rédigé par la Direction de l’hos­pi­ta­li­sa­tion et de l’orga­ni­sa­tion des soins (Dhos) n’a reçu l’appro­ba­tion que de la CFDT.

Les griefs sont au nombre d’au moins deux. Le docu­ment serait incom­plet et il aurait été sub­stan­tiel­le­ment modi­fié depuis la pré­cé­dente réu­nion du groupe de tra­vail « réin­gé­nie­rie du diplôme ». Au titre des lacu­nes, le docu­ment de la Dhos n’aborde pas « les condi­tions d’évaluation de la for­ma­tion », déplore le SNPI CFE-CGC. « On ne sait pas qui évalue quoi et com­ment ! Le dis­po­si­tif d’évaluation des com­pé­ten­ces est à cons­truire », ajoute le SNPI.

"Modifié uni­la­té­ra­le­ment"

Le Comité d’entente des for­ma­tions infir­miè­res et cadres (Cefiec), qui siège dans le groupe réin­gé­nie­rie en tant que repré­sen­tant des ins­ti­tuts de for­ma­tion, a également rejeté le réfé­ren­tiel « modi­fié par la DHOS suite à une ren­contre avec l’Enseignement supé­rieur ».

Joëlle Kozlowski, vice-pré­si­dente char­gée de la for­ma­tion infir­mière au CEFIEC a ainsi demandé à Martine PEGUIN, repré­sen­tant le CEFIEC au groupe de vali­da­tion du 11 décem­bre « de ne pas vali­der cette ver­sion épurée qui ras­sem­blait les UE (unités d’ensei­gne­ment) par semes­tre », est-il pré­cisé sur le site Internet du Cefiec. « Nous nous retrou­vions avec des blocs sans liens pos­si­ble, nous per­dions tout l’inté­rêt pour les com­pé­ten­ces du maillage des savoirs et l’aspect pro­fes­sion­na­li­sant fort », écrit Joëlle Kozlowski.

Pour le SNPI, le fait que le docu­ment ait été « modi­fié uni­la­té­ra­le­ment par l’admi­nis­tra­tion » s’appa­rente à un « pas­sage en force » qua­li­fié d’ « inad­mis­si­ble ».

Nouveau pro­gramme en 2009

Ce réfé­ren­tiel doit servir de base au nou­veau pro­gramme de for­ma­tion des études infir­miè­res, rap­pelle-t-on. La minis­tre de la Santé Roselyne Bachelot a en effet promis la mise en place de la pre­mière année de la licence en soins infir­miers dès la ren­trée uni­ver­si­taire de sep­tem­bre 2009. L’actuel réfé­ren­tiel de for­ma­tion des IDE date de 1993, ce qui fait dire au SNPI que, dans la mesure où « un pro­gramme dure envi­ron 15 ans », il n’est « pas ques­tion d’accep­ter n’importe quoi, ni de rater la réforme LMD pour l’inté­gra­tion uni­ver­si­taire ».

Problème : si le prin­cipe d’une licence semble acquis, le gou­ver­ne­ment n’a tou­jours pas tran­ché offi­ciel­le­ment entre licence géné­rale et licence pro­fes­sion­nelle. Quand on sait que les tra­vaux doi­vent être ache­vés fin mars 2009, on com­prend que les orga­ni­sa­tions repré­sen­ta­ti­ves s’impa­tien­tent de ce silence. Le 5 décem­bre der­nier, un col­lec­tif d’une ving­taine d’orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les et pro­fes­sion­nel­les a d’ailleurs adressé une lettre ouverte à Mme Bachelot pour la sommer de faire enfin connaî­tre son arbi­trage... en vain à ce jour.

Déséquilibre

Tandis que l’immense majo­rité des orga­ni­sa­tions s’est pro­non­cée en faveur d’une licence géné­rale qui s’ins­crive dans un cursus uni­ver­si­taire euro­com­pa­ti­ble com­plet, jusqu’au doc­to­rat, le SNPI s’inquiète de cons­ta­ter que le réfé­ren­tiel pro­posé par la Dhos le 11 décem­bre « est inco­hé­rent et cons­truit dans la concep­tion d’une licence pro­fes­sion­nelle ». De même, le cour­rier à Mme Bachelot en date du 5 décem­bre esti­mait « for­te­ment dom­ma­gea­ble » le fait que « la Dhos, sous cou­vert de ces grou­pes, élabore un réfé­ren­tiel de for­ma­tion sur une logi­que contraire à la volonté d’inté­grer les for­ma­tions des pro­fes­sions de santé dans le sys­tème LMD ».

En ce qui concerne le contenu même du réfé­ren­tiel de for­ma­tion, force est de cons­ta­ter que les cré­dits ECTS , base du sys­tème uni­ver­si­taire euro­péen har­mo­nisé, sont « très mal répar­tis » comme le déplore le SNPI. Objet de tous les regrets, l’unité d’ensei­gne­ment 4, inti­tu­lée « Sciences et tech­ni­ques infir­miè­res », autre­ment dit le « cœur de métier ». Celle-ci se décom­pose en six ensei­gne­ments glo­ba­le­ment bien trop peu valo­ri­sés, selon le SNPI. Tandis qu’une licence tota­lise 180 ECTS, le réfé­ren­tiel de la Dhos n’en octroyait par exem­ple que 3 aux « soins rela­tion­nels », alors que « toutes les enquê­tes d’opi­nion mon­trent que c’est un élément pri­vi­lé­gié du soin pour les patients », observe le syn­di­cat, seu­le­ment 2 aux « soins éducatifs et pré­ven­tifs » et 2 petits cré­dits également pour les « soins pal­lia­tifs ».

Source :
http://www.espa­cein­fir­mier.com

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