Médicaments en rupture de stock : après le paracétamol, l’Amoxicilline

19 novembre 2022

Après le doli­prane, nous devons affron­ter la pénu­rie d’anti­bio­ti­ques ! La France doit pro­duire ses médi­ca­ments indis­pen­sa­bles pour pro­té­ger et soi­gner sa popu­la­tion estime le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

La France était un pays à forte indus­­trie phar­­ma­­ceu­­ti­­que. Elle n’est plus en mesure, aujourd’hui, d’assu­­rer son auto suf­­fi­­sance. Il en est de même au niveau euro­­péen. En cause : la stra­­té­­gie finan­­cière des pro­­duc­­teurs orga­­ni­­sant la pénu­­rie par des flux de plus en plus tendus et choi­­sis­­sant le pays le moins cher en main d’œuvre et le moins rigou­­reux en termes de qua­­lité.

Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI cons­tate que depuis une dizaine d’années, des médi­ca­ments sont de plus en plus sou­­vent en rup­­ture de stock, comme le mon­­trent les aler­­tes de l’ANSM et les témoi­­gna­­ges qui nous vien­­nent des établissements.

Le gou­ver­ne­ment s’était engagé lors de la pre­mière vague Covid19 a pro­duire de nou­veau en France des médi­ca­ments comme le para­cé­ta­mol. Trois ans après nous ren­controns les mêmes ten­sions d’appro­vi­sion­ne­ment en prin­ci­pes actifs.

Pour les labo­ra­toi­res phar­ma­ceu­ti­ques, il est ten­tant de concen­trer leur acti­vité sur de nou­veaux pro­duits aux prix élevés – et donc à forte marge – et d’aban­don­ner l’exploi­ta­tion d’autres pro­duits moins ren­ta­bles. Une large étude effec­tuée confirme que les médi­ca­ments anciens sont les plus affec­tées par les pénu­ries :
https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32139487/

Entre 2012 et 2018, 3530 pro­duits phar­ma­ceu­ti­ques ont été signa­lés comme étant en pénu­rie, dont 1833 sub­stan­ces acti­ves dif­fé­ren­tes. Les médi­ca­ments en pénu­rie étaient prin­ci­pa­le­ment des pro­duits anciens (63,4 %) . Les anti-infec­tieux à usage sys­té­mi­que se clas­saient au pre­mier rang (18 %), suivis des médi­ca­ments pour le sys­tème ner­veux et car­dio­vas­cu­laire et des anti­néo­pla­si­ques et immu­no­mo­du­la­teurs (17,4 %, 12,5 % et 10,4 %, res­pec­ti­ve­ment). Le nombre de pénu­ries signa­lées a qua­dru­plé entre 2012 et 2018 et une forte aug­men­ta­tion en 2017 et 2018, ainsi qu’une aug­men­ta­tion du nombre de sub­stan­ces acti­ves en pénu­rie.

Les pénu­ries de médi­ca­ments sont de plus en plus fré­quen­tes en France. Les mesu­res pré­ven­ti­ves devraient cibler spé­ci­fi­que­ment les pro­duits les plus en cas de pénu­rie, en par­ti­cu­lier les médi­ca­ments anciens, les médi­ca­ments injec­ta­bles, anti-infec­tieux, les médi­ca­ments pour le sys­tème ner­veux et le sys­tème car­dio­vas­cu­laire ainsi que les agents anti­néo­pla­si­ques et immu­no­mo­du­la­teurs.

Le décret n° 2021-349 ins­tau­rant l’obli­ga­tion pour les entre­pri­ses phar­ma­ceu­ti­ques de cons­ti­tuer un stock de sécu­rité pour tous les médi­ca­ments des­ti­nés au marché natio­nal est entré en vigueur le 1er sep­tem­bre 2021. Ce décret montre son inef­fi­ca­cité, alors qu’il pré­voit notam­ment l’élaboration par les indus­triels de plans de ges­tion des pénu­ries (PGP) pour pré­ve­nir les rup­tu­res de stocks et, en cas de dif­fi­cultés d’appro­vi­sion­ne­ment, d’appor­ter des solu­tions pour assu­rer la conti­nuité des trai­te­ments pour les patients concer­nés.

L’ANSM recense les médi­ca­ments d’inté­rêt thé­ra­peu­ti­que majeur (MITM) fai­sant actuel­le­ment l’objet de dif­fi­cultés d’appro­vi­sion­ne­ment et pour les­quels il n’y a pas ou pas suf­fi­sam­ment d’alter­na­tive thé­ra­peu­ti­que dis­po­ni­ble sur le marché fran­çais :
https://ansm.sante.fr/dis­po­ni­bi­li­tes-des-pro­duits-de-sante/medi­ca­ments

L’amoxi­cil­line, seule ou en asso­cia­tion à l’acide cla­vu­la­ni­que, fait l’objet de fortes ten­sions d’appro­vi­sion­ne­ment en France. Les formes de ces anti­bio­ti­ques les plus impac­tées sont prin­ci­pa­le­ment les sus­pen­sions buva­bles en flacon, qui sont majo­ri­tai­re­ment pres­cri­tes en ville chez les enfants.

Dans ce contexte, la pres­crip­tion comme l’uti­li­sa­tion à bon escient de ces anti­bio­ti­ques sont essen­tiel­les. Nous rap­pe­lons que les anti­bio­ti­ques n’ont aucune effi­ca­cité contre les infec­tions vira­les, dont les bron­chio­li­tes, la grippe, le Covid-19, les rhi­no­pha­ryn­gi­tes et la grande majo­rité des angi­nes et des otites.

Si un anti­bio­ti­que est néces­saire, suivez les recom­man­da­tions de bonne pra­ti­que élaborées par la Haute Autorité de santé en consi­dé­rant ces adap­ta­tions :
Limitez à 5 jours la durée d’un trai­te­ment par anti­bio­ti­ques oraux dans la plu­part des patho­lo­gies infec­tieu­ses cou­ran­tes (angi­nes bac­té­rien­nes, otites, pneu­mo­nies…) ;

Recommandation ANSM
https://ansm.sante.fr/actua­li­tes/amoxi­cil­line-des-recom­man­da­tions-pour-contri­buer-a-garan­tir-la-cou­ver­ture-des-besoins-des-patients

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