Reconnaissance universitaire : hostilité du ministère ?
22 mai 2008
La F.N.I. reçue par les conseillers généraux des hôpitaux chargés du dossier LMD s’est vu répondre « il n’est pas judicieux d’intégrer les infirmières à l’université... » car une fois intelligentes... « les infirmières
libérales ne veulent plus faire de toilette » !
Communiqué de presse de la FNI (principal syndicat des infirmières libérales) le 22 avril 2008 :
La F.N.I. a été reçue par les conseillers généraux des
hôpitaux dans le cadre de la mission IGAS/ IGF/ IGAENR très attendue par le ministère de la
Santé et les professionnels. Si cette mission sur la LMD a rencontré depuis le début de l’année de nombreux
représentants, il a fallu à la F.N.I. plusieurs demandes d’audiences répétées pour avoir ce
privilège.
A la suite de ce rendez vous qui permis deux heures d’échanges, la F.N.I. fait les constats :
Que les infirmiers ne peuvent prétendre qu’à être reçus et entendus par leurs
« tuteurs » directs qui semblent savoir très bien ce qui est bon pour eux ! Malgré de
nombreuses demandes d’élargissement de l’audition, l’IGAS n’a pas été présente à ce
rendez-vous...
Que les conseillers généraux en charge de l’audition n’ont pas jugé utiles de transmettre
à la F.N.I. la lettre de mission initiale à l’origine de cette demande permettant ainsi toute
transparence des débats...
Que les conseillers généraux semblent totalement ignorer que la plupart des pays voisins
ont depuis quelques années mis en place une filière universitaire en soins infirmiers. La
Croatie dernier pays en date à monter son Université en sciences infirmières, va bientôt
donner des leçons à la France dont on vantait pourtant il y a quelques années la qualité de
la formation ... Il n’est pas jugé utile de suivre les autres pays dans ces réformes
pourtant indispensables à l’évolution de la profession d’infirmière et la sécurité des soins
pour des raisons qui dépassent largement l’intérêt de l’usager.
Que si les conseillers généraux jugent urgent « la prise en charge de la dépendance pour
régler des problèmes à domicile » pour l’un d’entre eux ... « il n’est pas judicieux
d’intégrer les infirmières à l’université... » car une fois intelligentes... « les infirmières
libérales ne veulent plus faire de toilette » !!! Nos confrères et consoeurs apprécieront la
qualité de ce diagnostic !!!
La F.N.I. a bien compris que les attentes des formateurs en soins infirmiers et des étudiants en
soins infirmiers restaient liés à des intérêts limités à leur champ d’intervention, même si ceux-ci
sont légitimes : intérêt de ne pas « bouger de leurs I.F.S.I. » pour les uns et de privilégier les
avancées sociales étudiantes toutes légitimes (bourse, CROUS) pour les autres...
Si ces avancées, pour ce qui concerne les étudiants, doivent se faire très rapidement pour des
raisons d’égalité de traitement, la F.N.I. sera vigilante à ce qu’elle ne se fasse pas au détriment
de l’évolution de la profession tout entière dans un « pseudo-consensus » qui consisterait pour les
I.F.S.I. (dont la F.N.E.S.I a souligné le manque de professionnalisme pour certains) à
conventionner avec l’Université pour le « niveau L » sans aucune perspective d’évolution au-delà
de Masters pluridisciplinaires « payants » dont on peine à voir aujourd’hui l’intérêt pour la qualité
des soins infirmiers.
La F.N.I. tient à rappeler qu’avec les médecins et les sages-femmes, les infirmiers sont les seuls
professionnels de santé à assurer une permanence des soins, de jour comme de nuit, nécessitant
à chaque prise en charge un raisonnement clinique élaboré et une compétence technique de plus
en plus pointue. Ni la vision passéiste du rôle et des missions de l’infirmier réduit à l’exécution
pour les uns, ni la vision comptable réduit à de nécessaires augmentations pour les autres, ni les
peurs de changer et de perdre des avantages acquis pour les derniers ne sont de nature
aujourd’hui à répondre à cet enjeu.
Dans le contexte actuel où la profession va devoir faire face à un besoin exponentiel de soins
infirmiers de qualité et répondre à une crise sans précédent de « vocation », il est urgent de
dépasser les vieux clichés concernant notre profession. Ces partis pris vont à contresens de
l’histoire et de la qualité des soins et ne permettent pas aux infirmiers de jouer pleinement le
rôle qui doit être le leur pour contribuer avec les autres professionnels de santé à assurer
sécurité, qualité, accessibilité et égalité devant les soins à tous nos concitoyens.
Pour connaitre la position du SNPI (qui ne fédère que des infirmières salariées) lire l’article